L’affaire tombe à point nommé, deux mois avant les élections européennes.

 Une tempo idéal pour redresser les inquiétantes courbes d’intention de vote en faveur de la liste macroniste conduite par Valérie Hayer et pour doper la liste de Raphaël Glucksmann, le champion PS-Place Publique, qui a elle plutôt le vent en poupe.

 Idéal surtout pour tenter d’enrayer l’envolée d’une liste RN qui caracole à 30 % d’intentions de vote et panique l’Elysée.

De nombreux médias font état d’une entreprise de corruption russe au Parlement européen.

 Le pays de Vladimir Poutine aurait rémunéré plusieurs élus, tous dits « d’extrême droite ».

 France 2 a même choisi de mettre le sujet en Une du 20 heures de Laurent Delahousse vendredi soir.

« Une cabale montée de toute pièce »

 

Les services de renseignement tchèques auraient lancé l’alerte.

 Le Premier ministre belge Alexander de Croo a précisé devant son Parlement : « La Russie a approché des Eurodéputés et a payé pour qu’ils exercent de la propagande russe »

 Comment ? Via un site Internet basé à Prague, le site Voice of Europe, désormais fermé, qui appartenait à un oligarque ukrainien pro-Russe. 

 Des vidéos d’interviews de Voice of Europe circulent en effet sur les réseaux sociaux, mettant en cause des élus étrangers et trois élus du RN : Philippe Olivier, Thierry Mariani et Patricia Chagnon. 

Citée par de nombreux médias, Patricia Chagnon n’avait curieusement été contactée par aucun journaliste ce 3 avril au matin.

 

Cette spécialiste de la stratégie d’influence du Qatar, auteur d’un livre très documenté sur le sujet, prépare une réponse judiciaire. 

Auprès de Boulevard Voltaire, Patricia Chagnon évoque « de toute évidence, une cabale montée de toute pièce ».

 Elle a bien donné une interview à un journaliste canadien œuvrant pour Voice of Europe, dans l’enceinte du Parlement européen, admet-elle. 

« Mais plusieurs médias sous-entendent que j’aurais touché de l’argent, poursuit Patricia Chagnon qui dément radicalement.

 La corruption doit être punie sévèrement.

 Il se trouve que je n’ai jamais touché d’argent de ce média, pas reçu le moindre cadeau, ni stylo, ni bouteille, ni invitation à déjeuner… 

Je n’ai trempé ni de près ni de loin dans les influences russes. 

Ils peuvent venir perquisitionner mon bureau ».

« Une cinquième colonne au service de Poutine »

 

A gauche et chez les macronistes, l’accusation a des allures de divine surprise. 

Très offensive, Nathalie Loiseau (Renew) explique qu’elle alerte depuis des années sur des tentatives d’ingérence russe à l’intérieur de nos institutions. 

Elle a posté elle-même sur X une interview donnée à Radio classique.

 Marie Toussaint, la candidate verte, réclame des règles d’éthique au Parlement européen, comme Manon Aubry chez LFI.

Mais c’est le député européen et candidat du PS-Place publique Raphael Glucksmann, passé complètement à côté du Qatargate lui-aussi, qui bat tous les records à l’indignomètre, cet outil de mesure de l’indignation de circonstance : personne ne lui reprochera l’excès de prudence.

 « Des dirigeants de l’extrême-droite européenne payés en cash pour répercuter la propagande russe, écrit-il sur X.

 Le scandale Voice of Europe montre une fois de plus que les patriotes de pacotille de l’extrême droite sont une cinquième colonne au service de Poutine ».

 Comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même, Glucksmann en profite pour se jeter des fleurs. « Le mode opératoire est typique des ingérences que j’ai méthodiquement analysées et combattues à la tête de la commission spéciale du Parlement ».

Le problème, c’est que ladite Commission sur les ingérences étrangères fut notoirement aveugle sur le Qatargate.

 Rappel des faits. « Le 9 décembre 2022, l’eurodéputée grecque (socialiste, nldlr) Eva Kaïlí, alors vice-présidente du Parlement européen, est interpellée à son domicile bruxellois avec 150.000 euros cachés en petites coupures dans des bagages à main et des sacs de voyage, explique le site européiste Toute l’Europe.

 Son père, qu’elle a averti quelques instants plus tôt, est intercepté avec près de 500.000 euros alors qu’il tente de prendre la fuite.

 En tout, 1,5 million d’euros sont saisis ce jour-là par la police fédérale belge à l’occasion de 16 perquisitions ».

 Toutes les personnalités impliquées, députés européens, anciens députés, assistants, sont liés au PS, le parti du président de la Commission de lutte contre les ingérences étrangères, Raphaël Glucksmann !

« Boules puantes »

 

Interrogé par BV, le RN renvoie évidemment le mistigri. 

« De la part des socialistes mouillés jusqu’au cou dans le Qatargate, cela ne manque pas de sel ! », s’amuse le député RN Julien Odoul contacté par BV. 

Pour lui, le RN est plus que d’autres à l’abri de ces séductions. 

« Nous sommes des patriotes, notre proposition, c’est la France avant tout, dit-il. Quelles que soient les ingérences, nous sommes en première ligne pour les éviter »

L’élu voit derrière cette offensive la main du pouvoir : « Ce sont les arguments miteux de la macronie : elle va faire de la Russie et de l’Ukraine son seul argument de campagne, en jouant sur une politique de la peur et de l’intimidation », prévoit-il, évoquant des « boules puantes lancées depuis des mois par nos adversaires politiques »

 Pour Julien Odoul, ce Russiagate sert de paravent à d’autres influences et d’autres corruptions venues d’Arabie saoudite, du Qatar, de la Chine ou des Etats-Unis.

 

Quoi qu’il en soit, avant que la justice ne tranche dans un sens ou un autre, cette offensive bénéficiera d’un puissant relais médiatique. 

Aux Etats-Unis, le Russiagate, complètement creux, avait empoisonné les campagnes de Donald Trump. 

Du bon usage de la corruption…