jeudi 16 octobre 2025

DES AGRICULTEURS ACCUSÉS DE " VOL EN RÉUNION " ! ILS SONT AUJOUR' HUI DEVANT LA JUSTICE !

 

[INFO BV] 

 

« Nous sommes accusés de vol en réunion pour avoir interverti des panneaux ! »

Un agriculteur accusé de "vol en réunion" pour avoir changé un panneau de commune ! 
Il est aujourd'hui devant la Justice
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Le 16 octobre 2025, au tribunal de Cusset (à proximité de Vichy, dans l’Allier), trois agriculteurs seront jugés pour vol en réunion et risquent jusqu'à cinq ans de prison.
 

 L’un d’eux, Sylvain Gondat, éleveur de bœuf charolais de 49 ans à Molles et vice-président de la Coordination rurale de l’Allier, a accepté d’expliquer cette affaire pour les lecteurs de BV.

 

Étienne Lombard. 

Vous allez comparaître, ainsi que deux autres agriculteurs, pour vol en réunion, un an après les faits.

 Pouvez-vous nous raconter ce qui s’est passé, ce jour-là ?

Sylvain Gondat. Le 30 octobre 2024, j'avais été convié par des membres du syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA) de l’Allier à venir leur prêter main-forte pour des opérations de déplacement de panneaux d'entrée d'agglomération, comme cela se faisait dans quasiment tous les départements. 

Il ne s’agissait plus, comme l’année précédente, de retourner les panneaux mais d’intervertir ceux de deux communes.

Ce panneau de La Palisse avait été échangé avec celui de la commune de Bost. Photo Sylvain Gondat.

 

Donc, le soir, je me suis rendu au lieu de rendez-vous à Lapalisse (à 20 kilomètres au nord-est de Vichy), où j'ai retrouvé notamment le président de la Coordination rurale (CR) de l’Allier, François Walraet, d’autres agriculteurs de la CR, mais aussi des JA. 

Il y avait trois voitures, avec un parcours pour chacune.

 Avec mon groupe, nous nous sommes rendus à l'entrée de Lapalisse pour échanger les panneaux avec d’autres que j’avais récupérés sur la commune de Bost.

Alors que le groupe changeait un panneau, arrivée des gendarmes

Et c’est au moment où nous les mettions en place qu’une voiture de la gendarmerie s’est arrêtée, gyrophare allumé. Un gendarme en est sorti - comme un pion débarquant dans un internat où des gamins font le chahut.

 Il nous a interrogés sur ce qu'on faisait.

 Je lui ai demandé s'il était content de la situation en France et si on devait s'en contenter sans rien dire. 

Après quoi, il a procédé à un contrôle d'identité de tous les membres de notre groupe.

 Puis il nous a demandé de remettre en place le panneau de Lapalisse qui était dans le coffre de ma voiture. 

Ce que j'ai refusé de faire.

 La voiture d'un autre groupe s'est arrêtée et un collègue de la FNSEA a téléphoné au chef de la gendarmerie de la ville pour essayer d'arranger les choses

. Quelques secondes plus tard, le téléphone du gendarme a sonné, celui-ci a mis fin au contrôle et nous sommes partis vers la commune suivante pour y installer le panneau de Lapalisse.

 

E.L. Comment avez-vous appris que des suites judiciaires allaient être données à cette affaire ?

S. G. François Walraet a eu quelques visites des gendarmes, lui expliquant que les choses allaient peut-être aller plus loin.

 Le capitaine de gendarmerie de Vichy l’aurait aussi informé que le gendarme qui nous a contrôlés a fait remonter un signalement au procureur de la République sans en référer à sa hiérarchie. 

C'est le procureur de la République qui aurait décidé de pousser les investigations et de faire en sorte que nous soyons entendus.

 Et c'est lui qui aurait, ensuite, décidé de nous poursuivre en Justice. 

Il y aurait eu, paraît-il une plainte, déposée par le garde champêtre de Lapalisse, mais elle n'apparaît pas au dossier et aurait été retirée.

 Et il n’y a pas eu de plainte de la mairie.

Une simple opération de communication syndicale devient un vol en réunion

Quoi qu’il en soit, en mars ou avril 2025, François Walraet, Baptiste Roux (des JA à Arronnes) et moi-même avons été convoqués à la gendarmerie pour être entendus sur les faits. 

Et nous nous retrouverons donc au tribunal de Cusset pour une audience fixée à 13h45, ce jeudi 16 octobre.

 Nous sommes tous les trois poursuivis pour vol en réunion.

 Comme mes deux infortunés camarades, je n’ai pas nié les faits mais j'ai réfuté l’accusation de vol.

 Par ailleurs, je suis pour ma part poursuivi, aussi, pour avoir partiellement refusé l'identification judiciaire.

 En fait, j'ai refusé de donner mes empreintes et de me faire prendre en photo.

 Cependant, j'ai accepté de donner mes empreintes génétiques pour montrer que j'étais de bonne foi et que je n'avais rien à me reprocher. 

J’ai expliqué que mon refus était une question de principe, et cela a été mentionné dans le procès-verbal.

 

E. L. Vous allez être jugé dans la seule juridiction saisie pour ces histoires de panneaux, alors qu’ils ont été déplacés sur la plupart des 36.000 communes de France. 

À la veille de l’audience, comment l’expliquez-vous et quel regard portez-vous sur cette affaire ?

S. G. Concernant l’accusation de vol, la CR n’a pour l’instant pas publié de communiqué et attend que l’audience soit passée, car les JA veulent, semble-t-il, rester discrets sur cette affaire. 

Mais il faut quand même voir qu’aucun panneau n’a disparu.

 Il n’y a donc pas eu soustraction d’un bien, mais seulement déplacement lors de l’échange.

 Par ailleurs, il n’y a manifestement pas eu, non plus, intention.

 Nous avons reconnu les faits et clairement expliqué pourquoi cette action syndicale a été menée. 

Je précise, d’ailleurs, que notre collègue des JA qui est convoqué avec nous était venu à l’opération en famille, avec son épouse et ses enfants, comme quoi ce n'était pas vraiment une expédition de malfaiteurs.

 L’intention était d'alerter les pouvoirs publics et les Français sur une situation grave. Il y a donc là un dévoiement complet des faits.

Fichage des syndicalistes ?

Sylvain Gondat, ici avec ses vaches sur son exploitation, risque jusqu'à 5 ans de prison. 

Photo Sylvain Gondat.

Concernant mon refus de l'identification judiciaire, celle-ci est, d’ordinaire, justifiée par les besoins de l’enquête.

 Or, il n’y a pas eu, le jour des faits, de prélèvements d’empreintes sur les lieux. 

Alors, pourquoi ordonner, plusieurs mois plus tard, une identification judiciaire ? 

Pour vérifier quoi ? C’est cela, qui est inadmissible. 

Et faute d’autres raisons valables, je vois là une volonté, de la part de la puissance publique, de ficher les emmerdeurs.

 Si j’ai refusé l’identification, c’est que, par principe, je refuse qu'on utilise cet article de loi pour ficher les syndicalistes.

 

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Etienne Lombard
Journaliste

 

Source :   https://www.bvoltaire.fr/





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