Article mis à jour à 19h le 29/03/2024.

« Ils étaient venus pour en découdre ».

 Jeudi 27 mars, en fin d’après-midi, des étudiants, membres de l’UNI Grenoble, syndicat étudiant de droite, ont été violemment pris à parti par une horde de militants d’extrême gauche venus pour empêcher la tenue de leur réunion. 

 Au milieu des coups et des insultes, l’un des militants de l’UNI s’effondre. 

Amené rapidement aux urgences, on lui diagnostique une commotion cérébrale et trois jours d’incapacité totale de travail (ITT). 

 Samuel Sakpa, responsable adjoint de l’UNI Grenoble, présent lors de l’agression, témoigne auprès de BV.

Un manque de sécurité

Ce jeudi 27 mars, à 17h30, l’UNI Grenoble, dans le cadre de son projet de professionnalisation des étudiants, prévoyait d’organiser dans les locaux de l’université une conférence sur le métier d’avocat, animée par maitre Rajon, conseil des proches de la petite Maëlys et des victimes de l’attentat de Nice. «  

Cette conférence était prévue depuis le 6 février, date à laquelle nous avons envoyé une demande d’autorisation à l’université qui a été acceptée », précise Samuel Sakpa. 

Annoncé sur les réseaux sociaux un mois plus tard, l’évènement ne passe pas inaperçu auprès de certains groupes malveillants. 

Avec un tract, sur lequel apparaissent les logos de UNEF (syndicat étudiant classé à gauche), l’Union étudiante (autre syndicat proche de l’UNEF), les Jeunes Communistes, les Jeunes Insoumis et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), l’extrême gauche grenobloise appelle à « s’opposer à la conférence organisée par l’UNI, soutien de Zemmour et Le Pen, raciste, sexiste, LGBTphobe ». 

Ils se donnent rendez-vous devant l'université à 17 heures, pour mettre « l’extrême droite hors de nos facs ».

Bien que conscient de la menace qui pèse sur l’évènement, l’UNI Grenoble décide malgré tout de maintenir la conférence, utile pour de nombreux étudiants en pleine orientation. 

« L’université de Grenoble avait assuré qu’elle ferait en sorte d’assurer la sécurité », justifie Samuel Sakpa. 

En effet, dans un mail que BV a pu consulter, l’administration de l’université promet de « prendre toute mesure nécessaire pour prévenir tout trouble à l’ordre public ».

Sécurité défaillante

Le soir de la conférence, l’un des membres de la direction aurait d’ailleurs été présent aux abords de l’amphithéâtre en question, assure l’UNI. Malgré cette promesse, les choses dégénèrent rapidement. 

La salle où s’étaient réunis les invités de l’UNI est prise d’assaut par des militants d’extrême gauche. 

« On n’a même pas pu commencer la conférence », s’exaspère Samuel Sakpa au lendemain de l’agression que ses militants et lui-même ont subi. 

S’ensuivent des invectives, des insultes et même des coups. 

« Je me suis pris un coup, rapport l'étudiant. L’un de nos militants a lui-aussi pris un coup au genou. Il s’est effondré en sang ». 

Aux urgences, on découvre qu’il « souffre aussi d’une commotion cérébrale », détaille le responsable de l’antenne de Grenoble.

 « Les médecins lui prescrivent trois jours d’ITT » ajoute-t-il. Il a depuis déposé plainte.

« Ils étaient soixante, nous étions seulement trente.

 Certains parmi eux n’étaient même pas des étudiants. 

Nous n’avons pas eu d’autre choix que d’annuler la conférence et de renvoyer nos militants chez eux », réagit Samuel Sakpa.

 Le jeune homme, élu au Conseil d’administration de la faculté de droit de Grenoble, dénonce par ailleurs l'immobilisme de l’université. 

« L’université m’avait promis de prendre "toute mesure nécessaire". On était très loin de ce qui était prévu. Aucune mesure n’a été prise. 

Je suis allé voir un membre de la direction qui était présent pour lui demander de faire intervenir la police et il m’a répondu qu’on n’appelle pas les forces de l’ordre pour n’importe quel motif », relate Samuel Sakpa. 

Contactés pour vérifier cette version, les services de l’université de Grenoble n’ont pas répondu à BV.

 

Une toute-puissance de l'extrême gauche

Cette agression est loin d’être la première pour les militants de l’UNI Grenoble. 

« L’an dernier déjà, nous avions organisé une conférence sur le métier d’élu local et à cause des menaces nous avions dû l’annuler », rappelle Samuel Sakpa.

 À cela s’ajoutent les tags hostiles. 

En février, sur les murs du campus était ainsi inscrit : « Facho nazi, luttons contre l’UNI. Sauve ta fac, mange un faf (facho, NDLR) ». 

L’an dernier, Samuel Sakpa ainsi que le responsable de l’UNI, Yvenn Le Coz, avaient vu leurs noms écrits sur les murs de la bibliothèque, accolés à des menaces de mort

« L’université de Grenoble est clairement ancrée à gauche, décrit avec lassitude Samuel Sakpa

Encore récemment, pendant les élections étudiantes, il y a toujours des antifas qui nous suivent… ». 

Cette nouvelle agression, si « elle a pu en décourager certains, a surtout permis à la majorité de retrouver un sens à leur engagement. 

On se bat pour la liberté d’association, la liberté d’étudier et la liberté d’expression, conclut-il. 

On ne peut pas laisser passer ».

Après avoir publié sur les réseaux sociaux des brèves images de leur agression, les militants de l’UNI Grenoble ont reçu le soutien de nombreux responsables politiques de droite dont François-Xavier Bellamy (LR), Guilhem Carayon (LR), Jordan Bardella (RN) ou encore Stanislas Rigault (Reconquête).

 

Mise à jour : l’université de Grenoble, dans un communiqué, « condamne avec la plus grande fermeté les agissements intolérables ayant eu lieu au sein de l’établissement ». 

Et ajoute : « Compte tenu de la dégradation de la situation et des gestes de violence physique, la direction de l’UGA a été dans l’obligation de solliciter le concours de la force publique.

 Les manifestants s'étant retirés à l'extérieur du bâtiment, l'intervention des forces de police a été suspendue et il a été constaté que les participants à la conférence et le conférencier avaient parallèlement quitté les lieux. 

Après s’être assurée de l’état de santé de l’étudiant, l’UGA a procédé aux constatations en vue d'un dépôt de plainte pour dégradation. »