mercredi 17 avril 2024

LA BONNE QUESTION : MACRON EST-IL UN PRÉSIDENT NORMAL ?


Le gouvernement aux abois


Gabriel Attal, c’était le joker d’Emmanuel Macron. L’homme qui, une fois propulsé à Matignon, devait redonner du lustre à la fonction de Premier ministre et enrayer la spirale infernale des sondages. 

Mais dans ce plan brillant, les deux hommes semblent avoir négligé un menu détail : l’équipe gouvernementale, ou ce qu’il en reste.

Ainsi, hormis Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Rachida Dati, dans une moindre mesure, leurs autres collègues demeurent de parfaits inconnus, régulièrement remplacés par des anonymes, à chaque remaniement ministériel.

 Résultat ?  Macron comme Attal tentent d’emplir ce vide, par leur propre soin créé.

Du coup, le Premier ministre innove, annonçant remplacer, le 3 avril, ses ministres en question lors des traditionnelles « questions au gouvernement » posées chaque mercredi dans l’Hémicycle.

 Notons que cette idée lumineuse est le fait de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Concept qui avait déjà été proposé à Élisabeth Borne ; laquelle, pas folle, avait refusé cet exercice inspiré du Prime Minister’s Questions de la Chambre des communes au Royaume-Uni.


 

Faire « américain », faire « anglais », mais jamais « français »…

Il y avait déjà eu Nicolas Sarkozy, surnommé « Sarko l’Américain » par ses adversaires de droite comme de gauche. 

Puis Emmanuel Macron et sa « start-up nation ».

 Serait-ce trop demander à nos Présidents de vivre à l’heure française plutôt qu’à celle de la Maison-Blanche ou du 10 Downing Street ? 

Il semble que oui.

Alors, bien sûr, Gabriel Attal maîtrise le verbe comme personne, point commun qu’il a avec Emmanuel Macron.

 Mais il devrait aussi savoir que plus la parole est rare, plus elle est précieuse. 

D’où l’insidieuse impression que cette omniprésence langagière ne sert finalement qu’à dissimuler la pagaille et l’improvisation permanentes régnant dans les plus hautes sphères de l’État. 

Et pourrait même se révéler singulièrement contre-productive, sachant qu’en politique, on perd le plus souvent à vouloir trop se surexposer.

Ce que confirme Émilie Zapalski, spécialiste en communication politique, citée par Le Huffington Post : « Gabriel Attal est quelqu’un de très volontaire et ambitieux.

 Il a envie d’occuper le terrain, quitte à être partout et à la place des uns et des autres. […]

 Sa communication politique est tellement poussée à l’extrême que ça risque de se voir. »

La preuve en est que ce projet est déjà raillé par l’opposition parlementaire, ce qui est logique ; mais également dans les rangs d’une majorité présidentielle toute relative : « Ce n’est peut-être pas une bonne idée. […]

 Chaque ministre doit rendre des comptes »estime Ludovic Mendes, député mosellan et macroniste historique. 

Même son de cloche chez les alliés du MoDem, dont Jean-Paul Mattéi, son président au palais Bourbon, qui affirme : « Pour moi, un gouvernement, c’est une équipe. » 

Charmant garçon, encore bercé d’illusions, qui fait semblant de croire que le Château puisse être suspendu à la parole d’un François Bayrou depuis longtemps démonétisé aux yeux de l’opinion publique…

Ensuite, il est licite de se demander comment et pourquoi une telle initiative a bien pu germer en des cerveaux donnés pour supérieurs par ces mêmes médias tenant naguère un Bruno Le Maire ou un Emmanuel Macron pour des « Mozart de la finance ». 

Vu l’actuel état des comptes publics, nous sommes en droit de nous interroger.

 

Le pouvoir en place tétanisé par le RN ?

La réponse est peut-être toute simple : de Matignon à l’Élysée, ceux qui font mine de nous gouverner sentent bien que le sol se dérobe sous leurs pieds. 

Et ce besoin compulsif de se mettre en avant pourrait aussi dissimuler une sorte de fuite… en avant. 

Pourquoi ? Parce que Gabriel Macron et Emmanuel Attal, ludions parfaitement interchangeables, sont tétanisés par deux choses : le triomphe possible de Jordan Bardella aux prochaines élections européennes et la potentielle arrivée de Marine Le Pen à l’Élysée.

Il est vrai que Gabriel Attal – magie du verbe oblige – est l’un des seuls à souvent faire jeu égal avec Jordan Bardella sur les plateaux télévisés. 

On remarquera pourtant que le second, tout aussi au fait des subtilités politico-médiatiques que le premier, a le verbe économe, envoyant tour à tour un Thierry Mariani, ancien du RPR, ou un Fabrice Leggeri, ancien patron de Frontex, débattre à sa place avec ses adversaires du scrutin de juin prochain.

 

Soit le signe que derrière lui existe une stratégie et, surtout, une équipe, au contraire d’un Gabriel Attal en passe de se reconvertir dans le « seul en scène ». 

Rien d’étonnant, quand on sait que « seul », il l’est tout autant à Matignon que son mentor à l’Élysée.

Avec un pouvoir réduit à de tels expédients médiatiques censés nous faire croire que le roi n’est pas nu, ne manquerait plus qu’un Jamel Debbouze vienne porter plainte pour concurrence déloyale.

 

 Car comique, c’est un métier, même si Gabriel Attal paraît insurpassable dans le registre de l’humour involontaire.

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Boulevard Voltaire

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