TRIBUNE LIBRE ET POINT DE VUE !
Au sujet du film « Sacré Cœur » et des articles de Jean Saunier et Jean-Loup Mordekhaï

Riposte Laïque a publié le 3 novembre 2025 deux articles concernant la problématique religieuse.
Celui intitulé « Notre véritable ennemi est le mondialisme » de Jean Saunier est écrit par un catholique.
Celui intitulé « Le nombre fait-il la vérité ? » est écrit par un juif.
Mes lecteurs habituels savent que je suis en partie d’origine juive et en partie d’origine catholique et que je ne veux renier aucune de mes deux racines.
Bien sûr, on peut me répliquer que si je peux avoir une double nationalité, je ne peux certainement pas avoir une double confession.
Je n’en disconviens pas.
Il serait absurde et insensé d’aller prier à la synagogue le samedi, puis d’aller à la messe le dimanche.
Mais si l’on ne peut suivre qu’un seul rituel religieux, on peut recevoir l’enseignement de différentes sources, comparer les unes aux autres et, bien sûr, apprécier la beauté des œuvres d’art réalisées pour le compte de différentes confessions.
Je ne cache pas que si je me sens plus proche du judaïsme que du christianisme, je me sens beaucoup plus proche du christianisme que de l’islam.
Je ne me lasse pas de répéter que l’islam m’apparaît moins comme une religion, au sens d’un effort de se rapprocher de la cause première de notre être, que comme un effort de domination universelle.
Cependant que tous les héritiers de la Bible, juifs aussi bien que chrétiens, attendent avec impatience le moment où les épées seront transformées en charrues (Ésaïe 2,4), le Coran impose à ses fidèles l’obligation de mener le djihad, la guerre sainte, jusqu’à ce que toute l’humanité soit soumise aux musulmans.
J’ai donc été peiné en lisant l’article de Jean Saunier qui, même s’il n’aime manifestement pas les musulmans, semble aimer encore moins les juifs.
Il écrit : « La Synagogue de Satan utilise toutes les formes de religion pour abattre la Religion avec un R majuscule, celle du Dieu de la Bible.
Elle utilise l’islam, mais aussi le protestantisme, le bouddhisme, le Zen…
Seul le catholicisme détient la Parole du Dieu de la Bible.
C’est pourquoi la Synagogue de Satan s’acharne contre le catholicisme, contre la France, la fille aînée de l’Église.
Quand la France sera abattue, tout le reste suivra et s’écroulera comme un château de cartes. »
Déjà l’expression « la Synagogue de Satan » est révélatrice.
Tout le monde sait qu’une synagogue est un lieu de prière juif.
Dans l’Apocalypse 2, 9 on peut lire : « Les calomnies de ceux qui se disent juifs et ne le sont pas, mais qui sont une synagogue de Satan ».
À l’époque de la rédaction du livre d’Apocalypse (dit aussi de Révélation), les premiers chrétiens étaient encore en grande partie d’origine juive.
Et manifestement, ils déniaient la qualité de juifs à ceux qui, contrairement à eux, ne reconnaissaient pas en Jésus de Nazareth le messie, attendu avec tant d’impatience, par l’ensemble de leur nation.
Jean Saunier écrit plus loin : « Les souverains européens se sont unis à maintes reprises pour refouler et chasser les envahisseurs musulmans ».
Est-ce son patriotisme qui l’empêche de mentionner que la France était alliée du califat ottoman au moment où celui-ci assiégeait Vienne, défendue par le duc de Lorraine et le roi de Pologne ?
A-t-il du mal à accepter l’idée que la France a cessé d’être « la fille aînée de l’Église » bien longtemps avant la Troisième République et même avant 1789 ?
Saunier préfère nous rappeler que « pour Will Durant, philosophe et historien américain (1885-1981), l’islam serait une entreprise juive.
Mohamed aurait reçu ses enseignements d’un rabbin, il aurait été plus ou moins converti au judaïsme ».
J’ajouterais que Durant n’est pas le seul à penser ainsi.
Édouard Gallez, un prêtre catholique français contemporain, se prononce dans le même sens dans son livre Le messie et son prophète.
On a le sentiment qu’aux yeux de certains chrétiens, les musulmans ne sont que des anciens sujets de notre empire colonial qu’on peut toujours considérer comme négligeables.
Par contre, les juifs, un peuple qui se prétend élu et qui réellement est brillant, ils ne peuvent vraiment pas les supporter.
Tout en se présentant comme un catholique convaincu, Saunier désigne le mondialisme comme le pire des maux.
Il ne semble pas se soucier du fait que le mot catholique signifie universel, universaliste.
Les mots universaliste et mondialiste ne sont-ils pas, dans une large mesure, synonymes ?
