Vers une nouvelle crise des agriculteurs ? 

Alors que les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne se réunissent, mardi 26 mars, pour examiner une révision de la politique agricole commune (PAC), la colère du monde agricole ne faiblit pas.

C’est dans la froide et brumeuse matinée de mardi que les agriculteurs du syndicat wallon Fugea et la coordination agricole alternative internationale Via Campesina ce sont positionnés au pied du Parlement européen de Bruxelles pour protester contre des propositions jugées « insuffisantes » et revendiquer la fin des « accords de libre-échange » et « l’arrêt définitif des négociations de l’accord UE-Mercosur » dans un communiqué.

 

Vers une révision de la PAC

Interrogé par Boulevard Voltaire, Jean-Lin Lacapelle, député européen Rassemblement national (groupe Identité & Démocratie), qui était aux côtés des agriculteurs mécontents dans la matinée du 26 mars, s’offusque que des mesures concrètes pour les agriculteurs n’aient pas été prises.  

« Les agriculteurs sont en colère parce qu’ils sont méprisés, s’insurge l’élu.

 Rien de factuel n’a été obtenu malgré les promesses des technocrates. »

 

En révisant le Pacte vert, jugé trop strict par de nombreux agriculteurs, la chose était pourtant bien partie. 

Mais pas pour Jean-Lin Lacapelle, qui estime que cette révision est « pathétique », trop « provisoire » et ne « résout rien à long terme ».

 Pour l’élu européen, il faut avant tout changer la législation et faciliter l’exécution des normes imposées par Bruxelles.  

« Les agriculteurs passent une journée entière sur une semaine à s’occuper de l’administratif. C’est aberrant ! » s’indigne-t-il.

Cela fait bien longtemps que le monde agricole est en crise. 

« Tous les deux jours et demi, un agriculteur se suicide, déplore le député. C’est un véritable drame. » Bien que le gouvernement français ait multiplié les annonces pour calmer la colère des agriculteurs, rien n’y fait. 

« Emmanuel Macron et le gouvernement qui n’ont que mots et promesses à la bouche devraient entendre ces cris d’alerte ! » martèle l’élu européen.

 

« Ces accords de libre-échange, c’est la mort de l’agriculture française »

La PAC n’est pas le seul objet des contestations paysannes. 

Les accords de libre-échange signés à tour de bras par l’Union européenne sont eux aussi très décriés. 

Signataire de plus d’une quarantaine d’accords commerciaux, l’UE a une balance commerciale déficitaire de 500 millions d’euros

« Ces accords de libre-échange, c’est la mort de l’agriculture française, tonne Jean-Lin Lacapelle. L’accord entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande représente 10.000 tonnes de viande bovine et 38.000 tonnes de viande ovine importées, tout ça sans compter les autres accords !

 En tout, c’est 80 % des assiettes de nos cantines qui contiennent de la viande importée. »

Quelle solution mettre en œuvre ? Les syndicats d’agriculteurs ont bien des propositions.

 En France, la Coordination rurale propose « de sortir les produits agricoles » des accords de libre-échange en reconnaissant « l’exception agriculturelle […] tant au niveau européen qu’international ». Une proposition que loue l’eurodéputé RN qui considère qu’« il est tout à fait normal que des ponts commerciaux soient bâtis entre les États. 

Mais lorsque l’on a des filières stratégiques, comme c’est le cas en France, on doit pourvoir les défendre avec, par exemple, la mise en place de droits de douane. » 

 Une décision que les céréaliers français demandent depuis longtemps pour ce qui est des importations des céréales d’Ukraine.  

« Ce que nous voulons, au RN, c’est préserver l’exception agriculturale française. Il n’y a pas de France sans paysan », conclut l’élu.

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