LU, VU ET ENTENDU !
« Le jour où la France coupa la tête à son Roi, elle commit un suicide. »
(Ernest Renan, 1823-1892).
«
Maintenant que j’ai le temps de méditer, je me demande si l’erreur
initiale de la France ne date pas de l’exécution de Louis XVI. » (Raymond Poincaré, 1860-1934).
«
Le principe royal ne repose pas sur la foi que l’on a ou que l’on n’a
pas en lui. Il importe peu qu’on y croie ou que l’on n’y croie plus, et
que les incrédules soient innombrables.
Cela ne peut se peser. Dieu est
Dieu, et le Roi est le Roi. »
(Jean Raspail, 1925-2020).
Chaque
21 janvier (ou à une date proche), fleur de lys à la boutonnière et
cravaté de noir, je me rends à la messe de requiem en hommage au Roi
Louis XVI, victime de la furie révolutionnaire.
Il y a une dizaine
d’années, ces messes étaient confidentielles et nous étions une petite
poignée à nous y rendre.
Ceux que le professeur Henri De Gaulle, le père
de Charles, nommait « les monarchistes de regret » ; quelques
aristos fin de race, des militaires en retraite, des gens âgés dans
l’ensemble.
Mais les choses sont en train de changer ; ces messes
attirent de plus en plus de monde et, en quelques années, nous sommes
passés des catacombes aux basiliques.
On y voit de plus en plus de
jeunes. Je commence à penser que certains Français réalisent – enfin ! –
que la guerre faite à la monarchie de droit divin aura tué l’âme
française et fait le jeu de l’islam conquérant. J’en suis même persuadé.
Le
21 janvier 1793 est un jour de deuil même si une partie – majoritaire –
de la population n’en est pas encore consciente.
Ce jour-là, après
presque deux millénaires de tradition monarchique, la France
guillotinait son Roi, rompant ainsi le lien sacré entre Dieu et le Roi,
puis entre le Roi et son peuple.
C’est davantage au monarque « de droit divin »
et à la religion catholique que s’attaquaient les esprits instruits en
Loges maçonniques.
Les auteurs des basses œuvres, les braillards avinés,
ceux qui rêvaient d’égorger « le gros Capet et sa putain »,
ceux qui promenaient la tête ensanglantée de la Duchesse de Lamballe
sous le nez de son amie Marie-Antoinette, étaient instrumentalisés par
des aristocrates progressistes, des bourgeois, des publicistes et des
avocats francs-maçons qui avaient su attiser la haine du bas peuple
contre les symboles du pouvoir : le Trône et l’Autel.
Tout ceci avait commencé avec la Constitution civile du clergé et ses « curés-jureurs », le 12 juillet 1790.
Puis le mouvement s’est accéléré jusqu’à la mort du Roi – que la populace surnommait « le gros Capet » – qui n’était déjà plus monarque « de droit divin » depuis plusieurs mois.
Selon Michelet, « la Révolution est un tout »
et ce tout est devenu le marqueur idéologique des générations
d’après-guerre, bien formatées, bien intoxiquées, par des historiens,
des médias et une éducation – dite « nationale » – très majoritairement de gauche voire d’extrême-gauche.
Le courant royaliste, incarné jusqu’à la Seconde Guerre mondiale par « l’Action Française »
de Charles Maurras, est devenu groupusculaire depuis la Libération.
Pendant la guerre, on trouvait des monarchistes à Vichy avec le maréchal
Pétain, à Londres avec De Gaulle, dans l’Armée d’Afrique de Giraud et
dans la LVF (1) de Puaud.
Mais Charles Maurras, bien que viscéralement
anti-allemand, était pétainiste et ceci aura suffi pour que son
mouvement soit marqué à jamais du sceau de l’infamie et traité de « collabo » par des gens qui ne connaissent rien à l’histoire et à la doctrine de l’A.F.
Pour
moi, notre histoire commence avec le baptême de Clovis, mais je
respecte la pluralité d’opinions.
Certains situent sa naissance en 1789,
avec la Révolution qui marque la victoire des Loges maçonniques sur la
Monarchie.
Ce n’est pas un hasard si la République a adopté la devise « Liberté. Egalité. Fraternité. » qui
était celle du Grand Orient.
Je suis, disais-je, pour la liberté
d’expression mais j’aimerais que les adulateurs et les thuriféraires de
la Révolution fassent preuve d’un minimum d’honnêteté intellectuelle et
qu’ils arrêtent de nous raconter des sornettes.
Or, sur une chaîne de
télé, un pseudo-historien dont j’ai oublié le nom, déclarait qu’en
fuyant à Varennes (le 20 juin 1791), le Roi Louis XVI avait signé son
arrêt de mort.
C’est faux, car, en fait, le Roi n’avait plus d’autre issue que la fuite.
Combien de fois, en effet, faudra-t-il répéter que les révolutionnaires de 1789 voulaient d’abord, voulaient surtout, détruire le Catholicisme et la Monarchie de droit divin ?
Le
Roi Louis XVI avait été contraint de quitter Versailles pour Les
Tuileries, mais, dès le mois d’octobre 1790, l’application de la « Constitution civile du clergé » allait mettre le feu aux poudres.
Le
27 novembre, quand l’Assemblée obligea le clergé à prêter serment de
fidélité à la Nation, une guerre religieuse éclata.
La France se
divisait en deux : pour ou contre les « curés-jureurs ».
En Alsace, en Flandre et dans l’Ouest, les « jureurs » furent
chassés à coup de fourche par les paysans.
Ailleurs on interdit le
culte aux réfractaires ; au Vatican, le pape en était indigné !
Le
lendemain de Noël 1790, ce fut l’émeute devant les Tuileries.
Pour
éviter de faire couler le sang, Louis XVI, profondément chrétien, signa
le décret de Constitution civile la mort dans l’âme.
Puis il tomba
malade.
Se pensant en état de péché mortel, il n’arrivait pas à
dissimuler son aversion pour les « prêtres-jureurs » et les exclut de son service, et même de son entourage.
Aussitôt, Marat, dans son journal « L’ami du peuple », écrivit
que Louis XVI était un ennemi de la Révolution et qu’il jouait un
double jeu, avec l’intention de s’enfuir.
L’approche de Pâques allait
obliger le Roi à choisir son camp.
Le dimanche des Rameaux, il assista à
une messe célébrée par le Cardinal de Montmorency qui avait refusé de
prêter serment.
Le lendemain, 18 avril, la famille royale s’apprêtait à
se rendre à Saint-Cloud pour y passer l’été. Marat et Camille Desmoulins
dénoncèrent ce départ comme une tentative de fuite à l’étranger.
D’autres affirmèrent que le Roi allait à Saint-Cloud pour y faire des
Pâques non conformes à la Constitution civile.
Dans les deux cas, on
criait à la trahison.
Dès le matin, une foule échauffée par des meneurs
(souvent déguisés en femme) entoura le palais.
À midi une marée humaine
bloquait carrément le carrosse royal.
Lafayette ordonna aux Gardes
Nationaux d’intervenir mais ceux-ci refusèrent d’obéir.
« Il serait étonnant, dit le Roi en passant la tête par la portière, qu’après avoir donné la liberté à la Nation, je ne fusse pas libre moi-même ».
Des bordées d’injures lui répondirent.
C’était la première fois qu’on faisait des offenses publiques au Roi.
Lafayette
lui proposa d’employer la force mais le Roi refusa qu’on fasse couler
le sang des émeutiers et des Gardes Nationaux.
Après deux heures, bloqué
dans son carrosse sous les injures, il se résolut à renoncer au voyage à
Saint-Cloud.
« Il n’est pas possible que je sorte ? Et bien je vais rester » dit-il.
La Reine ajouta en pleurant : « Vous avouerez que nous ne sommes plus libres ».
Et effectivement la famille royale était prisonnière.
La tentative d’évasion était inéluctable.
Très mal préparée, elle prit fin à Varennes.