Et il n’hésite pas à écrire : « Même les Le Pen, Bardella, Villiers, Zemmour sont plus ou moins liés au système mondialiste, par certains aspects ».
De l’article de Jean-Loup Mordekhaï se dégage un tout autre esprit.
Il rappelle que le judaïsme reconnaît la valeur de toute personne juste, indépendamment de son origine ou de sa confession.
Les Juifs n’importunent pas les fidèles d’autres religions en essayant de les convertir à la leur.
Et dans la mesure, où j’ai souffert surtout de l’oppression des communistes, j’apprécie beaucoup qu’il range le communisme aux côtés d’autres doctrines négatives.
Dans le titre du présent texte, je mentionne aussi le film Sacré Cœur.
Je suis allé le voir, parce que j’avais lu dans Riposte catholique un article intitulé Ne participons pas, à travers ce film, à renforcer le lien entre l’extrême droite et le catholicisme.
Il dénonçait le fait que le film aurait été réalisé grâce à l’aide de Vincent Bolloré, de JDD, CNews, CS, France Catholique.
En regardant ce film, j’avais vraiment du mal à comprendre ce qu’on pouvait lui reprocher.
Il présente la vie d’une religieuse du XVIIe siècle, Marguerite-Marie Alacoque, qui avait des visions du sacré cœur de Jésus.
Le tout accompagné par les commentaires de prêtres contemporains.
Était-ce le fait que ces prêtres portaient de tenues traditionnelles, avec un col blanc ?
Le seul passage qui pouvait avoir une signification politique était celui qui montrait un soldat offrant, pendant la Première Guerre mondiale, à son aumônier un drapeau tricolore, portant au milieu une broderie représentant le Sacré Cœur.
Pour certains, aimer son pays et vouloir le défendre serait donc quelque chose de condamnable.
Dans le film, il y avait encore un autre passage auquel on pourrait prêter, à la limite, une signification politique.
On y voit des chrétiens du Costa Rica qui chantent paisiblement à la gloire du Sacré Cœur, à une époque où l’Amérique centrale était déchirée par un conflit opposant l’extrême gauche à ses adversaires.
Il se trouve que j’ai été un témoin de ce conflit.
En 1983, cependant que la guerre froide entre le monde communiste et le monde libre était encore loin d’être gagnée par ce dernier, j’ai accepté une invitation d’une organisation mondiale, appelée Causa International, de participer à un séjour au Guatemala, Honduras, Salvador et Costa Rica.
Nous avons notamment pu rencontrer et interviewer des combattants Contras qui luttaient contre le régime d’extrême gauche au Nicaragua et qui se repliaient sur le territoire de Honduras.
Il y avait avec nous aussi un Israélien qui me disait : « Là où les Américains ne veulent pas aller eux-mêmes, ils nous envoient ».
À l’époque, le régime sandiniste de Nicaragua était fortement soutenu par la Libye du colonel Kadhafi.
On nous organisait aussi des séminaires.
Je me souviens qu’on nous disait que l’Église catholique est actuellement très divisée.
De notre côté se trouve notamment le mouvement Opus Dei, fondé entre les deux guerres mondiales par le prêtre catholique espagnol José Maria Escrivá de Balaguer.
Par contre, les jésuites seraient souvent proches de la Théologie de libération d’extrême gauche.
Je pense que quelles que soient nos croyances personnelles, nous devons tenir compte du fait que chaque religion est non seulement une tentative de se rapprocher de la cause première de notre existence, mais aussi un phénomène social majeur qui structure les mentalités, le droit, l’éthique, les rapports sociaux.
Je mentionne plus haut mes deux racines, en précisant que je me sens plus proche du judaïsme que du christianisme.
Que mes lecteurs chrétiens me pardonnent si je dis que c’est entre autres raisons parce que je trouve plus de cohérence dans le judaïsme.
Bien sûr, surtout dans judaïsme tel qu’il est vécu en Israël.
Les Juifs qui vivent dispersés dans le galouth se trouvent dans une situation anormale, je dirais même pathogène.
Ils ont du mal à accorder leur attachement au Dieu d’Israël et à l’État d’Israël avec leur attachement pour la nation au sein de laquelle ils vivent.
Je dirais qu’il existe une certaine gradation dans notre façon d’investir affectivement ce que les psychanalystes appellent les objets externes.
On aime d’abord sa mère et seulement après aussi son père.
Ensuite les autres membres de la famille, puis ceux de la famille élargie, puis du clan, de la tribu, de la nation et enfin de l’humanité, puis tous les êtres vivants, voire tout ce qui existe.
Quelqu’un a écrit récemment sur notre site que le judaïsme était une religion tribale, tandis que le christianisme était une religion universelle.
