lundi 10 février 2025

ÉTATS-UNIS : DONALD TRUMP EST-IL LIBERTARIEN ? ( REVUE CONFLIT )

REVUE DE PRESSE !

À quand la France ?


Par Hilaire de Crémiers.

Il n’est question que de Trump. 

Le voilà devenu la bête noire de tous nos médias. 

C’est que dans leur débilité idéologique, caractéristique d’esprits immatures et simplistes, ils tiennent leur nouveau « méchant loup ». 

C’est l’affreux de service qu’aucun qualificatif ne saurait suffisamment décrier, mais en même temps, si nécessaire, il est vrai, à l’existence même de leurs pensées et de leurs plumes. 

Bref, l’individu à exécrer en meute, à abattre médiatiquement, sinon politiquement et, pourquoi pas physiquement.

Le Pen est mort, qui, tout compte fait, n’a jamais été vraiment dangereux pour la République. 

Trump est là ; la gauche française a de quoi aboyer ; et, on ne sait pourquoi, la République serait en danger ! 

Pour tous les journalistes – ou qui se croient tels ! – qui, en France, relèvent de l’État prébendier et propagandiste, comme aussi bien de la bien-pensance officielle, publique et privée, en particulier dans ses organes patentés – inutiles de donner les titres –, il est l’incarnation du Mal absolu. 

Et du Mal d’autant plus redoutable qu’il est, lui, parvenu au pouvoir, au sommet de l’État le plus puissant du monde – encore aujourd’hui – et pour la deuxième fois, ce qui était, dans leurs esprits, inimaginable. Et, crime inexpiable, avec l’intention affichée de réussir tout ce qu’il n’avait pu accomplir lors de son premier mandat ! 

Et, de plus, il est revenu, non dans une combinaison politique aléatoire, mais doté en quelque sorte de pleins pouvoirs, tant au point de vue des structures d’État que des représentations publiques de la Fédération, avec un accord populaire largement majoritaire qui ratiboise l’adversaire. 

D’où la série des premiers décrets et des premières décisions.

Du coup, voilà le progressisme, labellisé comme « le Bien » par définition, dépossédé de sa gouvernance mondiale effective ; et son pouvoir moral – mais aussi politique, économique et financier, en ses multiples réseaux et connexions, et c’est considérable – se voit privé dorénavant des attributs tellement efficaces de la première puissance mondiale. 

Ce qui faisait l’essentiel de la force d’un « wokisme » conquérant et presque partout triomphant, outre-Atlantique et pareillement chez nous ! 

En conséquence, une certaine appréhension, une crainte, voire une terreur, commencent à planer sur tout ce qui, en Europe, en France particulièrement, relevait et relève encore, d’une manière ou d’une autre, de ce modèle de pensée et de vie.

 Notamment le progressisme politique et « sociétal » selon le jargon à la mode, qui se donnait et continue à se donner des allures de prétendue modernité, et qui ne vise en réalité qu’à pulvériser, sous prétexte de déconstruction nécessaire, la société historique – française en l’occurrence pour nous – dans ses règles qualifiées d’anciennes et d’obsolètes, en fait essentielles à sa survie, dans sa permanence existentielle. 

Et cette démolition systématique n’est si violemment engagée qu’afin de permettre l’avènement d’une construction nouvelle, globale, européenne, il faut dire européiste en raison de l’acharnement d’un exclusivisme radical qui meut les protagonistes, enfin mondialiste, où seuls comptent les critères économiques et financiers, tant dans les prétendues économies d’échelle que dans les investissements et la répartition des productions, selon un libre-échangisme aussi faux que prévaricateur.

 

Macron, le président antinational

Tel Macron qui illustre plus qu’aucun autre chef d’État ou personnage politique de ce jour cette conception, si néfaste pour la souveraineté nationale.

 Souveraineté protectrice des peuples et si stupidement décriée en tant que telle par tous les tenants d’un système fondamentalement antinational, au profit d’utopies supranationales ou internationalistes à qui il est convenu d’accorder, par le plus effarant des non-sens, les attributs et les droits de la souveraineté.

 Tel, encore et toujours, Macron avec son Europe, alors que ces entités idéologiques s’arrogent par abus et pétitions de principe toutes les prérogatives juridiques des États, exécutive, législative, judiciaire, sous forme de superstructures technocratiques et totalitaires qui s’imposent à tous par principe et, en quelque sorte, par définition axiomatique.

