Cheminots, contrôleurs aériens, RATP… l’achat scandaleux de « la paix sociale » pour sauver les JO

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Au coût déjà faramineux de l’organisation des JO à Paris, il faut maintenant ajouter l’achat scandaleux de la paix sociale.

 Celle conclue, mardi, avec les syndicats de la SNCF, demain sans doute avec les contrôleurs aériens et, après-demain, sûrement, avec ceux de la RATP.

C’est une grande première, en effet : chose inédite à la SNCF, tous les syndicats cheminots – SUD Rail, CGT Cheminots, UNSA Ferroviaire et CFDT Cheminots – ont signé, lundi, un accord sur les fins de carrière qui gomme presque en totalité les effets de la réforme des retraites péniblement votée l’an passé.

Alors que deux années de travail supplémentaires sont requises pour tous les salariés du privé et les fonctionnaires, passant l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, et celui des employés de la SNCF de 52 à 54 ans pour les agents de conduite, et de 57 à 59 ans pour les autres personnels au statut, l’accord voté lundi permet « de compenser en partie les effets néfastes de la réforme des retraites », s’est réjoui le secrétaire fédéral de SUD Rail, Erik Meyer, auprès de l’AFP. 

Et la CGT de vanter dans son tract que les syndicats « massivement mobilisés contre cette réforme […] ont ainsi contraint le gouvernement à enjoindre aux employeurs d’ouvrir des négociations sur les fins de carrière ».

 

Exit la réforme des retraites

Concrètement, détaille Le Figaro, « le régime de cessation anticipée d’activité (CAA) des cheminots est allongé et voit sa rémunération relevée à partir de 2025 : il passe de 18 mois à 30 mois pour les agents ayant un métier où la pénibilité est reconnue (avec 15 mois travaillés et 15 mois non travaillés payés 75 % de la rémunération hors primes), et de 12 à 18 mois pour les autres agents (toujours avec la moitié non travaillée). 

Soit un allongement de 3 à 6 mois de la dispense de travail. » 

Pour les contrôleurs, soit la catégorie la plus virulente et prompte à se mettre en grève, le CAA va passer à… 36 mois.

On le sait tous, cela n’a qu’un but : échapper aux grèves pendant les ponts de mai et à l’approche des JO. 

Mais est-on si sûr d’y échapper ? 

 Car il va falloir aussi contenter les agents de la RATP qui ont, le 5 février, déposé un préavis de grève d’avril à septembre. 

Et puis les aiguilleurs du ciel, eux aussi, qui prévoyaient de mettre à l’arrêt, ce jeudi, 75 % du trafic aérien à Orly et 65 % à Roissy et Marseille (notamment) ; soit une pagaille monstre en cette période de vacances scolaires.

Miracle du chantage social, le SNCTA, syndicat majoritaire chez les contrôleurs aériens français, vient d’annoncer la levée de son préavis de grève

Il paraît qu’« une conciliation de dernière minute » a été trouvée avec la Direction générale de l'aviation civile. À quel prix ?

 

Jusqu’à quand, le deux poids deux mesures ?

Le scandale, dans ce pays, est que tous les efforts, qu’il s’agisse d’économies ou des réformes votées (assurance chômage, retraites), ne s’appliquent qu’à ceux qui travaillent dans le privé ; un secteur privé, qui plus est, contraint de financer la gabegie du secteur public !

« En matière sociale, il y a deux France, celle de l'omnibus à qui l'on demande de travailler plus pour redonner de la compétitivité au pays et contenir les déficits, et celle des TGV grand luxe qui dépense sans compter et ne se préoccupe que de ses seuls intérêts. 

Combien de temps ce deux poids deux mesures va-t-il durer ? », demande Jacques-Olivier Martin, dans son édito.

Cela durera aussi longtemps que tous ceux-là pourront prendre en otages leurs concitoyens, c’est-à-dire tant que la lâcheté de l’État le leur permettra et tant que la feuille de route de ce gouvernement se résumera au « quoi qu’il en coûte ».

 
Marie Delarue
Par Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste