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La gauche à 29 %, Mélenchon vocifère et veut Matignon : attention, danger !

mélenchon

Au secours, la gauche revient !

 Les sondages qui se succèdent quotidiennement, s'ils accordent toujours la première place au RN et à ses alliés - autour de 35 % -, enregistrent aussi une poussée du Nouveau Front populaire. 

Ainsi, selon un sondage Ipsos pour Radio France et Le Parisien publié ce samedi 22 juin, l'alliance de gauche est donnée à 29,5 %, un score jamais atteint depuis le début de la campagne ! 

Il n'en fallait pas plus pour que Jean-Luc Mélenchon réapparaisse dans un de ces numéros inquiétants dont il a le secret. 

Invité sur le plateau de C l’hebdo, sur France 5, il a multiplié les déclarations outrancières tout en se présentant en victime.

 

Ignoble sur Klarsfeld et ignominie sur Courbevoie

Protestant - sans argument véritable - contre les accusations de complaisance sur l'antisémitisme de plusieurs leaders LFI depuis le 7 octobre, 

Mélenchon s'est montré particulièrement virulent contre Serge Klarsfeld, qui a annoncé la semaine dernière qu'il voterait RN contre un candidat de la gauche : « Serge Klarsfeld que j'admirais, je ne l'admire plus », a-t-il déclaré, ajoutant : « Il ne doit pas parler comme ça, compte tenu de l’autorité morale qu’il a, il ne doit pas s’engager dans l’élection contre le Nouveau Front populaire ou contre les Insoumis parce qu’il va faire des dégâts considérables. » 

 Pour Mélenchon, les engagements de la société civile, ça n'est valable que quand c'est dirigé contre le RN.

Mais l'autre dossier brûlant du moment, c'est le viol à caractère antisémite commis à Courbevoie contre une jeune fille juive de douze ans.

 Confirmant que, pour lui, l'antisémitisme était visiblement « résiduel », y compris dans cette affaire, il a cherché des explications du côté de l'éducation des garçons, du masculinisme, manifestant sa compassion pour les parents des coupables comme de la victime. 

Une rhétorique scandaleuse immédiatement dénoncée par Gabrielle Cluzel sur CNews.

« Fake news » sur le RN

Il n'a rien trouvé de mieux que de rejeter l'accusation d'antisémitisme sur le RN en citant ce candidat désinvesti précipitamment alors que tout montre, depuis trois jours, que Joseph Martin a été la victime d'une cabale de la gauche.

 Pour Mélenchon, tout mensonge est bon à prendre quand il s'agit de noircir l'adversaire.

 

Prise en otage de la gauche et haro sur Roussel et Glucksmann

Mais les détestations de Mélenchon s'étendent aussi à ceux qui, au sein même de son cartel, ont l'outrecuidance de ne pas l'adouber pour Matignon, qu'il envisage pour lui « bien évidemment »

Il a, ainsi, eu des mots très durs pour le communiste Fabien Roussel et pour Glucksmann qui avait assuré que Jean-Luc Mélenchon ne pourrait pas s'installer à Matignon : « Il ne faut pas parler comme ça trop vite. On va discuter », a-t-il cinglé en sa direction. 

Ruffin, aussi, a eu droit à son coup de griffe.

 En fait, la stratégie de Mélenchon ne comporte aucun flou et le loup y est bien visible, mordant de tous côtés.

 Les Français ne s'y trompent pas qui estiment, à 79 %, que Mélenchon est un handicap pour la gauche, selon un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro.

Avec cette dangereuse remontée d'une gauche de la pire espèce, soit extrémiste, soit complaisante, on comprend le sens du message posté dans la soirée par Jordan Bardella.

Frédéric Sirgant
Par Frédéric Sirgant 
 
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

 ET AUSSI

Sursaut ou chaos : la bardellisation comme remède à la bordélisation ?

Capture d'écran X
Capture d'écran X

« Le choix est clair, aujourd’hui : c’est le sursaut ou le chaos. » 

Cette petite phrase a été prononcée par Jordan Bardella dans l’entretien qu’il a accordé, ce dimanche 23 juin, au JDD

Ce n’est pas la première fois qu’il en use : « Le 9 juin, c’est un choix entre le sursaut et le chaos : nous sommes la seule liste capable d’infliger une défaite à Emmanuel Macron et capable d’organiser l’alternance », déclarait-il, il y a quelques semaines, dans le Var, pour enjoindre à voter aux européennes.  

« Face aux narco-trafics, il y a deux chemins : le sursaut ou le chaos », martelait-il encore, le 30 mai dernier, sur le plateau de CNews, lors du débat entre les principales têtes de liste des européennes.

Le sursaut ou le chaos : la formule - qui est aussi le titre d’un livre de Thibault de Montbrial paru chez Plon en 2015 - claque et fait mouche comme une belle phrase choc. 

Surtout, elle est une appropriation, à front renversé, de l’essentiel argument de campagne d’Emmanuel Macron, ces dernières années : « Moi ou le chaos.

 » Sauf qu’il y avait une erreur sur deux petites lettres, mais qui font tout, une confusion sur la conjonction de coordination : entre émeutes, narco-trafics, insécurité endémique, immigration hors de contrôle, terrorisme, effondrement économique… ce fut lui ET le chaos.

Comme un boomerang, Jordan Bardella détourne la proposition et la renvoie à l'expéditeur en miroir.

 Les rôles sont désormais inversés.

Bommerang 

Ce n’est pas la première fois, du reste, que Jordan Bardella reprend à son compte des éléments de langage attribués à Emmanuel Macron, comme l’a noté Quotidien en mai dernier, à plusieurs reprises et de façon trop appuyée pour que ce ne soit pas prémédité : « Vous n’êtes pas la candidate de l’esprit de finesse, ce soir », a-t-il lancé à Valérie Hayer. « Vous n’êtes en tout cas pas la candidate de l’esprit de finesse », avait lâché Emmanuel Macron à Marine Le Pen, pendant le débat en 2017. 

 Jordan Bardella reprend, pour les retourner comme une chaussette, les accusations d’« impréparation » ou de ventriloquie. 

Marine Le Pen dit volontiers que la politique est comme le judo : il faut savoir utiliser la force de l’adversaire pour le déséquilibrer. 

Jordan Bardella a visiblement compris cinq sur cinq la leçon de son mentor et lave en même temps son honneur. Emmanuel (le bien nommé) Macron, c’était le verbe.

 Aujourd’hui, son verbe devient son adversaire.

 

Trois France, trois drapeaux 

Philippe de Villers distingue trois France : la France de l’ubérisation, la France de la créolisation, la France de la tradition.

 Et Michel Onfray trois drapeaux - européen, palestinien, français -, que l'on pourrait qualifier peu ou prou d'étendards respectifs de ces trois France. 

Emmanuel Macron a porté la première, avec le succès que l’on sait. Dans les urnes, restent aujourd’hui, en proportions presque comparables, les deux autres, dans un face-à-face - selon l’expression de Gérard Collomb - que certains résument d’une voyelle : la bardellisation contre la bordélisation. 

Ou bien par le sursaut plutôt que le chaos. Le chaos est déjà là. 

Et le sursaut promis par Bardella ressemble à un saut (dans le vide), tant il y a d’inconnues dans l'équation, de verrous difficiles à quantifier pour le « jour d’après ».

 Mais quand la maison brûle, vaut-il mieux rester paralysé sous les poutres embrasées qui s’effondrent ou tenter de sauter par la fenêtre, quitte à se fouler la cheville ?

 Un nombre croissant de Français semblent avoir tranché.

 
Gabrielle Cluzel
Par Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste 
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