Depuis l’attaque à Moscou qui a fait plus de 130 morts, dont plusieurs enfants, la France est placée en alerte attentat.

 Les terroristes, originaires du Tadjikistan, appartiendraient au groupe Khorosan, branche afghane de l'État islamique.

Une hypothèse qui n'arrange ni Vladimir, ni Emmanuel...

L’hypothèse « État islamique », on le sait, n’arrange pas Vladimir Poutine, et c’est précisément parce qu’elle ne l’arrange pas que celui-ci y voit un piège fomenté par la main de l’Ukraine ou de ses alliés : cet attentat oblige celui qui promettait de poursuivre les terroristes « jusque dans les chiottes » à de dures représailles. 

Vladimir Poutine est au mieux avec le monde islamique depuis qu’il est devenu le héraut et le héros du « Sud global », pourfendant un Occident décadent et oppresseur aux valeurs dévoyées : on se souvient du forum de Kazan, l’an passé

Ces nouveaux alliés, autour de l’arc russo-iranien, lui permettent par ailleurs de trouver des débouchés économiques de substitution pour compenser l’embargo lié à la guerre en Ukraine. 

Il ne veut pas être acculé - alors que les vieilles plaies de Tchétchénie, d'Afghanistan et de Syrie se referment à peine - à une répression susceptible de mettre à mal ce rapprochement.

Mais cette hypothèse n’arrange pas tellement, non plus, Emmanuel Macron : cet attentat oblige à retrouver la tête froide et le sens des priorités. 

Si la France est en alerte quand la Russie est frappée, c’est qu’ils ont un ennemi commun. 

S’ils ont un ennemi commun, c’est qu’ils ont un point commun.

 Et ce point commun, c’est une civilisation commune, dont « la nature, comme l'écrivait Malraux, s’agrège autour d’une religion ».

 Le communiqué de revendication de l’État islamique l’affirme : l’attaque visait « un grand rassemblement de chrétiens ».

 Une guerre entre l’Europe et la Russie ne ferait, en somme, que mâcher le boulot de l’État islamique. 

Cela fait réfléchir les Français, qui n’étaient déjà pas très chauds.

Pour un terroriste islamiste, on vaut moins par ce que l’on fait que par ce que l’on est : un fan des Eagles of Death Metal au Bataclan vaut un père Hamel.

 Une famille juive orthodoxe à Itamar vaut une famille juive dans le kibboutz progressiste de Beeri.

 Et un Emmanuel vaut un Vladimir : l’un porte le nom du Christ, l’autre celui du grand-prince devenu, par son baptême, le saint patron de la Russie.

 Autant dire bonnet blanc et blanc bonnet.

Désescalade ?

Emmanuel Macron l'a annoncé ce lundi, Khorosan « avait conduit ces derniers mois plusieurs tentatives sur le sol français »

Le Président a ajouté avoir proposé à la Russie « une coopération accrue » en matière de terrorisme.

On peut y voir le verre à moitié plein, un signe rassurant de désescalade : difficile de coopérer tout en se tapant dessus.

 Ou le verre à moitié vide, une situation migratoire hors de contrôle : après l’assassin tchétchène de Samuel Paty et celui, ingouche, de Dominique Bernard, voici les terroristes du Khorosan, nom médiéval de l'Afghanistan, quand il comprenait aussi un bout du Turkménistan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan. 

En 2021, lors de la prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans, était-il responsable de croire sur parole « gentil », et donc éligible à l’asile, tout Afghan en désaccord avec les « méchants » talibans sans imaginer une seconde dans notre naïveté amnésique - comme si on avait oublié la Syrie et le Bataclan - que certains terroristes se serviraient de cet accueil imprudent comme d’un cheval de Troie ? 

Ou, comme le disait, ce lundi, l’ancien haut fonctionnaire spécialiste du terrorisme Pierre Conesa, sur CNews : « Notre politique du droit d’asile ne mériterait-elle pas d’être revue en fonction de la dangerosité de ces populations ? »

Et pour revenir à la Russie, comment convaincre les Français de défendre farouchement, à 1.500 km, au prix peut-être de la vie de leurs soldats, des frontières dont on ne semble faire aucun cas ici, les laissant ouvertes à tout vent ?