Il ne restait plus aux révolutionnaires qu’à tuer physiquement le Roi puis la Reine, car la Monarchie de droit divin, elle, était déjà morte !
Le
jour de Noël 1792, le Roi Louis XVI rédigea son testament, un texte
magnifique dont je vous livre quelques extraits qui résument la
grandeur d’âme du monarque :
« Au
nom de la très sainte Trinité, du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Aujourd’hui vingt-cinquième jour de décembre 1792, moi Louis, seizième
du nom, Roi de France, étant depuis quatre mois renfermé avec ma famille
dans la Tour du Temple… n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et
auquel je puisse m’adresser, je déclare ici, en sa présence, mes
dernières volontés et sentiments. »
Après avoir confirmé qu’il
meurt dans l’union de l’Église catholique, apostolique et romaine, il
demande à Dieu de lui pardonner ses péchés et, à défaut du confesseur
qu’on lui refuse, de recevoir son repentir. «
Je pardonne de tout
mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis sans que je leur en aie
donné aucun sujet ; et je prie Dieu de leur pardonner…
Je recommande à
Dieu ma femme et mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous
ceux qui me sont attachés par les liens du sang…
je prie Dieu
particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes
enfants et ma sœur, qui souffrent depuis longtemps avec moi ; de les
soutenir par sa grâce, s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils
resteront dans ce monde périssable. »
Puis il s’adresse au Dauphin : «
Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de
songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens ; qu’il
doit oublier toute haine tout ressentiment, et nommément ce qui à
rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve ; qu’il ne peut faire
le bonheur des peuples qu’en régnant suivant des lois : mais qu’un Roi
ne peut les faire respecter, et faire respecter, et faire le bien qui
est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire ; et
qu’autrement étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de
respect, il est plus nuisible qu’utile. »
Il fait là un retour sur son propre comportement politique et sur ses faiblesses.
Il
recommande également au Dauphin de se souvenir, en cas de restauration
ultérieure de la royauté, de ceux qui sont morts à son service et de
leur famille.
Il lui demande aussi de
récompenser les fidèles et de pardonner aux ingrats, voire à ceux qui
ont trahi la cause de la monarchie.
Parmi ceux qui lui sont restés
attachés, il nomme ses trois défenseurs (Malesherbes, Tronchet et
Raymond de Sèze).
Puis il conclut : « Je pardonne encore très
volontiers à ceux qui me gardent, les mauvais traitements et les gênes
dont ils ont cru devoir user envers moi.
J’ai trouvé quelques âmes
sensibles et compatissantes : que celles-là jouissent dans leur cœur, de
la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser !…
Je finis
en déclarant devant Dieu, et prêt à paraître devant lui, que je ne me
reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. »
Ce
testament royal devrait figurer dans les manuels d’histoire mais on
préfère laisser croire aux jeunes générations que Louis XVI affamait son
peuple et qu’il méritait la mort.
Dans notre vision binaire des choses –
d’un côté le bien, de l’autre le mal absolu – on pourrait leur
apprendre aussi ce que disait Robespierre, ce fou-furieux, en septembre
1793 : « Le ressort du gouvernement populaire est à la fois la vertu et la terreur : la vertu sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur sans laquelle la vertu est impuissante.
La terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu ».
La Terreur fut mise à l’ordre du jour le 5 septembre 1793. Le 17, la Convention vota la « loi des suspects » pour mettre hors d’état de nuire les « ennemis de la Révolution » ou supposés tels.
Cette loi infâme permettait de poursuivre « tous
ceux qui, par leur conduite, leurs relations, leurs propos, leurs
écrits, se montrent partisans du fédéralisme et des ennemis de la
liberté. »
Autant dire que n’importe qui pouvait être suspecté.
En quelques semaines les prisons étaient pleines.
La guillotine – le « rasoir national »
– se mit à fonctionner en permanence.
Le tribunal révolutionnaire fut
vite débordé ; on fit appel à une justice plus expéditive et à un
accusateur public tristement célèbre : Antoine Fouquier-Tinville. « Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » dira Manon Roland en montant sur l’échafaud, le 8 novembre 1793.
La
seule morale de cette période funeste, c’est que la plupart de ces
salopards : Desmoulins, Danton, Westermann, Carrier, Fabre d’Eglantine,
Olympe de Gouges, Robespierre, et quelques autres dont
Fouquier-Tinville, finiront eux-aussi sur le « rasoir national ».
Marat, lui, sera poignardé dans sa baignoire où il barbotait dans sa pourriture (2).
Notre
époque est – fort heureusement ! – moins violente. Souhaitons qu’elle
le reste mais je n’en suis pas certain, hélas !
Emmanuel Macron, à force
d’attiser la haine de nos anciens colonisés en nous accusant de « crimes contre l’humanité » ; en affirmant que nous aurions pillé et appauvri l’Afrique ; en jouant la carte d’une population issue de la « diversité », devenue française par le regroupement familial et/ou le « jus soli » (3), au détriment des Français de souche ; en affichant ouvertement, comme il l’a fait lors de la « Fête de la musique » en 2018, sa préférence pour l’allogène sur le « mâle blanc », joue un jeu dangereux, celui du pompier-pyromane.
Marionnette du Nouvel Ordre Mondial, il utilise l’immigration comme troupe de manœuvre en vue d’un « remplacement de population »
qu’il pense irréversible, mais cette troupe – de plus en plus
nombreuse, de plus en plus incontrôlée – pourrait un jour se retourner
contre son pouvoir.
En ce 21 janvier,
ayons une pensée, ou mieux une prière, pour le bon Roi Louis XVI,
victime innocente de la folie révolutionnaire. In memoriam.
Par Eric de Verdelhan https://ripostelaique.com/21-janvier-1793-
1)- LVF : Légion des Volontaires Français
(contre le Bolchévisme), organisation créée le 8 juillet 1941. Beaucoup
de patriotes français, qui combattaient contre la « peste rouge » communiste, sont morts dans ses rangs et ces soldats méritent, comme les autres, notre respect.
2)- Il souffrait d’une maladie de peau : il était donc aussi pourri physiquement que moralement.
3)- Le droit du sol, c’est une ineptie qui voudrait nous faire croire qu’une vache née dans une écurie serait un cheval.
ET AUSSI
Le testament de Louis XVI : un exemple à méditer pour le gouvernement des hommes, par André Murawski
dans Politique / Rétrospective —
par André MURAWSKI —
21 janvier 2025
Le 21 janvier 1793, le roi de France Louis XVI était guillotiné.
Pas parce qu’il était coupable, mais pour raison d’Etat.
Dans un discours prononcé le 3 décembre 1792, Robespierre l’avouait devant la Convention :
« Louis ne peut donc être jugé ; il est
déjà jugé.
Il est condamné, ou la république n’est pas absoute. Proposer
de faire le procès à Louis XVI, de quelque manière que ce puisse être,
c’est rétrograder vers le despotisme royal ; c’est une idée
contre-révolutionnaire ; car c’est mettre la révolution elle-même en
litige. »
Ces mots terribles résonnent comme une
sentence : le roi de France, coupable ou innocent, était condamné avant
même d’être jugé.
On peut parler de parodie de justice.
Malgré la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, les droits de l’homme
ont été foulés aux pieds ce jour-là.
Par ceux-là mêmes qui se
présentaient comme leurs défenseurs.
On croit entendre en écho la
déclaration de Saint-Just : « Il n’y a pas de liberté pour les ennemis
de la liberté ! » La marche à la dictature et à la Terreur était
ouverte.
Face à ce destin écrit d’avance et
inéluctable, le roi Louis XVI ne nourrit point d’illusions.
Le 25
décembre 1792, vingt jours avant que le verdict ne soit rendu, le roi de
France rédigea dans la solitude de son cachot un testament (1) qui nous est parvenu.
Ce document est un témoignage unique pour l’histoire.
C’est aussi une leçon de politique.
Louis XVI commence par placer
cet ultime acte de roi sous l’égide de Dieu : « Au nom de la
très-Sainte-Trinité, du père et du fils et du Saint-Esprit ».
L’entrée en matière du testament
rappelle que, depuis le sacre de Clovis, le roi de France tient son
royaume de Dieu dont il n’est que le lieutenant sur la terre.
Louis XVI
indique ensuite les conditions dans lesquelles il se trouve : incarcéré
avec sa famille depuis plus de 4 mois, isolé des siens depuis le 11
décembre, « impliqué dans un procès dont il est impossible de prévoir
l’issue », et qui lui a été intenté illégalement (« dont on ne trouve
aucuns prétexte ni moyens dans aucune loi existante »).
C’est donc un
souverain déchu et un homme désespérément seul qui couche ses dernières
volontés et sentiments sur le papier.
Profondément chrétien, Louis XVI dont on
sait combien il était réformiste, entra en conflit avec la Révolution
d’abord pour des questions religieuses, et plus particulièrement en
raison des atteintes que la Révolution portait à la religion catholique
et au clergé.
La première partie du testament permit au roi de confesser
sa foi chrétienne : « Je laisse mon âme à Dieu », et plus loin « Je
crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le symbole
et les commandements de Dieu et de l’Eglise ».
Dans le préambule, Louis
XVI a écrit qu’il était impossible de prévoir l’issue de son procès.
Mais dès le début du testament, il apparaît que le roi ne nourrissait
aucune illusion quant au verdict de mort : « Je meurs dans l’union de
notre sainte mère l’Eglise catholique, apostolique et romaine ».
Roi très chrétien, Louis XVI cultivait la vertu théologale de charité :
« Je plains de tout mon cœur nos frères
qui peuvent être dans l’erreur ».
Cette charité s’étend même à ses
bourreaux, devant qui le roi clame encore son innocence : « Je pardonne
de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis, sans que je leur
en aie donné aucun sujet ».
Le roi insista encore sur les conditions
particulièrement inhumaines de sa détention, et notamment sur
l’interdiction qui lui fut faite de bénéficier du secours d’un prêtre :
« Ne pouvant me servir d’un prêtre catholique, je prie Dieu de recevoir
la confession que je lui en ai faite ».
Ici, Louis XVI inscrivit les
véritables causes du conflit qui l’opposa à la Révolution, en priant
Dieu de recevoir « surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon
nom (quoique ce fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être
contraires à la discipline et à la croyance de l’Eglise catholique ».
Ayant rendu ses devoirs à Dieu et
pardonné à ses ennemis, Louis XVI écrivit combien ses dernières pensées
allaient à sa famille : « Je recommande à Dieu ma femme et mes enfants,
ma sœur et mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par
les liens du sang ».
Devant sa mort prochaine, Louis XVI recommanda ses
enfants à sa femme, puis à sa sœur dans le cas où les enfants seraient
venus à perdre leur mère.
On doit ici prendre acte de la lucidité du roi
qui, convaincu de sa mort prochaine, craignait que son épouse ne soit
amenée à connaître elle aussi ce destin tragique, et espérait que sa
sœur pourrait recevoir la garde des enfants royaux.
Le testament montre combien
Louis XVI a pu trouver de réconfort dans la foi catholique, et combien
il était un mari affectueux et un père aimant.
Face à l’adversité, le roi n’a que
brièvement abordé la question de ce qu’on appellerait aujourd’hui la
« politique ».
Et pourtant, que d’enseignements on tire de ces quelques
lignes !
Louis XVI le fit par de brèves recommandations à son fils,
insistant avec vérité sur la réalité de la fonction royale, qui
n’apporte pas le bonheur à son titulaire, mais au contraire une charge,
une responsabilité et un devoir de magnanimité : « Je recommande à mon
fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout
entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et
tout ressentiment, (…) qu’il ne peut faire le bonheur des peuples qu’en
régnant selon les lois ; mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire
respecter et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a
l’autorité nécessaire ».
Chef d’œuvre de concision, ce véritable
testament politique brille de mille éclats dans les ténèbres de la
Terreur.
« Le malheur de devenir roi » appelle le dauphin à la lourde
responsabilité de la fonction royale et, par la recommandation à oublier
toute haine et tout ressentiment,
Louis XVI rappelle son ancêtre Louis
XII, homme de devoir qui déclara à son avènement que « le roi de France
ne venge pas les injures du duc d’Orléans ».
Ce court passage montre
aussi combien Louis XVI était réformiste.
Il évoque le bonheur de ses
concitoyens, et non de ses sujets, et il admet que le roi ne peut régner
que selon les lois, à la condition toutefois de disposer d’un pouvoir
propre qui lui permettrait d’être le garant du Droit.
C’est presque la
Constitution adoptée 165 ans plus tard par les Français sur la
proposition du général de Gaulle.
La suite du testament comporte
les remerciements adressés par le roi à tous ceux qui l’ont soutenu dans
le calvaire qui lui fut infligé.
Louis XVI décerna une mention toute
particulière à Claude Lorimier de Chamilly et à François Hüe, ses valets
de chambre qui partagèrent avec lui une partie de sa détention, ainsi
que Jean-Baptiste Cléry qui fut le seul valet de chambre autorisé à
demeurer auprès du souverain jusqu’au dernier jour.
Louis XVI remercia
également Messieurs de Malesherbes, Tronchet et Dezèze, ses avocats, qui
ont disposé de huit jours à peine pour répondre à l’acte d’accusation
que la Convention avait préparé pendant quatre mois.
Enfin, le roi
pardonna aussi « à ceux qui [le] gardaient, les mauvais traitements et
les gênes dont ils ont cru devoir user envers [lui] ».
Pour finir, Louis XVI déclara devant
Dieu, et on sait combien cette solennité avait d’importance pour lui,
qu’il ne se reprochait aucun des crimes qui avaient été avancés contre
lui.
On voit que le testament du roi Louis
XVI est un modèle de lucidité, de foi et d’humanité.
C’est aussi une
leçon pour les époques troublées et un exemple édifiant pour notre
temps.
Il reste en héritage à tous les Français, mais il est soumis à la
méditation de chaque être humain.
Par André Murawski – 21 janvier 2025
(1) Intégralité du testament du roi martyr Louis XVI
Au nom de la très Sainte-Trinité du Père du fils et du St Esprit. Aujourd’hui vingt cinquième jour de Décembre, mil sept cent quatre-vingt-douze.
Moi Louis XVIe du
nom Roy de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma
famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets,
et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du
courant avec ma famille de plus impliqué dans un Procès, dont il est
impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont
on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune Loy existante, n’ayant
que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser.
je
déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.
Je laisse mon âme à Dieu mon créateur,
je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger
d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jesus Christ, qui
s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes quel
qu’indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans l’union de notre sainte
Mère l’Eglise Catholique Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs
par une succession non interrompue de St Pierre auquel J.C.
les avait confiés.
je crois fermement et je confesse tout ce qui est
contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Eglise, les
Sacrements et les Mystères tels que l’Eglise Catholique les enseigne et
les a toujours enseignés. je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans
les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchire l’Eglise de
J.C. mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu
m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis a
la Sainte Eglise Catholique, donnent et donneront conformément à la
discipline de l’Eglise suivie depuis J.C.
je plains de tout mon cœur nos
frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les
juger, et je ne les aime pas moins tous en J.C. suivant ce que la
charité Chrétiennes nous l’enseigne.
Je prie Dieu de me pardonner tous mes
péchés.
j’ai cherché à les connaitre scrupuleusement à les détester et à
m’humilier en sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d’un
prêtre Catholique.
je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en
ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom,
(quoique cela fut contre ma volonté) a des actes qui peuvent être
contraires à la discipline et à la croyance de l’Eglise Catholique à
laquelle je suis toujours reste sincèrement uni de cœur. je prie Dieu de
recevoir la ferme résolution ou je suis s’il m’accorde vie, de me
servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d’un prêtre Catholique
pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de
Pénitence.
Je prie tous ceux que je pourrais avoir
offensés par inadvertance, (car je ne me rappelle pas d’avoir fait
sciemment aucune offense à personne) ou ceux à qui j’aurais put avoir
donné de mauvais exemples ou des scandales de me pardonner le mal qu’ils
croient que je peux leur avoir fait
Je prie tous ceux qui ont de la Charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon cœur, a ceux qui
se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donne aucun sujet et
je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle,
ou par un zèle mal entendu m’ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à Dieu, ma femme, mes
enfants, ma Sœur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont
attachés par les Liens du Sang ou par quel qu’autre manière que ce
puisse être. je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de
miséricorde, sur ma femme mes enfants et ma Sœur qui souffrent depuis
longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me
perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.
Je recommande mes enfants à ma femme, je
n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux, je lui
recommande surtout d’en faire de bons Chrétiens et d’honnêtes hommes, de
leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s’ils sont condamnés à
les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables et de
tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de
l’Éternité. je prie ma Sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes
enfants, [mots raturés], et de leur tenir lieu de Mère, s’ils avoient
le malheur de perdre la leur.
Je prie ma femme de me pardonner tous
les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui
avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que
je ne garde rien contre elle, si elle croit avoir quelque chose à se
reprocher.
Je recommande bien vivement à mes
enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de
rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur Mère, et
reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour
eux, et en mémoire de moi. je les prie de [mot raturé] regarder ma Sœur
comme une seconde Mère.
Je recommande à mon fils s’il avait le
malheur de devenir Roy, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur
de ses Concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment,
et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que
j’éprouve. qu’il ne puisse faire le bonheur des Peuples qu’en régnant
suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roy ne peut les faire
respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a
l’autorité nécessaire, et qu’autrement étant lié dans ses opérations et
n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.
Je recommande à mon fils d’avoir soin de
toutes les personnes qui m’étaient attachées, autant que les
circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer
que c’est une dette sacrée qui j’ai contractée envers les enfants ou
les parents de ceux qui ont péris pour moi, et ensuite de ceux qui sont
malheureux pour moi je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui
m’étaient attachées qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles
le devaient, et qui ont même montrés de l’ingratitude, mais je leur
pardonne, (souvent dans les moments de troubles et d’effervescence on
n’est pas le maitre de soi) et je prie mon fils s’il en trouve
l’occasion de ne songer qu’à leur malheur.
Je voudrais pouvoir témoigner ici ma
reconnaissance a ceux qui m’ont montré un véritable attachement et
désintéressé. d’un côté si j’étais sensiblement touché de l’ingratitude
et de la déloyauté de gens à qui je n’avois jamais témoignés que des
bontés, à eux à leurs parents ou amis, de l’autre j’ai eu de la
consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de
personnes m’ont montrée.
je les prie d’en recevoir tous mes
remercîments, dans la situation ou sont encore les choses, je craindrais
de les compromettre, si je parlais plus explicitement mais je
recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir
les reconnaitre.
Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation si je ne recommandais ouvertement à mon fils Mrs de
Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi, avait porté à
s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensés en être
les malheureuses victimes. je lui recommande aussi Cléry des soins
duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi comme
c’est lui qui est resté avec moi j’jusqu’à la fin, je prie Mrs de
la Commune de lui remettre mes hardes mes livres, ma montre ma bourse,
et les autres petits effets qui ont étés déposés au Conseil de la
Commune.
Je pardonne encore très volontiers a
ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont
cru devoir user envers moi. j’ai trouvé quelques âmes sensibles et
compatissantes, que celles-là jouissent dans leur cœur de la
tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.
Je prie Mrs de Malesherbes
Tronchet et de Seze, de recevoir ici tous mes remercîments et
l’expression de ma sensibilité, pour tous les soins et les peines qu’ils
se sont donnés pour moi.
Je finis en déclarant devant Dieu et
prêt à paraitre devant lui que je ne me reproche aucun des crimes qui
sont avancés contre moi.
Fait double a la tour du Temple le 25 Décembre
1792.
Louis
Source : https://www.medias-presse.info/
jmlb
Et depuis la suite .......;