vendredi 29 mars 2024

LA CHRONIQUE HEBDOMADAIRE DE DOMINIQUE JAMET !

 


 LU, VU ET ENTENDU !

Dominique Jamet : Vous avez dit « extrême » ?


Par Dominique Jamet.

 

COMMENTAIRE – Intéressant article dans le cadre de la chronique hebdomadaire de Dominique Jamet dans Boulevard Voltaire. du 22 mars. 

Il s’y risque à donner une définition de l’extrémisme, ce qui n’est pas si simple, et y réussit plutôt bien. 

Il se laisse aller aux facilités des symétries utiles au propos mais fausses tout de même. 

 Par exemple entre le Front National de Jean-Marie Le Pen, patriote et visionnaire sur bien des points essentiels aujourd’hui, et le PCF alors inféodé à l’étranger, et dont le déclin suivit inexorablement la chute de ses maîtres et bailleurs de fonds, alors que le courant national animé, jadis, par Le Pen est devenu le 1er parti de France.

 Parti, tout de même, d’ailleurs, pour nous dont l’horizon n’est pas le Système des partis mais son contraire. 

Article utile cependant pour ce qu’il dit ou redit d’Emmanuel Macron, pris globalement, radicalement, et qui est désormais ressenti, connu et honni par une large partie du peuple français.

 Question plus essentielle : quel est donc ce régime politique qui permet à un Emmanuel Macron quelconque de prendre la tête d’un aussi grand, vieux et merveilleux Pays que la France ?

Intervenant à la mi-mandat du Président en exercice, offrant donc aux citoyens, chose rare, l’occasion de s’exprimer et constituant de ce seul fait une épreuve de vérité pour le chef de l’État, les élections européennes restaient-elles bien fixées comme prévu depuis cinq ans à la date du 9 juin 2024 ? 

On pouvait en douter, tant Emmanuel Macron a tenu à afficher au-delà de toute vraisemblance décontraction, désinvolture et désintérêt à l’égard de la consultation à venir. 

Volant de rencontres internationales en escales dans des bistrots improbables au cœur de coins perdus, alternant oraisons funèbres dans la cour des Invalides et cérémonies commémoratives sur le seuil du Panthéon, accaparé par la mise au point d’un texte urgentissime sur l’aide à mourir, le patron de la majorité relative tardait à donner à ses fidèles le signal de l’entrée en campagne, tout comme il avait tardé, deux mois plus tôt, à compléter le gouvernement de son jeune poulain et la stalle de Renaissance restait vide à l’écurie alors que toutes les têtes de liste concurrentes étaient déjà désignées et piaffaient d’impatience dans leur box.

Ce n’était reculer que pour mieux sauter et le monde étonné découvrait enfin la semaine dernière, simultanément, le nom, le visage, le choix de l’inconnue qui portera la casaque présidentielle dans la compétition et l’enjeu capital de la consultation du 9 juin.

 Rien de moins que la défense de la République contre l’éternel ennemi, ressurgi des années les plus sombres et du ventre de la bête immonde, toujours fécond, lui, en dépit de la crise démographique.

 En clair, contre les deux listes, l’une d’extrême droite, l’autre d’extrême gauche, qui menaçaient de subvertir l’élection et, pour commencer, d’infliger à Renaissance, donc à la démocratie, une raclée sans précédent depuis les années noires. 

Il n’en fallait pas moins pour que le Président, à peine il avait descendu à ski les pistes de la Mongie, remontât à Roncevaux pour y emboucher l’olifant et appeler au rassemblement de tous les preux et de tous les pairs (et mères).

 La patrie était en danger. 

Au péril de l’extrême.   Diable !

Si le Président lui-même le dit… 

La surprise passée, la moindre prudence, la moindre sagesse nous imposent de chercher à savoir sur quelle réalité et sur quelle analyse le chef de l’État, gardien de la Constitution et garant attitré de nos libertés, se fonde pour sonner le tocsin. 

Où sont, que sont, que font, que trament les extrémistes qui se préparent dans l’ombre à assassiner la République ?

 

Dans un pays convenablement gouverné…

L’extrémisme, les extrémistes, l’Histoire depuis le plus lointain passé jusqu’à l’époque contemporaine nous en offre à foison les exemples et les exploits.

 L’extrémiste, c’est le partisan d’une doctrine qui pousse jusqu’à la limite, voire au-delà de toute limite intellectuellement raisonnable et humainement admissible, les suites et les conséquences de son adhésion. 

Ce peut être le chrétien qui passe de l’Évangile à l’Inquisition et de la foi au fanatisme. Cela s’est vu. 

Ou le musulman converti au salafisme, qui verse dans l’intégrisme, le terrorisme et le djihadisme. 

Cela se voit tous les jours. Avons-nous affaire à un phénomène de ce genre et à sa généralisation, comme le donne à croire M. Macron, pour faire peur et tirer profit de cette peur ?

Dans un pays convenablement gouverné, dans un pays en accord avec lui-même, les chances de l’extrémisme sont minces, pour ne pas dire inexistantes. 

Prenons l’exemple, qui sera un jour un classique, de la France sous Georges Pompidou.

 Le jeu des institutions, le développement de l’économie, l’équilibre nécessaire entre l’ordre et la démocratie y fonctionnaient à la satisfaction de la grande majorité. 

Après avoir apporté la stabilité, la Ve République apportait la prospérité et quelque chose qui ressemblait au bonheur.

 Dans un tel climat, les extrémismes de tout bord étaient voués à la minorité, à la marginalité, à l’impuissance.

 Fondé, comme on nous le serine ces derniers temps, par des nostalgiques de Vichy et des activistes de l’Algérie française, le moins que l’on puisse dire est que le Front national de Jean-Marie Le Pen n’était en phase ni avec le présent ni avec l’avenir.

 De son côté, le Parti communiste entamait le lent et irrésistible déclin qui l’a mené de 25 % à 3 % des électeurs, tant la distance entre son discours messianique et la faillite du modèle bolchevique, matérialisée par la dislocation du bloc de l’Est, puis de l’Union soviétique, apparaissait aux yeux de tous et rendait la vue aux aveugles les plus endurcis.

Dont fait partie aujourd’hui M. Macron.

 Il semble échapper au chef de l’État que ce n’est pas être extrémiste que de constater et de déplorer le déclin de la France, le Grand Remplacement, le grand déclassement, le grand abaissement, et que ce diagnostic est hélas partagé par plus de la moitié des Français, ni extrémistes, ni manipulés, mais lucides. 

Si le Président disposait du petit miroir magique que consulte, dans le conte de Grimm, la méchante belle-mère de Blanche-Neige, il en apprendrait qu’il ne doit pas chercher l’explication de ses déboires et de la défaite qui se profile à l’horizon dans on ne sait quel complot, quelle manœuvre d’organisations subversives, mais dans l’inexorable montée générale de la déception, de la colère, de l’inquiétude, que suivra très logiquement la condamnation, mûrement réfléchie, et légalement, régulièrement, pacifiquement prononcée dans les urnes par une majorité d’électeurs, de sa personne, de sa politique, de son bilan.   

 

Par Dominique Jamet     https://www.jesuisfrancais.blog/2024/03/29/




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