vendredi 4 avril 2025

LA POLICE NE PEUT PLUS RIEN FAIRE POUR VOUS ! LE LIVRE CHOC D' UN ANCIEN COMMISSAIRE .....

 

« La police ne peut plus rien pour vous » : l’ancien commissaire Maurice Signolet brise le silence 

[Interview]


Quarante ans de carrière dans la police nationale. 

De la PJ au rang de commissaire divisionnaire. 

Maurice Signolet n’a plus rien à prouver. 

Mais aujourd’hui, il a choisi de parler.

Dans un ouvrage coup de poing, sans langue de bois, il dresse un constat glaçant : la police française, minée par la bureaucratie, les réformes idéologiques et l’abandon politique, est désormais incapable de protéger les citoyens.

Réorganisations absurdes, syndicats tout-puissants, pression judiciaire asymétrique, impunité des délinquants et répression de la dissidence : pour l’auteur, l’État a trahi son contrat de protection. 

Faut-il alors repenser entièrement l’institution policière ? Redéfinir la légitime défense ?

 Maurice Signolet appelle à un sursaut radical. 

Et il nous répond sans détour.

 

 

Breizh-info.com : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ?

J’ai eu « une vie de policier ». 

J’insiste sur ce point car rares sont ceux qui peuvent associer l’engagement d’une vie sans le corréler à un métier, une profession. 

Je pense que quiconque s’engage dans une voie qui touche l’humain ne peut se départir de ce nécessaire engagement personnel qui mêle l’émotion au travail, la considération de l’autre à son quotidien. 

Sinon, je suis marié depuis 51 ans, père de trois enfants et grand-père de six petits enfants !

 

Breizh-info.com : Monsieur SIGNOLET, vous avez gravi tous les échelons de la Police Nationale. Pourquoi avoir choisi de publier aujourd’hui ce que vous présentez comme un cri d’alarme?

 Était-ce votre devoir, votre colère, ou les deux ? 

Pourquoi avoir attendu la retraite pour parler de quelque chose d’aussi grave ?

De façon très pragmatique, tout fonctionnaire de Police, et encore plus s’il fait partie de la haute hiérarchie, est tenu à un devoir de réserve très strict tout au long de sa carrière. 

A ce titre, il ne doit en aucun cas s’en départir, au risque d’encourir des sanctions disciplinaires.

 Il est même interdit à un commissaire de Police de se présenter à une quelconque élection.

 La retraite est, à bien des égards, libératrice, mais surtout elle vous délie de ce « devoir de réserve ». 

Elle confère en outre une légitimité à s’exprimer au regard de l’expérience, du vécu sur le temps long. 

Pour ma part, 40 ans d’exercice me semblent une référence de crédibilité.

Breizh-info.com : Le Titre de votre livre est brutal : La Police ne peut plus rien pour vous.

 C’est une phrase terrible.

 Peut on dire que la République Française a abandonné ses citoyens ?

 

Mon récit n’est nullement un réquisitoire, ni l’expression d’une amertume profonde.

 J’ai égrené chaque jour de ma carrière avec la même intensité d’investissement. 

Je peux dire que j’ai été constant. 

A l’inverse, l’Institution, souvent par effet miroir à la société elle-même, s’est transformée, la « mission » perdant de sa profondeur au profit des velléités de carrière ou financières de ceux qui étaient chargés de l’exercer. 

Mais l’Institution Policière, n’est que le reflet, comme beaucoup d’autres Institutions, d’une déliquescence sociétale généralisée. 

Je pense que plus les témoignages « d’obscurs » se multiplieront, plus la synthèse analytique globale sera possible.

 Alors on comprendra peut être qu’il est temps de redécouvrir le sens du profond, de l’intense, de ce qui nous avait construit jusqu’alors et que les leurres hypnotiques de la soi-disant  « modernité » nous ont fait oublier.

 Car ce n’est pas la République, dans son seul concept politique, qui a abandonné la France. 

Ce sont les français qui ont abandonné la France, en oubliant que chacun, dès sa naissance, reçoit infiniment plus de l’héritage de ses anciens, que ce que lui même apportera tout au long de son existence.

