Les Mahorais, eux, osent faire le lien entre immigration et insécurité
Ce mardi 16 avril, le gouvernement lance une opération « Mayotte place nette » visant à lutter contre l’immigration illégale et l’insécurité du département d’outre-mer.
Marie Guévenoux, le ministre délégué chargé des Outre-mer, l’a annoncé ce jour, sur le plateau de Télématin : « Depuis ce matin dès l’aube à Mayotte, deux opérations, une de police et une de gendarmerie, ont lieu sur le terrain, dans deux points différents de l'île. » 400 policiers et gendarmes ont été déployés dans le cadre de cette intervention.
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Derrière « Mayotte place nette » se cache, en réalité, un Wuambushu 2 qui ne dit pas son nom.
L'exécutif ne semble plus très à l’aise avec le terme mis en avant, un an plus tôt.
Ce mot, qui signifie « reconquête » en mahorais, n’a plus la même valeur depuis l’échec relatif de la première version de l’opération coup de poing menée en avril 2023.
La sémantique change, pas le fond du problème.
Mayotte convoitée
Mayotte, département français depuis 2011, est confronté à une immigration massive venue « des îles des Comores, de l’Afrique des Grands Lacs et de la corne de l'Afrique », comme l’indique un observateur local à BV.
Selon lui, ce flux serait dû « à un écart civilisationnel flagrant entre Mayotte et le reste de la zone ».
Le département d’outre-mer bénéficie « d’infrastructures de soin et de santé qui créent un important différentiel de qualité de vie » avec les Comores notamment.
En outre, le PIB mahorais est plus de sept fois plus important que celui de son voisin comorien.
Des éléments qui, ajoutés aux aides sociales offertes par la France, « attirent les immigrés comme un aimant ».
Le problème est qu’ils ne sont pas spécialement les bienvenus à Mayotte.
Les Mahorais ne veulent pas d’afflux massifs de Comoriens sur leurs terres.
Ils considèrent « qu’ils n’ont rien à faire à Mayotte et en France », mais aussi qu’ils sont à l’origine de la montée de l’insécurité dans leur département.
Les locaux font le lien entre les chiffres de la délinquance et ceux de l’immigration, tous deux très élevés.
Deux problématiques sur lesquelles ils sont localement impuissants et réclament l’aide de l’État.
En février dernier, plusieurs manifestations ont été organisées pour interpeller les pouvoirs publics et provoquer une nouvelle intervention.
Mahorais et élus locaux souhaitaient « la reprise de Wuambushu », comme rapporté par Estelle Youssouffa, députée LIOT de Mayotte, ce matin, sur l’antenne de France Info.
Après l’opération Wuambushu 1 et le départ des forces de l’ordre, « les bandes violentes ont repris du poil de la bête et ont recommencé les actes de terreur qui empêchent la vie normale à Mayotte ».
Au vu de la situation, une seconde opération d'envergure était devenue indispensable.
Mayotte dévastée
Elle a démarré ce jour. Comme la première, elle aura sans doute des effets sur l’instant, mais qu’en sera-t-il à long terme ?
Entre Mayotte et les Comores, les connexions sont nombreuses, c’est un même archipel.
Les voyageurs inter-île ne pourront pas disparaître du jour au lendemain.
Beaucoup de Comoriens ont de la famille à Mayotte et reviendront inlassablement sur le territoire français pour la rejoindre.
Pour eux, il s’agit d’un même ensemble et « c’est une anomalie que Mayotte soit détachée du reste de l’archipel », comme le rapporte notre contact.
Les 1.700 policiers et gendarmes déployés vont accomplir un travail nécessaire et indispensable (destruction de bangas, interpellations de chefs de bandes, lutte contre l’immigration illégale), mais onze semaines plus tard, lorsqu’ils retourneront en métropole, que se passera-t-il ?
Les opérations « Place nette » sont ponctuelles, elles visent à rassurer la population, à montrer que le gouvernement est dans l’action.
C’est un premier pas. À Mayotte, le gouvernement semble vouloir également faire le second en supprimant le droit du sol et en réduisant de 90 % le nombre de titres de séjour délivrés.
Des réformes réclamées par des Mahorais à bout, étudiées par Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, prochainement présentées en Conseil des ministres et déjà dénoncées par une partie de la classe politique.
Pour changer !
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