Georges Danton, en voilà une personnalité tonitruante de la Révolution française !

 Danton, qu’est-ce que c’est ? C’est d’abord une voix imposante mais aussi une formidable audace et une liberté à tout égard. 

Danton c’est un cœur qui succombe à toutes les passions, bonnes ou mauvaises, et que seul le couperet de la guillotine a su arrêter il y a 230 ans, le 5 avril 1794.

 Mais comment ce pilier de la Révolution a-t-il fini par être dévoré comme de nombreux autres par la Révolution ?

 

La Révolution dévore ses enfants

Formidable acteur de la Révolution et Montagnard convaincu, Danton est toujours resté conscient des risques de confrontation et d'autodestruction des révolutionnaires.

 Pour cela il ne cesse d’essayer de devenir un partisan de la conciliation mais se rétracte de peur d’être pris pour un modéré et de finir à la guillotine comme les Girondins.

 Pour montrer sa détermination, Danton propose, le 10 mars 1793, la création d’un tribunal révolutionnaire qui deviendra une arme pour les partisans de la liberté et contre ceux qui conspirent contre la Révolution. 

Cette instance à la justice expéditive rejette les appels et fait appliquer les sentences en moins de 24 heures.

 Pour justifier sa décision, il proclame « Le salut du peuple exige de grands moyens et des mesures terribles […] Soyons terribles pour éviter au peuple de l’être ».

 Il l’ignore mais cette arme finira par se retourner contre lui un an plus tard.

 Cependant, cet acte ne l’empêche pas d’être jugé de plus en plus modéré.

 En effet, Danton ne cesse de s’opposer à Robespierre, à sa Terreur et à son Comité de Salut Public.

 Ce dernier finit, en mars 1794, suite à une longue bataille politique, par prononcer son arrestation afin de le traîner devant le Tribunal Révolutionnaire pour le condamner à mort et enfin au silence.

 Selon l’académicien Max Gallo dans sa Révolution Française, Saint-Just proclame ainsi à la Convention : « Danton a été […] le protégé de Mirabeau, ce personnage affreux.

 Il était aux côtés de Dumouriez, le traître, le déserteur. Il a cherché à sauver les Girondins.

 Il a fait l'apologie des hommes corrompus dont il a été le complice.

 Méchant homme, Danton a comparé l'opinion publique à une femme de mauvaise vie.

 Il a dit que l'honneur était ridicule, que la gloire et la postérité étaient une sottise. […] 

Que tout ce qui fut criminel périsse ».

 

Le procès Danton

Pour Danton, l’affaire peut être renversée contre ses adversaires. 

Talentueux orateur, il compte bien utiliser ses dons pendant le procès afin de se défendre et retourner l’opinion publique contre ses accusateurs.

 Il reste néanmoins conscient des enjeux de cette affaire et lorsque le terrible Fouquier-Tinville lui demande son identité, il déclare : « Georges Jacques Danton […] bientôt dans le néant, ensuite dans le Panthéon de l'histoire ! […] J’ai fait instituer le tribunal révolutionnaire.

 J'en demande pardon à Dieu et aux hommes, mais le peuple respectera ma tête, oui, ma tête guillotinée ».

 Lorsqu’on lui porte des accusations de corruption, il répond aussi sec : « Moi vendu ? Un homme de ma trempe est impayable ! ». 

Mais rien n’y fait : la voix de Danton ne saurait arrêter la Révolution.

 La sentence de mort est alors prononcée pour Georges Danton et ses comparses Camille Desmoulins et Fabre d’Eglantine.

 Avant de monter dans la charrette qui l’amène vers la place de la Révolution afin d’y être guillotiné, on lui lit le verdict du tribunal auquel il crache : « Ton jugement, je m’en fous ».

 Sur le chemin qui le mène à la mort, Danton passe devant la maison de l’Incorruptible et dit : « J’entraîne Robespierre ! Robespierre me suit ». 

Une véritable prophétie qui s'accomplit trois mois plus tard, le 28 juillet 1794. 

Arrivant devant l’échafaud, Danton monte seul à la guillotine et dit au bourreau Sanson : « N’oublie pas surtout, tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine ».

Ainsi disparaît Georges Danton, véritable acteur de la Révolution qui n’aura pas su résister à l’appétit vorace du soi-disant progrès de sa propre créature. 

Néanmoins, il marque son époque par sa voix, par ses capacités d’homme politique et aura su faire du dernier acte de sa vie sa plus belle tribune pour l’Histoire.