dimanche 14 avril 2024

ON EN REPARLE ! NOTRE-DAME DE PARIS : PAR-DELÀ LE DRAME ........

 TRIBUNES LIBRES !

IL Y A 5 ANS AUJOURD’HUI : NOTRE-DAME PAR-DELÀ LE DRAME 

(Publié par JSF le 17 avril 2019)


Par Gérard POL. 

 

Les Français ont donc ressenti le terrible incendie de Notre-Dame comme un drame national.  

Mais plus qu’un drame comme un autre, plus qu’un drame comme tant d’autres. Une peine collective. 

Une tristesse partagée. 

Le regret et le sentiment d’une perte matérielle et plus encore immatérielle : celle d’un bien très précieux venu d’une France très lointaine, et où se sont pourtant déroulés quelques-uns des événements essentiels de notre histoire récente.

 Des événements du temps passé et du temps présent qui parlent à nos mémoires personnelles et émeuvent le cœur de tous.

Cette permanence de Notre-Dame dans le temps long, le fait qu’elle témoigne toujours de l’héritage des siècles, dressée comme immuable au cœur de la Ville aux bouleversements inquiétants, le fait qu’elle demeure si singulièrement présente à la vie des Français d’aujourd’hui,  qu’elle soit vivante après tant de siècles dont elle garde toutes les gloires et toutes les beautés, est source de respect, d’admiration, et même d’une sorte d’affection immémoriale, partagée par un très grand nombre de Français, jeunes ou vieux, pauvres ou riches, chrétiens ou non.

 Croyants ou non. 

On a vu, depuis hier, Notre-Dame apparaître comme un bien commun par excellence, dans un pays qui semble n’en avoir plus guère. 

Ainsi, hier mardi, l’excellent site Atlantico résumait l’événement en titrant un article de Bertrand Vergely : « Incendie de Notre-Dame : et notre mémoire ancestrale fit irruption dans la post-modernité ».

 Cette irruption, éclipsant tout, est aussitôt devenue le centre du débat public. Le centre d’une amitié nationale jamais vraiment abolie et transcendante au fardeau du quotidien.        

Reporté le discours d’Emmanuel Macron de lundi soir que l’on attendait religieusement depuis des jours. Reportée sa conférence de presse prévue ce mercredi. 

 Le sort de Notre-Dame a pris naturellement le pas dans l’esprit et le cœur du pays sur les paroles contingentes que l’on y aurait entendues. 

 La survie de Notre-Dame de Paris s’est révélée instantanément d’une dimension tout autre. 

Et le Président de la République, en radicale contradiction avec nombre de ses propos offensants pour la France, a eu raison de déclarer que Notre-Dame est « au centre de notre destin profond ». 

Ainsi, nous aurions un « destin profond » !

 Dans l’épouvante des flammes de Notre-Dame, c’est cela la bonne nouvelle de ces jours-ci.  

La France ressemble à Notre-Dame. Elle est en flammes, fissurée, fragilisée, effondrée, torturée. 

Peut-être trahie.

 Spontanément, la France retrouve dans l’instant le sens de son destin profond

 Pas n’importe lequel. Celui que définit son histoire. 

Il est possible qu’elle ne demande, elle aussi, sans trop le savoir, qu’à être redressée, restaurée, reconstruite.

 Qu’à se retrouver. Il n’est pas interdit – il est même peut-être commandé – de persévérer dans cette espérance.   ■ 

 

[Archives – Article publié le 17 avril 2019].

En « une » du Figaro de ce matin du 15 avril 2024… 

 

 ET AUSSI


Extrait de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo (1831). 1’50

Tous les yeux s’étaient levés vers le haut de l’église…


C’est bref – moins de 2 minutes – on l’écoute ne serait-ce que pour la beauté de la langue et la lecture de Guillaume Gallienne.  

Lu sur France Inter le 16 avril 2019.


 

« Ce qu’ils voyaient était extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus élevée, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée. 

Au-dessous de cette flamme, au-dessous de la sombre balustrade à trèfles de braise, deux gouttières en gueules de monstres vomissaient sans relâche cette pluie ardente qui détachait son ruissellement argenté sur les ténèbres de la façade inférieure.

 À mesure qu’ils approchaient du sol, les deux jets de plomb liquide s’élargissaient en gerbes, comme l’eau qui jaillit des mille trous de l’arrosoir. 

Au-dessus de la flamme, les énormes tours, de chacune desquelles on voyait deux faces crues et tranchées, l’une toute noire, l’autre toute rouge, semblaient plus grandes encore de toute l’immensité de l’ombre qu’elles projetaient jusque dans le ciel.

 Leurs innombrables sculptures de diables et de dragons prenaient un aspect lugubre. 

La clarté inquiète de la flamme les faisait remuer à l’œil.

 Il y avait des guivres qui avaient l’air de rire, des gargouilles qu’on croyait entendre japper, des salamandres qui soufflaient dans le feu, des tarasques qui éternuaient dans la fumée. 

Et parmi ces monstres ainsi réveillés de leur sommeil de pierre par cette flamme, par ce bruit, il y en avait un qui marchait et qu’on voyait de temps en temps passer sur le front ardent du bûcher comme une chauve-souris devant une chandelle ». 


notre-dame-victor-hugo-96c99a-0@1x.jpeg

 

Première parution : avril 2019

Source et Publication :   https://www.jesuisfrancais.blog/2024/04/15

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire