Le RN au secours de Ferrand : le choléra plutôt que la peste ?

Le Rassemblement national a créé la polémique à droite en s’abstenant lors du vote des députés concernant la nomination de Richard Ferrand au Conseil constitutionnel.
Un choix qui a provoqué de gros remous sur les réseaux sociaux et que commente ici Camille Galic, contributrice régulière de ce site.
Polémia
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Une politique de gribouille
Interrogée tout récemment sur le cas Ferrand, sévèrement battu aux législatives de 2002, Marine Le Pen dénonçait « la dérive » que représentait la transformation du Conseil constitutionnel « en maison de retraite de la vie politique » Qui aurait cru dès lors que le Rassemblement national, qui se veut l’incarnation et le paladin de notre peuple face à l’État-Macron, offrirait un succès, le premier depuis des années, à l’actuel Élyséen en favorisant l’élection de son favori Richard Ferrand à la présidence du Conseil constitutionnel ?
C’est pourtant ce qu’ont fait le 19 février tous les députés et sénateurs RN membres des Commissions des lois en s’abstenant sur la validation du choix présidentiel.
Validation obtenue de justesse, par une voix seulement.
Embarrassé — on l’eût été à moins —, le parti mariniste explique son abstention, qui peut être assimilée à une collusion avec un chef de l’État aujourd’hui discrédité (18 % des Français seulement approuvent son action selon un récent sondage) par le désir de limiter la casse.
Si Ferrand avait été blackboulé, excipe ainsi le juvénile Bryan Masson, député des Alpes-Maritimes, Emmanuel Macron aurait pu jeter son dévolu sur deux anciens gardes des Sceaux, les calamiteux « Éric Dupont-Moretti ou Christiane Taubira ».
Pour le sénateur RN Joshua Hochart, il s’agit donc d’« un non-choix, et c’est celui du moins pire ».
Ce que d’aucuns ont traduit plus brutalement par « Crevons du choléra plutôt que de risquer la peste ».
L’incompréhension des électeurs
Cette issue risque de laisser la plupart des électeurs nationaux plutôt sceptiques.
Car le nouveau président des « Sages »n’est pas seulement un ennemi politique.
C’est aussi, ce qui aurait dû le discréditer totalement auprès d’un parti s’affichant « mains propres et tête haute », un pourri intégral.
Impliqué dans plusieurs dossiers louches, il n’échappa à la Correctionnelle et aux geôles de la République que grâce à un miraculeux non-lieu (1).
Prononcé par un parquet dirigé par un procureur général, Mme Véronique Malbec que, devenu président de l’Assemblée nationale, il s’empressa de faire nommer au… Conseil constitutionnel, où la dame siège toujours !
De plus, on sait que pour l’ancien chef des « Marcheurs » qui réussirent à propulser le quasi-inconnu Macron à l’Élysée, « les promesses n’engagent que ceux y croient ».
Il est donc douteux que, si un deal a été conclu, comme le clame la gauche, il donne une suite favorable à la QPC (question prioritaire de constitutionnalité) que posera la défense de Marine Le Pen si celle-ci est condamnée le 31 mars, à une lourde amende et surtout à une peine d’inéligibilité de cinq ans, dans l’affaire des assistants du FN au Parlement européen.
Devant l’incompréhension et le désarroi de nombreux électeurs et même de responsables du Rassemblement national qui doivent ressentir la « colère » exprimée par Gilbert Collard sur TVL, on en connaît deux qui jubilent : Éric Zemmour dont la muse et compagne Sarah Knafo se démène beaucoup actuellement tant au Parlement européen que dans les médias au profit de Reconquête ! et surtout le très ambitieux ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Lequel profite de sa place-forte de Beauvau pour draguer sans vergogne l’électorat ex-frontiste.
Mais quoi, tu l’as voulu, George Dandin…
Par Camille Galic
21/02/2025
Image : IA (Grok)
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