 C’est l’abomination juridique pour tous les esprits sensés, contraire à tous les principes premiers du droit, et c’est ce que la France surtout et les pays d’Europe ont dû malheureusement connaître et subir depuis des décennies par la volonté de gouvernants, tous, plus ou moins, inféodés aux idées et aux systèmes qui font vivre de telles superstructures ainsi que leur personnel, et aussi, il faut le dire, par l’inintelligence, pour ne pas dire la bêtise et la lâcheté, de ceux qui devraient conserver le sens du devoir national et l’exigence supérieure du licite et de l’illicite.

Précisément, à titre d’exemple d’une telle falsification de la politique et de l’histoire, dans ces colonnes, tous les principaux discours de Macron ont été commentés depuis sa première candidature 2016-2017 ; et tous allaient, et continuent d’aller dans le même sens, a-national, antinational, la République étant exaltée comme unique modèle universel – il faut le faire ! – avec, constamment, sa personne – il adore le je – au centre de ce qu’il appelle, d’une manière grotesque et emphatique, « mon projet ».

 

Politicaillerie et républicanerie

En quelque sorte, la pensée est unique chez Macron et ses sbires, et tout le gauchisme culturel et politicien, qu’ils soient qualifiés d’extrême gauche ou de socialo-écologique – toutes ces prétendues nuances ne sont rien en effet et ils ont, d’ailleurs, sans scrupule aucun, tous voté les uns pour les autres lors du barrage républicain de 2024, ce qui les rend tous complices.

 Pour eux, la France est à arracher aux Français, Macron et Mélenchon se retrouvant sur cette même ligne ; l’histoire de France est à nettoyer ; elle constitue en elle-même « un crime contre l’humanité » comme l’a proclamé Macron en Algérie. 

Et il est facile de mettre les crimes de la République – son histoire en est pleine – sur le dos de la France, comme au Cameroun, entre autres exemples rappelés ces derniers jours, ou comme jadis – entre autres exemples encore – la colonne Voulet-Chanoine d’estampillage parfaitement maçonnique, car la République, il faut le préciser, avec ses stupides décisions et ses doctrines idiotes, n’a fait que des sottises dans les colonies, comme aussi bien en métropole, mais pas la France historique, pas la France des Français, au contraire, entre autres exemples encore, celle des officiers catholiques et royalistes, c’est important de le souligner, exemples de dévouement au XIXe et au XXe siècles, pour peu qu’on connaisse l’histoire d’un peu près.

Pour tous les beaux esprits à la Macron qui se complaisent dans le dénigrement systématique de la France et qui en tirent profit dans leurs prébendes généreuses – ah ! les places ! –, installés qu’ils sont dans des pouvoirs qu’ils ne méritent pas, usurpés par des stratagèmes dits démocratiques mais tous falsifiés, avec leurs stipendiés à leur service, l’histoire de France n’est qu’une longue suite d’ignominies, sauf, évidemment, la glorieuse Révolution qui est la source de leur prétendue légitimité – l’assassinat d’un Roi ! – et toutes ses suites sanglantes et catastrophiques jusqu’aujourd’hui. Tout est sublimé comme absolument admirable.

 Le reste n’est en revanche que saloperies.

Ainsi la France en 1940, à les entendre, était peuplée de 40 millions de salopards, en oubliant de préciser que ce sont les gouvernements de la IIIe République qui sont la cause directe par leur impéritie de l’effroyable défaite de 1940.

 Plus de « boches », dans leur vision, mais les Français, tous ignobles, tous complices, dans la suite des explications de Paxton.

 Et tout est revisité comme ça. Au lieu de pointer la responsabilité d’un Aristide Briand, le Macron de l’époque, qui n’a cessé de favoriser l’Allemagne à partir des années 20, de parler d’Europe unie et de désarmer moralement la France et les Français ! 

La justice commanderait de lui imputer – ainsi qu’à tous ses collègues en politicaillerie et en républicanerie – toutes les horreurs qui ont suivi la défaite.

 Mais non, Aristide a droit à tous les éloges et les honneurs des camarillas de la République et nombre de places et de rues portent son nom. 

Peut-on faire plus stupide et plus criminel ?

 

Une République qui est tout sauf française

Ainsi fonctionne la République, et elle a toujours fonctionné ainsi. 

Depuis l’origine. De Girondins en Montagnards, de Montagnards en pseudo-thermidoriens, tous s’entretuant et se succédant jusqu’à aujourd’hui où rien n’a changé ! 

Regardez la chambre des députés ! 

Aucune expérience ne leur sert à rien, le contraire de l’histoire de notre monarchie.

