C’est
le candidat sur lequel pas grand monde n’aurait misé. Raphaël
Glucksmann, déjà tête de liste aux européennes de 2019 avec son
mouvement Place publique aux côtés du Parti socialiste est reparti dans l’arène électorale et il progresse !
Dans une élection que la majorité macroniste a entendu transformer en
duel entre le Rassemblement National censé être « pro Russie » et
Renaissance censé être « pro Ukraine », la majorité présidentielle voit
son plan battre de l’aile. Sa candidate propulsée en première ligne
n’est pas à la hauteur. Valérie Hayer s’exprime mal, semble hésitante et
peine à mobiliser son propre camp si l’on tient compte des réunions
publiques organisées. Des défauts qui étaient déjà ceux de la précédente
tête de liste Nathalie Loiseau qui, en dépit d’une campagne
calamiteuse, avait obtenu plus de 22 % des suffrages, talonnant le RN et
obtenant autant d’élus que la liste du candidat Bardella.
Cinq ans plus tard, la nouvelle tête d’affiche macroniste pourrait ne
pas avoir la même chance. L’usure de sept années de présidence Macron
est passée par là et surtout un candidat de centre gauche vient la
talonner.
Une place à prendre
Crédité de 13 points dans les sondages, Raphaël Glucksman est en
progression depuis un mois de 3 à 4 % selon les différentes études
d’opinion envisagées. Pourtant pas une bête de scène ni un ténor des
plateaux, il « fait le boulot » là où d’autres candidats sont
transparents à l’image de la caricaturale tête de liste écologiste Marie
Toussaint. Les Insoumis quant à eux peinent à décoller avec la
candidate Manon Aubry déjà en lice il y a cinq ans. Les équipes de
Jean-Luc Mélenchon devraient progresser un peu et se situer autour des 8
points dans un scrutin qui ne leur réussit pas vraiment. Pas fameux
mais toujours mieux que les écologistes qui avaient dépassé les 13 % en
2019 et pourraient se trouver sous la barre des 7 points pour ce
scrutin !
C’est de ce côté que la candidature Glucksmann pourrait avoir démarré
son ascension sondagière, en obtenant les intentions de votes
écologistes à un électorat que l’on a privé de tête d’affiche connue
après le départ d’Yves Jadot pour le Sénat. La majorité macroniste peut
s’inquiéter de cette progression car si Glucksmann peut débaucher les
électeurs d’EELV, il peut aussi déplumer la majorité. La candidate
macroniste le dit elle-même, le socialiste et la majorité votent « 90 % de textes ensemble ».
Déloger le camp présidentiel de la deuxième place ?
Les électeurs macronistes issus de la gauche pourraient être rassurés
par le profil atlantiste et « propret » du candidat. Volontiers véhément
contre Jean-Luc Mélenchon sur la question ukrainienne, il est un
partisan d’une ligne dure contre la Russie et se montre très complaisant
à l’endroit de la politique de Tel Aviv. Dès lors, le camp présidentiel
qui a placé le débat des européennes sur le terrain international lui
donne un angle de tir parfait, d’autant qu’il peut aller plus loin
qu’Emmanuel Macron en la matière et cela pour deux raisons. D’abord,
Raphaël Glucksmann est intrinsèquement attaché à une ligne
pro-américaine à tel point que ses détracteurs en font parfois même un
agent de la CIA. Par ailleurs, n’étant pas au pouvoir, il peut pratiquer
l’outrance sans engager sa responsabilité là où le président et ses
équipes ont des limites. À 18 points dans les sondages, les Macronistes
demeurent largement devant mais peuvent perdre pied surtout si le
candidat des socialistes se montre habile dans les débats. Il faut par
ailleurs tenir compte du maillage territorial du parti socialiste qui
dispose de la moitié des régions.
Raphaël Glucksmann pourrait ainsi être la surprise de ce scrutin et
indirectement favoriser le RN (probablement surcoté dans les études
d’opinion) qui verrait l’écart le séparant du second s’amplifier à
mesure que la liste PS s’approche de celle de la majorité…
Par Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique
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