TRIBUNE LIBRE !
[Point de vue]
Est-ce raciste de contester le choix d’Aya Nakamura ?
La tournure prise par la polémique Aya Nakamura confirme la façon dont notre société, aujourd'hui, se rabat sur le raccourci malodorant du racisme pour évacuer les situations les plus ordinaires, quitte à paraître ridicule.
Un Noir a de mauvaises notes à l'école, ses professeurs sont racistes.
Un Noir refuse de faire des démarches actives de recherche d'emploi et se contente des aides sociales, mais si la CAF lui coupe cette ressource, il va hurler au racisme, alors que cette situation s'inscrit dans les droits et devoirs des allocataires.
Un Noir n'est pas accueilli aux urgences d'un hôpital de Saint-Denis (93), il est victime de racisme, alors que nos hôpitaux rencontrent des problèmes structurels liés aux moyens humains et matériels, situations qui impactent toutes les populations du pays, quelle que soit leur couleur - bref, tout est bon pour dérouler la complainte victimaire.
Il faut dire que notre président de la République a le chic pour alimenter des polémiques abracadabrantesques, comme s'il était constamment en quête de buzz pour masquer les mauvais résultats de l'exécutif et les successions d'échecs comme celui du Salon de l'agriculture.
Sinon, comment comprendre qu'il se soit immiscé dans cette affaire qui a fuité ?
On savait Emmanuel Macron omniscient, mais de là à en faire un directeur artistique, on n'était pas prêt.
Aya Nakamura chantera lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques 2024 à Paris mais, cerise sur le gâteau, elle interprétera une œuvre d'Édith Piaf.
Tout part de là et le buzz est lancé, la Toile s'affole autour d'une raison principale : l'artiste, certes meilleure vendeuse musicale et bonne chanteuse en studio, ne serait pas du tout à la hauteur lors de prestations en live.
Il s'agissait donc bien d'un débat sur l'aptitude à faire de la vocalise jusqu'à ce que, comme d'habitude, les élus de La France insoumise fassent irruption et dénoncent, bille en tête, le racisme contre la chanteuse.
Avons-nous encore le droit de nous interroger sur la compétence d'un « racisé » sans être accusé de racisme ?
C'est cette question que nous avons été plusieurs, sur les réseaux sociaux, à poser au député Antoine Léaument, tout en lui rappelant qu'Édith Piaf avait elle-même des ascendances étrangères, sans que personne n'en parle.
Allez demander à Amel Bent si Aya Nakamura, qui avait repris sa chanson Ma philosophie devant celle-ci, sur le plateau de TF1, il y a quelques années, chante bien ?
En outre, il faut rappeler que la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques se tient en extérieur devant au moins 326.000 spectateurs, sachant que Aya Nakamura a toujours refusé de se produire au Stade de France (80.000 places), prétextant que la configuration du lieu n'était pas adaptée à ses prestations.
C'est vrai que lorsqu'on est un très bon musicien de studio, on évite d'affronter les espaces ouverts.
Le public de la Martinique qui est allé voir un concert de l'artiste au stade de Fort-de-France (13.000 places) s'en souvient encore.
On va éviter de parler de la consistance des textes de l'artiste, puisque les choix musicaux de chacun d'entre nous relèvent d'une démarche personnelle, mais il faut reconnaître que ses chansons plaisent, elle a son public et nous applaudissons la fidélité de ses fans.
Mais aligner des couplets en surexploitant l'affrication ne peut pas permettre de reprendre facilement du Piaf, quand on sait les enchaînements et autres trémolos de la Môme roulant les R à la Titi.
Imaginons Aya Nakamura reprendre La Foule : le carnage...
Mais, bon sang ! Si tant est qu'il fallait forcément trouver un artiste originaire de la diversité pour la cérémonie d'ouverture des JO Paris 2024, des chanteurs qui savent chanter, des musiciens qui connaissent la musique, il en existe tellement...
Et pour rester dans le registre musical apprécié par les jeunes, on peut, par exemple, citer Soprano, DJ Snake et, dans d'autres styles, la violoncelliste Astrig Siranossian ou encore le trompettiste Ibrahim Maalouf.
Personne ne peut contester le fait que ces artistes excellent dans leur art et, surtout, ils ont déjà fait leur preuve dans des prestations du même format que celui attendu le vendredi 26 juillet 2024 à Paris.
Enfin, il est bien de rappeler à ceux qui voient le racisme partout que le chorégraphe chargé de la création de la danse des Jeux olympiques s'appelle Mourad Merzouki.
Qui a, ici, contesté le choix d'un artiste originaire de la diversité ?
Personne !
Peut-être, aussi, faudrait-il qu'Emmanuel Macron se pose des questions sur les raisons de cette polémique ; son implication dans le choix d'Aya Nakamura n'a pas plu à beaucoup.
C'est de ça que l'on devrait parler au lieu de déblatérer sur un racisme qui n'existe pas dans cette histoire.
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