 La République – elle et tous ses réseaux qui vivent d’elle – s’est donnée pour tâche ainsi d’évacuer la France, de l’anéantir, de se substituer à elle dans l’imaginaire français. 

C’est déjà fait dans l’esprit des prétendues élites ; ce n’est pas entièrement réalisé dans le fond du peuple français. 

D’où le malaise actuel qui explique tant d’interférences dans les multiples ressentis de la situation d’aujourd’hui. 

Une protestation de fond commence à surgir et résonne jusque sur les plateaux et dans les studios, de plus en plus forte et raisonnée. 

Tant mieux, et pourvu que l’éclaircissement progressif aille jusqu’à la racine du mal.

Un livre comme Mémoricide de Philippe de Villiers est une aide précieuse à cette prise de conscience, comme le dernier livre de Gilles-William Goldnadel, Journal d’un prisonnier

Comment arrêter cette fuite en avant d’une République qui perd la tête en se jetant dans un fol avenir indéfini ?

 Comment construire une société sur le meurtre constitutionnalisé des enfants de France sans défense, sur l’assassinat programmé des vieillards, des malades, des citoyens suicidaires ? 

Le débat est déjà bouclé pour ainsi dire. 

Comment faire vivre une France privée de forces vives, où les comptes publics sont tellement falsifiés qu’ils n’existent plus, où l’allocation et la subvention ont remplacé le travail, où personne ne peut comptabiliser le chômage réel, où les industries périclitent et ferment à tour de bras, où l’agriculture ne cesse de s’appauvrir, où les familles ne font plus d’enfants, où l’État et ses hauts fonctionnaires ne pensent qu’à taxer et surtaxer pour compenser des déficits monstrueux qu’ils n’arrivent pas à gérer et des dettes abyssales qu’ils ne maîtrisent plus, où tout surgeon de vie est systématiquement arraché, où la moindre décision de fermeté est annulée par la justice, où il est possible de tenir des congrès dits de décolonisation, à Nouméa même, avec toutes sortes de factions indépendantistes sous l’autorité d’un pays étranger, l’Azerbaïdjan, où tout honneur national et international est perdu à la face du monde ?

 Tout cela enrobé dans le rêve d’une Europe qui devait, dans les discours macroniens de la Sorbonne, nous ouvrir les boîtes à outils de la révolution informatique, de l’intelligence artificielle, de la culture et dont rien, en fait, n’est jamais sorti sauf des flots de paroles, la France et l’Europe d’Ursula von der Leyen étant en retard sur tout et le couple franco-allemand n’ayant jamais existé que dans la tête et la bouche des énarques et des politiciens français de gauche comme de droite, dans la continuité du prurit germanophile de la République qui est tout sauf française dans ses origines et sa philosophie.

 

La submersion migratoire

La trahison en est le ressort ; c’est une suite ininterrompue au cours des dernières années : EDF, turbines Arabelle, Alstom, défense, aéronautique, Ariane, cartes à puces.

 Macron vend à la casse et sous les ors de Versailles !

 Et la question de Mayotte abandonnée, de l’Algérie qui nous insulte et emprisonne sans droitle citoyen français Boualem Sansal ! 

Quand donc les Français comprendront-ils qu’ils sont dans un régime de permanente haute trahison ? 

Jusque dans leurs institutions ! 

Les commissions parlementaires qui se succèdent – et encore tout récemment et que nous suivons ici avec attention – révèlent depuis des années maintenant les turpitudes, les incompétences caractérisées – Ségolène Royal avec ses routes du soleil, ses portiques « écotaxes » censées contrôler la circulation, etc. ! – de nos dirigeants, leurs effroyables gabegies, leurs administrations insensées, leurs mensonges continuels, leurs exactions et leurs prévarications – notamment en matière d’immigration – avec tous les coûts que de telles inepties font peser sur l’État et les finances publiques. 

De tels faits constatés mériteraient les plus sévères condamnations et l’exclusion à tout jamais de la vie publique. Mais non, rien ne se passe. Tout continue comme avant.

Bayrou succède à Barnier. Il parle de « submersion migratoire » à la manière de Retailleau ; il prétend non pas l’arrêter, mais la réguler sur des portions de territoire.

 Et voilà que toute la gauche se déchaîne et les socialistes le menacent de censure. 

Qu’en sera-t-il du budget ? Plus rien n’est possible. 

Tout le monde politique attend la prochaine dissolution. 

Et chacun des futurs candidats, ils sont nombreux, s’apprête pour l’élection présidentielle de 2027. 

La succession de Macron est ouverte. Lui voudrait rebondir dans une Communauté européenne de défense qui n’existe pas encore et n’existera jamais !