 

Breizh-info.com : Vous décrivez une police démotivée, débordée, souvent empêcher d’agir.

 Mais qui selon vous porte la plus lourde responsabilité dans cet effondrement ? 

Les politiques ? Les syndicats ? La hiérarchie?ou une combinaison des trois? 

Ou encore ceux qui continuent d’obéir aux ordres sans réfléchir aux conséquences ?

On a l’habitude, lorsque d’anciens policiers prennent la plume, de lire le récit de faits divers tragiques ou au retentissement médiatique certain, ce qui permet de mettre en lumière, toujours à leur avantage, ceux qui n’en ont été que les témoins de part leur simple fonction. 

J’ai connu de tels faits, mais j’ai voulu simplement relater le quotidien dans sa réalité et non pas dans sa sublimation. 

Au lecteur, au fil du récit de décrypter la responsabilité de chacun, car c’est un camaïeu de tout ce que vous citez qui est responsable de la situation. 

Une constante cependant : la mission policière s’est délitée au fil des bouleversements sociétaux inédits de ces quarante dernières années suggérant son adaptabilité en interne, ce qui était prévisible.

 

Breizh-info.com : Il y a eu des réorganisations incessantes, des réformes à répétition. 

Derrière les grands mots ( « Modernisation » « Territorialisation », etc ), y voyez vous une forme de sabotage idéologique de la Police ?

Toutes les réformes que l’on a connu, et que l’on connaîtra encore, sont liées exclusivement à un agenda politico-culturel élitaire qui vise à transformer la société au seule bénéfice de cette élite.

 La dissolution de la Nation, la dilution de l’identité culturelle, la disparition d’un territoire et d’un peuple au profit d’un espace et d’une population considérant les individus quantitativement et non qualitativement dans un seul but de marchandisation planétaire, dictent cet agenda. 

Si l’on regarde attentivement toutes les réformes concernant la Police qui visent à militariser à l’extrême, à privilégier les unités d’intervention, les unités de maintien de l’ordre, à doter les forces de l’ordre de matériels péremptoires à l’apparence de plus en plus martiale, à avoir recours massivement à la techno-police ne doivent tromper personne. 

L’épisode des gilets jaunes, qui a été la dernière vraie manifestation de la « noblesse des pauvres », ceux qui ne sont rien et qui pourtant représentent ce qu’il y a de meilleur, est éloquent.

 Bafoués, battus, éborgnés, on leur a vite fait comprendre qu’ils devaient retourner dans leur sous préfecture et se taire.

 Quant aux faits de délinquance, qui touchent dans leur chair et dans leur âme toutes les victimes, quelques éléments de langage au 20 H de TF1 suffiront à passer à autre chose !

 

Breizh-info.com : Vous évoquez les mafias, les réseaux criminels, la corruption. Jusqu’à quel point l’État n’est il pas infiltré ? 

Existe-t-il encore un véritable contre-pouvoir policier à ces organisations, ou tout cela est-il devenu une illusion ?

Dieu merci, nous ne sommes pas un Narco-Etat ! 

Bien sur nous sommes submergés par le trafic de stupéfiants, mais rien de comparable avec le Mexique ou la Colombie où les mafias et les réseaux criminels sont omniprésents ! 

`La corruption qui règne dans ces pays est massive et rien de tel n’existe chez nous.

 Par contre, une élite politique – médiatique – culturelle pour ne pas dire du spectacle, issue de trois ou quatre jardins d’enfants parisiens jusqu’à l’École Alsacienne verrouille désormais notre destin. 

Par ruissellement, des cohortes de réseaux, qu’ils soient d’ordre « ésotérique » ou simplement amical, s’agrègent au gré des cooptations à cette élite, souvent pour bénéficier de ses largesses.

 Briser ce schéma ancré de longue date s’avérera difficile…

 

Breizh-info.com : Aujourd’hui on constate un déséquilibre flagrant entre l’impunité croissante de la racaille et la répression administrative, judiciaire ou médiatique qui s’abat sur les policiers ou les citoyens ordinaires qui se défendent.

 Sommes nous entrés dans une inversion des normes ?

Nous vivons « la queue de comète » du surréalisme prôné par André Breton et de l’existentialisme développé par Kierkegard et Jean Paul Sartre.

