jeudi 30 octobre 2025

LA LETTRE D' INFOS DE L' OBSERVATOIRE DE L' IMMIGRATION ET DE LA DÉMOGRAPHIE ........

 

Lettre d’information n°85
du mardi 28 octobre 
2025

L’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID) est une structure d’étude et d’information relative aux évolutions démographiques et migratoires, destinée aux décideurs ainsi qu’à l’ensemble des citoyens intéressés par ces sujets.

Nous apportons une vision rationnelle et dépassionnée au débat public, en puisant aux meilleures sources disponibles : statistiques publiques, travaux de chercheurs spécialisés, analyses juridiques.

Votre point d’information
sur l’immigration et la démographie

  • La « transplantation culturelle » | Comment l'immigration change l'économie et la société françaises : découvrez l'étude inédite de l'OID sur les travaux de Garett Jones
  • Coût des accords franco-algériens : 2 milliards d'euros par an | Retrouvez les éclairages de l'OID sur le rapport d'évaluation présenté par le député Charles Rodwell
  • Nombre de clandestins en France | Après les déclarations du ministre de l'Intérieur : quels sont les faits ?

 La « transplantation culturelle » | Comment l'immigration change l'économie et la société françaises : découvrez l'étude inédite de l'OID
Jeudi 23 octobre, l'Observatoire de l'Immigration et de la Démographie a mis en ligne une nouvelle étude cherchant à appréhender les effets de l'immigration sur la société et l'économie françaises à moyen et long termes. 

Pour ce faire, l'OID a mis en œuvre la grille d'analyse de l'économiste américain Garett Jones, professeur à la George Mason University et auteur de The Culture Transplant (Stanford University Press, 2022). 
À l'occasion de sa visite à Paris, Garett Jones a accordé un entretien au Figaro, son premier dans un quotidien français.
Cliquez pour accéder à l'entretien :
Le professeur Jones démontre que, loin de se départir de leur culture en arrivant dans leurs pays d'accueil, les immigrés conservent largement les préférences et les traits culturels de leurs pays d'origine et les transmettent assez largement, plusieurs générations après leur arrivée.
La convergence vers la société d'accueil s'accompagne d'un déplacement progressif des valeurs des natifs vers celles des nouveaux arrivants.
 Les immigrés et leurs descendants sont, certes, façonnés en partie par leur pays d’arrivée ; mais ils le changent aussi en retour.

Dans cette étude de l'OID, les principaux pays des étrangers bénéficiant des titres de séjour en France sont évalués à l'aune de plusieurs indicateurs relatifs à la culture d'origine : indice de confiance sociale, respect des droits des femmes et des minorités sexuelles, indice de corruption perçue, etc.

Il s'avère que sur chacun de ces critères, les pays d'accueil principaux se situent en-dessous des standards français. 

En particulier : la part des nouveaux immigrés venant de pays à faible niveau de développement humain (éducation, santé, revenus) est trois fois plus élevée en France que la moyenne de l'Union européenne.
L'Afghanistan figure désormais parmi les principaux pays dont les ressortissants ont des titres de séjour en France.
 Il se classe au dernier rang mondial du respect des droits des femmes et des personnes LGBT.

Or, comme démontré par Garett Jones et les autres chercheurs étudiés (Alberto Alesina, Samuel Bazzi et Martin Fiszbein ....) : les normes relatives à la morale sexuelle font partie des plus persistantes à travers les générations. 
Par ailleurs, les niveaux de corruption perçue dans les pays d'origine sont significativement moins bons qu'en France. 
Or, tout comme la confiance sociale (elle aussi plus faible dans ces pays) : l’absence de corruption est un prérequis à la croissance et à l'existence d'un système redistributif large.

Face à l’ensemble de ces constats, un arbitrage semble nécessaire entre la poursuite de l’immigration sous sa forme actuelle, d’une part ; et le maintien de l’État-Providence et des valeurs libérales qui caractérisent la société française, d’autre part.
Cliquez pour consulter l'étude intégrale sur le site de l'OID :
Étude OID | « La "transplantation culturelle" de l'immigration en France : essai d'application des thèses de Garett Jones »

Coût des accords franco-algériens : 2 milliards d'euros par an | 
 Retrouvez les éclairages de l'OID sur le rapport d'évaluation inédit
Un rapport d’information du député Charles Rodwell, déposé le mercredi 15 octobre devant la commission des finances de l'Assemblée nationale, évalue le coût de l’accord franco-algérien de 1968 et des textes qui lui sont associés à 2 milliards € / an, en ce qu'il favorise une « immigration importante, familiale, relativement éloignée du marché du travail et globalement moins bien intégrée ».

Il s'agit là d'une estimation prudente, compte tenu du manque de transparence dans le partage des données de certaines administrations, relevé par le rapporteur.
 Cet accord, qui régit de manière exclusive les conditions d'accueil et de séjour des Algériens en France, s'écarte du droit commun en matière d’immigration et de protection sociale, et « prive le législateur et le gouvernement français de la possibilité d’agir significativement sur les flux en provenance de l’Algérie ».

Cela signifie que les Algériens, qui forment la première nationalité bénéficiaire des titres de séjour en France (649 991 titres en cours de validité au 31 décembre dernier), ne se voient pas appliquer une large part des textes relatifs au contrôle de l'immigration.
À elle seule, la France a accordé les deux tiers des nouveaux titres de séjour octroyés aux Algériens dans l’ensemble de l’UE en 2023. 
 
Cet accord facilite l’entrée des Algériens sur le territoire, avec par exemple des conditions assouplies en matière d’attribution des titres de séjour pour les conjoints de Français ou dans le cadre du regroupement familial.
 
L’immigration familiale représente plus de la moitié (54,6%) des nouveaux titres de séjour délivrés à des ressortissants algériens en 2024 : « une des caractéristiques majeures de l’immigration algérienne, dont l’origine peut être directement liée à l’accord de 1968 ».

Ainsi, les titres de séjour accordés à des Algériens sont en moyenne deux fois plus liés à des motifs familiaux et deux fois moins à des motifs économiques que la moyenne de l'immigration légale.
Par ailleurs, la jurisprudence estime que l’administration ne peut jamais retirer un titre de séjour à un ressortissant algérien dès lors que cette possibilité n’est pas explicitement prévue dans l’accord (que ce soit pour condamnation pénale, polygamie…)
 
Or, les Algériens constituaient la première nationalité étrangère écrouée en France en 2024 (20,8% du total des étrangers), soit une hausse de 117% en 10 ans. 
 La population d'Algériens écroués a augmenté 9 fois plus vite que celle des Français et trois fois plus que la moyenne des étrangers.
Les Algériens sont également la nationalité la plus interpellée en situation irrégulière (33 754 interpellations en 2024) et dans les centres de rétention administrative (48% des admis en 2024).

Cependant, les relations avec les autorités algériennes sont une source de blocage pour l’éloignement de ces clandestins : seuls 3,2% des OQTF les concernant ont conduit à un éloignement forcé durant les 4 premiers mois de l’année 2025.
En matière de prestations sociales, la jurisprudence dispense les ressortissants algériens de l’obligation de détenir un titre de séjour autorisant à travailler depuis 5 ans pour percevoir le RSA, et de 10 ans pour toucher l’ASPA (« minimum vieillesse »).
Or, comme la Caisse nationale algérienne des retraites refuse de verser la pension des personnes ayant cotisé en Algérie avant d'arriver en France, celles-ci se trouvent régulièrement privées de ressources et se tournent donc vers l’ASPA, versée par la France.
 
49% des immigrés algériens vivent dans un ménage en logement social, tout comme 44% des descendants d’immigrés algériens (2ème génération), selon les plus récentes données de l'INSEE (2019-2020). 
 
Les ressortissants algériens sont près de 40% à n'être ni en emploi, ni en études, ni à la retraite – un taux trois fois plus élevé que les Français.
Découvrez l'étude de l'OID sur l'immigration algérienne en France :
Étude OID | « L'immigration des Algériens »

Nombre de clandestins en France | Après les déclarations du ministre de l'Intérieur : quels sont les faits ?

Au fil de deux entretiens télévisés successifs, le nouveau ministre de l'Intérieur Laurent Nunez a semblé avancer deux nombres contradictoires concernant le volume estimé de personnes en situation irrégulière sur le territoire français.

Ayant évoqué d'abord un étiage compris entre 200 000 et 300 000 personnes, le ministre a ensuite, dans une interview donnée à CNews, mentionné le nombre de 700 000 individus.
L'usage pour quantifier la présence clandestine est de se fonder sur le nombre de personnes inscrites à l'Aide Médicale de l'Etat (AME), un dispositif visant à assurer la prise en charge des soins des personnes en situation irrégulière.

Le nombre de bénéficiaires est généralement multiplié par deux pour obtenir une estimation de la population en situation irrégulière, dans la mesure où l’IRDES estime que seuls 51% des étrangers irréguliers éligibles à ce dispositif (sous réserve d'une présence de 3 mois sur le territoire français et d'un plafond de ressources) y ont effectivement recours.

Force est de constater que l'estimation évoquée de 200 000 à 300 000 personnes est nécessairement sous-évaluée, dans la mesure où le seul nombre des bénéficiaires de l'AME était de 463 866 en 2024. 
 
 Cela représente un triplement en 20 ans, attestant de la hausse de l'immigration clandestine.

Il est permis d'en déduire une estimation raisonnable approchant les 900 000 étrangers en situation irrégulière sur le territoire français.
Néanmoins, le nombre des personnes en situation irrégulière se trouve mécaniquement diminué par les dispositifs de régularisation, tels que l'admission exceptionnelle au séjour qui permet de régulariser la présence d'un clandestin. 
 En 10 ans, ce dispositif a permis à environ 300 000 personnes de passer du statut de clandestin à celui d'étranger en situation régulière.

Cela démontre une fois de plus le caractère relatif de la notion d'immigration irrégulière qui, souvent, s'entremêle avec l'immigration régulière.
 
 Prenons le cas d’un étranger venu en France pour y solliciter un statut de réfugié.

Le plus souvent, il entre sur le territoire en situation irrégulière ; puis l’enregistrement de son dossier lui vaut l’octroi d’un statut régulier de demandeur d’asile, qui reste valable pendant toute la durée de l’instruction ; enfin, le rejet définitif de sa demande (issue qui a représenté la moitié des cas l’an dernier) le fait rebasculer dans le champ de l’irrégularité. 
 
Neuf déboutés sur dix se maintiennent sur le territoire après un tel rejet, dans la perspective d’une régularisation ultérieure… qui les fera basculer du bon « côté » à nouveau.

Le nombre de retenus en centre de rétention administrative a chuté de 40% entre 2019 et 2024, alors même que le nombre de bénéficiaires de l'AME a augmenté de 40% sur la même période. 
Les moyens de l'Etat apparaissent aujourd'hui saturés par l'ampleur de l'immigration clandestine.
Retrouvez l'intervention de Nicolas Pouvreau-Monti sur Europe 1 :
Europe 1 | 700 000 clandestins en France : « un constat d'échec » de la politique migratoire (Nicolas Pouvreau-Monti)


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