 D’où l’agitation du chiffon rouge de la guerre qui vient, alors que le danger urgent est le délitement de la France dans l’islamisme, le narcotrafic qui s’est emparé de villes entières, grandes et petites, dans l’insécurité généralisée ponctuée de meurtres, de coups de couteau, d’assassinats d’enfants.

 Avec l’aide complice de l’administration républicaine !

 La France, telle que la République l’a faite ! Les discours de Retailleau et Darmanin n’y pourront rien. 

Les quelques magistrats lucides et non-pervertis qui subsistent, comme les quelques policiers conscients, ont déjà formulé leur verdict : la partie est perdue. Sauf… 

Sauf à rompre avec tout le bazar républicain.

 Voilà ce qu’il faudrait dire. N’est-ce pas assez clair ? 

Mais la religion républicaine est là, prégnante, sur laquelle vivent nos pseudo-autorités ; et cette religion ne connaît pas, pour elle, la laïcité.

 Elle est obligatoire.

Une « internationale réactionnaire »

Alors la figure de Trump terrifie nos bons apôtres. En fait, lui ne pense qu’aux États-Unis, comme il le dit et le répète. Il fait. Il fera. Jusqu’où ?

 Avec la Colombie, il a parlé et a immédiatement obtenu le rapatriement des expulsés colombiens. 

C’est sa méthode. Il en usera à satiété et, peut-être, jusqu’à se tromper. 

La doctrine Monroe lui sert de boussole et l’idéal du président McKinley assassiné est sa règle. 

 L’empire américain est de retour, isolationniste quand il veut, interventionniste quand il veut, selon ses intérêts. Inutile de s’attarder sur son entourage, qu’il a su se choisir en fonction de ses objectifs, ni sur Elon Musk, que nos médias ont diabolisé stupidement. 

De toute façon, lui parle de Dieu et il sait que Dieu est pour lui. 

C’est une force non négligeable, même si c’est évidemment contestable. Nous, nous sommes sans Dieu.

Oui, ces gens peuvent être dangereux pour nous, pour la France. 

Mais raison de plus pour reprendre la main sur nos propres affaires, sur l’État régalien, pour remettre de l’ordre, et d’abord chez nous, pour régler notre problème intérieur, structurel, institutionnel, constitutionnel.

 Bref, pour en finir avec un régime d’infecte sanie, de brigandage et de mort. 

Mais les tenants de ce régime s’y accrochent, et même ceux qui se croient les bons en raison de leur conviction nationale, avec cette pensée qui est la tentation suprême de cette République maligne ; si c’est moi qui prends la République en main, alors elle sera bonne. 

Pas de réflexion plus fausse et plus perverse qui annihile en fait jusqu’aux hommes de bien.

Les USA font leur contre-révolution à leur manière. 

De bons esprits signalent ce mouvement en marche dans le monde.

 Des pays vont suivre, en Europe sans doute. 

L’Allemagne s’y met avec l’accord entre la CDU-CSU et le parti nationaliste AfD. 

À quand la France ? En aucun cas il ne s’agit, comme le prétend cet étudiant attardé qui nous sert de chef d’État, d’une « internationale réactionnaire ».

 Plût au ciel que nous connaissions une réaction française, vraiment française, seulement française.   ■  

 HILAIRE DE CRÉMIERS    

Article précédemment paru dans Politique magazine.    
 
 
 
 
 
 

 

 

 

ET AUSSI

Donald Trump est-il libertarien ?

9 février 2025


Photo : Elon Musk speaks as part of a campaign town hall in support of Republican presidential nominee former President Donald Trump in Folsom, Pa., Thursday, Oct. 17, 2024. 

(AP Photo/Matt Rourke)/PAJE333/24291828084201//2410180103


Donald Trump est-il libertarien ?

par

Libéralisme, libertarianisme, anarcho-capitalisme, quelles différences ? 

Une mise au point de Frédéric Morgan pour comprendre les différents courants et ceux qui les portent.

Par Frédéric Morgan

Note de service à l’attention des Français découvrant le libertarianisme à l’occasion de l’élection de Donald Trump et des facéties d’Elon Musk.

Le terme libertarien a été inventé par des libéraux « classiques » afin de se distinguer du libéralisme américain, lequel est devenu, au cours du XXᵉ siècle, peu ou prou synonyme de progressisme – et donc d’égalitarisme soutenu par un État social fort.

 

Libéral, libéral classique, libertarien

Par libéral classique, j’entends, pour faire simple, un défenseur de l’individualisme à la fois comme outil heuristique (individualisme méthodologique) et comme principe éthique (éthique de la liberté). 