L’ « individu » est sublimé jusque dans ses pulsions, ses intuitions, au détriment du groupe et des obligatoires règles normatives nécessaires à son existence.

 Ce n’est donc pas une inversion, mais la disparition d’un canevas normatif au profit d’une sociopathie reconnue comme enfin libératrice de l’« individu ».

Le policier d’aujourd’hui apparaît donc un peu comme « le ramasseur de péchés » dans « l’arrache cœur » de Boris Vian !

 La « normalité » devient la simple expression de la « beauferie ».  Rien d’autre !

 

Breizh-info.com : Les citoyens ont accepté de déposer les armes il y a longtemps en échange d’un pacte : celui d’être protégé par la Police et la Justice. 

Or ce contrat semble être rompu. Faut il redonner un cadre légal à l’auto défense citoyenne ? 

Vous qui avez vu la montée de l’insécurité, que pensez vous de ceux qui affirment que nous devrons organiser la sécurité de nos quartiers nous mêmes ? 

Serait-ce la suite logique de la faillite de l’État ? 

 En tant qu’ancien divisionnaire, regardez vous d’un œil compréhensif les commerçants, les riverains, les parents qui en viennent à vouloir faire justice eux mêmes ?

Je vais vous faire une réponse globale à ces trois questions. On ne peut envisager le retour à l’auto défense, ni même à l’organisation de milices de quartiers.

 Cela suggérerait des risques de dérives car rien n’en délimiterait la légitimité ni la proportionnalité qui seraient soumises à des critères d’appréciation beaucoup trop aléatoires.

 Il faut se référer à Joseph de Maistre, ce philosophe du 18ème siècle qui ne croyait pas à la linéarité de l’évolution allant d’un point

 A à un Point B, mais parlait de la succession d’époques elles mêmes caractérisées par des périodes. 

Il expliquait que souvent ces périodes brillaient encore malgré leur déclin comme la lumière d’une étoile qui nous parvient alors qu’elle est éteinte depuis longtemps.

 J’ajouterais pour ma part, que nous vivons une parenthèse, que je qualifierais de « parenthèse du vide » qui brille encore de quelques feux !

 Il suffirait que non pas un homme providentiel, mais un peuple providentiel redécouvre sa grandeur et sa force pour que…tout redevienne normal ! 

Ne désespérons pas !

 

Breizh-info.com : Si vous étiez aujourd’hui Ministre de l’Intérieur avec les pleins pouvoirs, quelles seraient les trois mesures d’urgence à prendre pour redresser la situation ?

Pour vous répondre de façon humoristique je vous dirai que je ferai repeindre mon bureau car si j’étais Ministre de l’Intérieur, cela signifierait que la démocratie représentative serait redevenue ce qu’elle n’aurait jamais du cesser d’être, le lien indéfectible entre « démos », le peuple et « kratos » , le pouvoir, le commandement.

 Un ministre, un gouvernement ne seraient alors que de simples délégataires, des exécutants de la volonté du peuple ! 

Vous voyez que nous avons encore un long chemin à parcourir…

 

Breizh-info.com : Peut on encore sauver la Police telle qu’elle existe ? 

Ou faut il aller jusqu’à une refondation complète, peut être même en rupture avec l’idéologie du droit à tout prix ?

C’est le cœur même du débat.

 L’« État de Droit » écrit en majuscules, est il un catalogue de « l’état des droits » avec une minuscule et au pluriel, qui se chevauchent, s’entremêlent, se contredisent, s’annulent les uns les autres dans des débauches revendicatives de tous ordres, ou est ce le « Droit de l’État » à intervenir pour garantir la pérennité de la Nation donc d’un Peuple ? 

C’est toute la question.

 

Breizh-info.com : Enfin, une question plus personnelle : après quarante ans de service, ressentez vous aujourd’hui plus de fierté ou d’amertume ?

Ni l’un ni l’autre. J’ai été. J’ai fait ce que je devais faire. 

Aujourd’hui, je me laisse aller aux rêveries solitaires, à la poésie de l’instant, à la contemplation du temps qui passe.

 Et je me dis : « Mon Dieu, que la France est Belle » !

 

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