POLITIQUE !
RN “d’extrême droite”, LFI et NPA “de gauche”: ainsi en a décidé Darmanin
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- Arnaud Florac
- 20 juin 2024
- Articles, COUP DE GRIFFE, Politique
- Darmanin, LegislativesAnticipées
Gerald Darmanin, lors d'une récente interview, a décidé de distinguer trois « fronts »: un front « insoumis », qu'il a bien garde (et il a, en la circonstance, raison) de ne pas appeler « populaire »; un front « national », qui, avec un admirable sens du jeu de mots, que n'aurait pas renié Jean-Marie Le Pen lui-même (96 ans aujourd'hui !), regroupe le RN et les alliés venu des LR ; enfin, un front « républicain », évidemment, celui des macronistes, qui ne saurait être autre chose que le camp de la raison.
On pourrait donc croire que l'idée est de renvoyer les extrêmes dos-à-dos, c'est-à-dire de les mettre sur un pied d'égalité.
D'un côté l'extrême-gauche, de l'autre l'extrême-droite, au milieu le camp de la raison - le “cercle” de la raison, pour reprendre la formule d’Alain Minc.
Outre le fait que ce ne serait pas tout à fait exact, ce n'est surtout pas le choix qu'ont fait les services du ministère.
On ne se sort pas comme ça de soixante ans de magistère moral de la gauche.
En effet, Le Figaro révèle que, dans l'étiquetage des listes fait par le ministère de l'intérieur, le RN et les ciottistes sont « d'extrême droite », tandis que le « nouveau front populaire », lui, est « de gauche ».
Il n'y aurait donc rien d'extrême dans cette alliance de la carpe trotskiste et du lapin islamophile, dans cette créature de Frankenstein politique dont le programme seul (Georges Michel en a parlé ici), sans même parler de ses membres, donne des frissons?
Mélenchon, un homme tout en mesure?
Extrémistes, les Horaces, ces hauts fonctionnaires qui travaillent pour Marine le Pen ?
Pas extrémiste,
Philippe Poutou, qui applaudit quand on tire au mortier sur des flics?
Extrémiste, Jordan Bardella qui veut dissoudre le GUD ? Pas extrémiste, Amal Bentounsi, qui défend l'homophobie islamiste et a créé une association anti-police ?
Extrémistes, les députés RN exemplaires, qui font parfaitement leur travail ?
Pas extrémiste, la suppléante d’Eric Coquerel, qui demandait en 2019 que « la France et les Français aillent niquer leurs mères » ?
Extrémiste, Éric Ciotti ?
Pas extrémiste, Jean-Luc Mélenchon ?
On voit bien que rien de tout cela ne tient.
Il ne s'agit pas tant d'un étiquetage en bonne et due forme que d'une stigmatisation volontaire.
Il n'est pas certain que cela suffise, tant les électeurs en ont assez qu'on leur crache dessus.
Mais bon, on essaie.
La jurisprudence du Conseil d'Etat
On essaie même depuis longtemps, puisque, dès mars 2024, un arrêt du Conseil d'État, sollicité par le RN, avait statué sur la parfaite validité de cette dénomination, sans arguments véritables d'ailleurs (on peut lire en ligne le texte de cet arrêt, qui est un modèle de style administratif et de mauvaise foi filandreuse).
Dans un pays dont les médias de service public viennent de signer une tribune anti-RN et dont les juges ont un « mur des cons », on sait bien que le devoir de réserve des fonctionnaires est une illusion, mais tout de même…
Le RN est donc officiellement, et une nouvelle fois, comptabilisé comme d’extrême droite, tandis que les antisémites, les wokistes furieux, les islamistes à peine déguisés, les écolos totalitaires (bref, une réunion irréconciliable des opinions les plus extrêmes), passent tranquillement la barre de la respectabilité républicaine.
On voudrait énerver les Français qu'on ne s'y prendrait pas autrement…
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