Dans cette tradition, la propriété privée constitue l’articulation économique et morale centrale de l’ordre social, sa régulation par la justice étant son corollaire indispensable.

 Cela implique la protection des titres de propriété, la garantie de leur transfert et la possibilité d’agir en justice en cas de violation.

Au sein des libertariens, les positions divergent quant au rôle de l’État dans la protection de la justice et la promotion des échanges pacifiques entre citoyens.

Les plus radicaux, appelés anarcho-capitalistes, estiment que l’ensemble des fonctions régaliennes peut être privatisé. 

À l’inverse, des conceptions plus modérées du libéralisme défendent soit un État veilleur de nuit (limité aux fonctions régaliennes), soit une version plus interventionniste pro-business (associée au néolibéralisme).

Dans tous les cas, les libertariens s’accordent sur la nécessité de limiter, voire d’éliminer l’État, dont le monopole légal de la coercition physique lui confère une place exorbitante du droit – en particulier en matière d’expropriation (et donc, si vous suivez, d’injustice), mais pas seulement.

Comme tout courant idéologique, politique et intellectuel, le libertarianisme regroupe une diversité de sensibilités qui ne sont pas nécessairement en accord entre elles.

Certains courants se rapprochent de l’anarchisme, d’autres du conservatisme, d’autres encore du progressisme.

Sur le plan économique, certains sont néoclassiques, d’autres austro-américains, ou encore influencés par la théorie du public choice.

 Ils partagent toutefois une même philosophie et une base théorique commune, au point que, lorsque Jean Préposiet retrace l’histoire de l’anarchisme, il qualifie l’anarcho-capitalisme, dans le chapitre qui lui est consacré, d’essentiellement une création universitaire.

 

Trump libertarien ?

Le triomphe de Trump marque-t-il l’arrivée au pouvoir du libertarianisme ?

 Certains éléments semblent l’indiquer. 

Elon Musk se positionne comme un défenseur sincère de la liberté d’expression et, à travers son association avec l’actuel président, cherche à opérer des coupes sombres dans le budget fédéral. 

On relève également la proximité du vice-président J.D. Vance avec Peter Thiel, qui s’est plusieurs fois revendiqué libertarien. 

Par certains aspects, Donald Trump pourrait incarner l’un de ces héros du monde des affaires célébrés par Ayn Rand. 

 N’oublions pas que Javier Milei aussi est un fan absolu du président américain, et n’hésite pas à se présenter comme un de ses avatars sud-américain.

Malgré ces indices, il convient cependant de rappeler que du point de vue libertarien,

La guerre économique, en particulier par les tarifs douaniers, est une aberration et renvoie à une conception mercantiliste de l’économie que tout l’ensemble des libéraux rejettent (depuis Adam Smith !)

 

Cette conception belliciste de l’économie, qui fait des échanges un outil de politique (intérieure et étrangère) repose sur une critique du libre-échange que défendent libéraux et libertariens. 

On notera d’ailleurs que JD Vance est un critique infatigable du libre-échange, du big business, et que le « libertarien » Peter Thiel, qui a pour client l’État américain (comme Musk) est surtout obnubilé par la concurrence chinoise et par les moyens de l’endiguer.

 

Les velléités de réforme de l’exécutif (théorie de l’exécutif unitaire) professées par certaines factions trumpistes par souci d’efficacité politique est aux antipodes de la conception jeffersionienne, décentralisée et antifédéraliste qui irrigue toute la tradition intellectuelle libertarienne américaine.

Les atteintes répétées à la rule of law (Musk qui exploite les datas du ministère du Travail) renvoie à l’arbitraire de l’état de police, contre laquelle toute la tradition juridique libérale et libertarienne s’est érigée au nom de la protection des droits individuels.

 

Calquer le fonctionnement de l’État sur l’entreprise ne résout pas le problème si cela ne le fait pas décroitre. L’État managérial qui a triomphé aux États-Unis au cours du XXe siècle s’est légitimé en empruntant au lexique et au personnel du monde du business (en particulier à partir de la fin des années 1970).

 Il n’a cependant jamais cessé de croitre et de se découvrir de nouvelles missions d’ingénierie sociale. En d’autres termes, l’État managérial n’a rien à voir avec le libertarianisme : l’un est une théorie de la légitimation de l’État, l’autre une critique de son extension.

Tout ça pour dire qu’il faut être un peu plus rigoureux sur les termes pour éviter de mal comprendre les phénomènes.


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