Comme s’il n’était pas naturel d’aimer les membres de sa tribu davantage que les membres d’autres tribus, d’ailleurs souvent hostiles à la nôtre.
Dans l’esprit d’un Juif croyant, le Dieu d’Israël est à la fois le totem de sa tribu et le créateur et le roi de l’univers.
Par contre, ceux qui se veulent être Français et catholiques pour toujours peuvent se trouver mal à l’aise, lorsque les intérêts de leur religion et les intérêts de leur nation ne coïncident pas.
L’histoire prouve que de telles situations peuvent se produire. Marguerite-Marie Alacoque a vécu à l’époque de Louis XIV.
Ce grand roi a d’un côté révoqué l’Édit de Nantes et persécuté les jansénistes, mais d’un autre côté il soutenait le califat ottoman qui était pour lui d’abord un ennemi des Habsbourg.
Lorsque l’ambassadeur ottoman débarqua à Marseille, on ordonna de voiler les croix sur toutes les églises de la ville, par respect de ses sentiments religieux musulmans.
D’une manière plus générale, l’on peut dire que ceux des catholiques qui sont opposés à l’évolution de leur Église depuis le concile de Vatican II devraient au moins se poser la question de savoir si cette évolution n’est pas conforme à l’enseignement du Nouveau Testament.
Par exemple à ce qui est écrit dans Luc 18, 24-25 ou dans Galates 3, 28-29.
Longtemps, le catholicisme s’est confondu avec le conservatisme social.
Mais pas toujours.
Par exemple, en Irlande sous la domination anglaise, beaucoup de catholiques sympathisaient avec les révolutionnaires français, même avec les Jacobins.
Les conservateurs percevaient les Juifs comme des tenants du judéo-bolchevisme.
Mais Karl Marx était le fils des Juifs convertis au christianisme.
Et comme il n’avait ni le courage de revenir à la foi de ses ancêtres, ni la capacité d’accepter réellement le christianisme, il a inventé quelque chose comme une troisième religion, le marxisme, une véritable contrefaçon du messianisme juif.
D’ailleurs, il a écrit : « Il faut libérer les Juifs du judaïsme et l’humanité des Juifs ».
Les Juifs ont dû payer très cher pour les agissements de ce renégat et de ceux qui l’ont suivi.
Le judaïsme se représente l’Éternel comme un père sévère qui punit durement les péchés de ses enfants.
Les rabbins enseignent que Nabuchodonosor qui a détruit le premier Temple de Jérusalem était un instrument de la colère divine.
S’ils ne disent pas la même chose au sujet de celui qui a organisé la Shoah au XXe siècle, c’est par égard à la douleur des survivants et de leurs proches.
Mais on peut se poser la question de savoir si c’était une simple coïncidence si la Shoah a frappé surtout les Juifs européens en voie d’assimilation et a épargné les Sépharades, restés bien plus pratiquants.
Grâce à Dieu, beaucoup de malentendus commencent à se dissiper.
Le marxisme a déçu beaucoup de monde.
Le wokisme représente peut-être sa dernière forme.
Mais c’est une vision du monde tellement en contradiction avec l’ordre naturel qu’elle ne peut pas avoir un grand avenir.
Par contre, l’islam a probablement encore un grand avenir devant lui.
Les humains peuvent difficilement vivre sans un certain ordre que la religion assure.
Et l’islam, religion des peuples du tiers-monde, bénéficie du préjugé favorable de ceux que leurs racines chrétiennes prédisposent à se sentir coupables d’être, ou d’avoir été, riches et puissants.
Dans Le Figaro du 5 novembre 2025, un ancien ministre de l’Éducation nationale a écrit que la civilisation française est menacée.
Tous ceux auxquels sa survie n’est pas indifférente doivent avant tout être solidaires les uns des autres.
Évitons de nous culpabiliser réciproquement, de nous faire des reproches pour les fautes anciennes.
Sur le plan spirituel, recherchons l’unité de tous les héritiers de la Bible, juifs aussi bien que chrétiens – catholiques, protestants, orthodoxes.
Sans exclure, naturellement, ceux qui se contentent de penser qu’ils vivent dans un monde qu’ils ne comprennent pas, qu’ils ne peuvent pas comprendre.
Sur le plan charnel, admettons que la France est la mère patrie aussi bien du roi Clovis que de Maximilien Robespierre, de Napoléon Bonaparte que de l’actuel chef d’État – même si ce dernier fait évidemment une piètre figure par rapport au grand Corse.
Nous devons tous faire un bloc uni, sans failles, face à nos ennemis, les envahisseurs islamistes et à leurs collaborateurs, les traîtres gauchistes.
Par Dr. Martin Janecek
Source et Publication : https://ripostelaique.com/au-sujet-du-film-sacre-coeur-
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire