Suite de la tribune publiée le 30 août.
À Paris, 198 classes vont fermer, dans l’enseignement public.
Le
recteur a demandé à l’enseignement catholique de rendre 40 postes dans
la capitale, indépendamment du remplissage réel des classes.
Des
discussions animées ont lieu…
Rappelons ici qu’au terme des accords dits Lang-Cloupet de 1992,
l’État et l’Enseignement catholique se sont entendus pour se répartir
les postes selon la règle des 80/20.
Tant qu’il s’agissait d’ouvrir de
nouvelles classes, chacun y trouvait son compte.
Quand l’État ouvrait
huit classes, il donnait le budget pour deux classes à l’enseignement
privé.
C’est ainsi qu’en septembre 2024, l’on comptait 9,95 millions d’élèves
scolarisé dans le public et 1,95 million dans le privé, ce qui fait un
total de 11,90 millions d’élèves.
Le total des élèves scolarisés est en
réalité supérieur à 12 millions si l’on y ajoute les 140.000 élèves
scolarisés dans les écoles libres dites hors contrat et les 30.000
enfants qui bénéficient de l’instruction en famille.
Dans quelques jours, nous connaîtrons la nouvelle répartition des
10,98 millions d’élèves, mais l’État veillera à ce que l’enseignement
privé sous contrat ne dépasse pas les 20 %.
Des classes « hors contrat » au sein d'établissements sous contrat
Dans certains rectorats, des directeurs d’école sont sommés de fermer
des classes alors qu’ils ont les élèves pour les maintenir ouvertes.
Cette situation ubuesque résulte de la fuite des familles qui le peuvent
du public vers le privé.
Plusieurs directeurs d’école privés sous contrat ont contacté la
Fondation pour l’école car elles ont décidé d’ouvrir des classes « hors
contrat » au sein de leur établissement.
Ce phénomène était marginal
jusqu’ici, mais risque de se généraliser à l’avenir.
Nous considérons qu’au-delà du chantage à l’argent que subissent les
écoles sous contrat, cela est une bonne nouvelle.
Les écoles privées
sous contrat vont pouvoir goûter ainsi à la liberté scolaire et cela
peut les amener à vouloir étendre cette liberté retrouvée aux classes
sous contrat de leur établissement.
Ils remettront peut-être ainsi en
cause des années de renoncement à affirmer leur identité alors que la
loi Debré ne leur en demandait pas tant.
Un « grand plan de contrôle dans l’enseignement privé sous contrat »
Un autre événement pourrait déciller les yeux des dirigeants de
l’Enseignement catholique, qui, rappelons-le, constitue l’essentiel de
l’enseignement privé en France.
L’affaire de l’école Bétharram a bouleversé les Français.
Depuis lors, des députés se sont emparés de ce drame
pour exiger à contretemps des inspections systématiques dans les écoles
privées sous contrat, avec l’intention affichée de supprimer les
contrats à un maximum d’entre elles.
En dehors de cas de signalements
préoccupants, il n’y avait quasiment aucun contrôle dans les écoles
jusqu’en 2013.
À compter de cette date, les écoles libres dites hors
contrat ont commencé à être inspectées systématiquement.
Ces contrôles
se passent bien dans la moitié des cas mais deviennent de plus en plus
intrusifs et ressemblent parfois à de véritables perquisitions, avec
fouille des affaires personnelles des professeurs ou des cartables des
élèves.
La Fondation pour l’école a reçu, en 2023 et 2024, plusieurs
témoignages de comportements scandaleux qui ont été immédiatement
signalés au ministère.
Nouveauté de la rentrée 2025 : Mme Borne a lancé un « grand plan de contrôle dans l’enseignement privé sous contrat »
et décidé d’affecter 120 inspecteurs supplémentaires en trois ans à
cette tâche.
Son objectif est d’effectuer 1.000 contrôles en 2025 et de
« visiter » 40 % des 7.200 établissements privés sous contrat en France,
d’ici 2027.
Sans compter les 2.600 établissements libres dits hors
contrat qui, eux, sont habitués à ces inspections.
La défense du « caractère propre » des établissements scolaires va devenir de facto
un combat commun à l’enseignement privé sous et hors contrat.
Les
libertés sont mises à mal dans notre pays, il convient donc d’être
extrêmement vigilant et de démontrer une capacité à s’unir au nom de ce
bien commun.
Les économies réalisées grâce aux écoles libres
Le budget de l’Éducation nationale était de 63,6 milliards d’euros,
en 2024.
C’est le premier poste de dépense de l’État français.
Le coût moyen – de la maternelle au lycée - d’un élève est de :
- 3.000 euros dans une école libre dite hors contrat,
- 6.000 euros dans une école privée sous contrat, dont 4.200 euros pris en charge par l’État,
- 9.710 euros dans une école publique.
À l’heure où le gouvernement actuel n’a pas réussi à trouver 44
milliards d’économies, nous pouvons déduire de ces chiffres que si les
écoles libres dites hors contrat n’existaient pas, l’État devrait
scolariser les 140.000 élèves du hors-contrat et, donc, dépenser 1,27
milliard supplémentaire.
Et en l’état actuel des choses, le même État permet à la collectivité
de réaliser une économie de 6,7 milliards grâce à une gestion plus
rigoureuse des associations qui gèrent les écoles privées. 5,86
milliards au titre des écoles privées sous contrat et 0,84 milliard au
titre des écoles libres.
Côté économies, il y a donc incontestablement des marges…
Alors que feu le gouvernement Barnier avait prévu de supprimer 4.000
postes dans son budget 2024 en raison de la fermeture de 4.000 classes,
M. Bayrou est revenu sur cette décision.
À la rentrée 2025, 5.000
classes ont été fermées et le ministère de l’Éducation nationale a
annoncé la suppression de… 470 postes dans son projet de budget en cours
d’élaboration !
En résumé, avec un ratio de deux professeurs pour un non-enseignant
dans ses effectifs (850.000 enseignants et 350.000 autres personnels),
l’Éducation nationale n’est pas capable d’adapter les effectifs de son
personnel, et pour des résultats de plus en plus mauvais.
Dans le même temps, elle exerce une pression de plus en plus forte
sur les écoles privées qui font mieux avec beaucoup moins d’argent.
Et si les écoles libres avaient quelques leçons à donner à l’école publique dans sa gestion ?
Les statistiques de rentrée des écoles libres
Alors que les effectifs des écoles publiques et privées sous contrat
sont en forte baisse et que près de 5.500 classes ont été fermées, nous
avons identifié 400 créations de classes en France, à la rentrée.
Il
s’agit du solde net qui tient compte des fermetures d’écoles.
Vous
pouvez retrouver tous les chiffres sur le site de la Fondation pour l’école.
Alors que la crise démographique touche tous les milieux sociaux, les
pouvoirs publics devraient s’interroger sur ce curieux phénomène.
Pourquoi des parents font-ils le choix d’une école payante ?
Quelles raisons poussent des personnes à créer une école alors que
les difficultés financières et les tracasseries administratives sont de
plus en plus nombreuses ?
Outre qu’elles répondent aux lacunes déjà décrites, la raison la plus
essentielle est sans doute la place effective reconnue aux parents en
tant que premiers responsables de l’éducation de leurs enfants.
Ceux-ci
trouvent dans les écoles libres une plus grande cohérence avec les
principes d’éducation qu’ils prônent chez eux et profitent, ainsi, d’une
meilleure collaboration avec le personnel enseignant et éducatif.
L’école libre accompagne les parents tout au long de la scolarité des
enfants, qui ne sentent pas d’opposition entre les deux autorités.
Ceci n’a rien de commun avec la demande récente de Mme Borne d’organiser une réunion par an avec les parents…
Par ailleurs, il existe en général un meilleur suivi individuel de
chaque élève, et ce point essentiel est plébiscité par les parents.
C’est pour cela qu’ils acceptent de payer, parfois cher, et de se sacrifier pour l’école de leurs enfants.
Chaque école, avec ses particularités, crée ainsi une petite société
d’amitié où les élèves trouvent un environnement paisible et cohérent
entre les professeurs, les cadres de l’école et les parents.
La bonne nouvelle est que ceci est parfaitement transposable dans
l’enseignement public.
Mais pour cela, il faut une volonté politique.
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