jeudi 18 décembre 2025

LA COLÈRE DES AGRICULTEURS S' EMPLIFIE ! DIRECTION BRUXELLE !

 

Agriculteurs en révolte : Christophe Guilluy voit s’effriter le modèle métropolitain

Alors que la crise agricole s’enracine et que les images de blindés déployés face à des éleveurs en Ariège ont profondément marqué l’opinion, le géographe Christophe Guilluy replace, dans une interview au Figaro, cette colère dans une lecture plus large : celle de l’opposition entre la France des centres urbains mondialisés et celle des territoires productifs. 

Selon lui, cette fracture n’est ni anecdotique, ni conjoncturelle : elle signe l’effondrement d’un modèle économique et culturel, celui de la « Métropolia », au profit de ce qu’il appelle « Périphéria ».

 

Métropolia contre Périphéria : le renversement d’un modèle

Pour Guilluy, les métropoles incarnent un système hérité du XXe siècle : tertiarisation, globalisation et déconnexion croissante d’avec la production réelle. 

Cette construction, soutenue par les élites politiques et économiques, aurait progressivement marginalisé les classes moyennes et populaires, tout en sacrifiant agriculture et industrie.

À l’inverse, la France périphérique – territoires ruraux et villes moyennes – resterait le socle de la production industrielle et agricole. 

Dans un contexte mondial où les puissances émergentes valorisent leurs capacités productives, Guilluy estime que l’avantage stratégique bascule désormais vers ces régions délaissées.

Pour le géographe, la mobilisation actuelle s’inscrit dans la continuité des « gilets jaunes ». 

Dans les deux cas, il ne s’agirait pas de revendications strictement matérielles, mais d’un soulèvement portant sur la dignité et le sens : un refus de la dépossession économique, sociale et culturelle.

Les agriculteurs qui défendent leur troupeau reflètent selon lui un rapport existentiel à leur métier. 

L’enjeu n’est pas uniquement financier mais identitaire : la protection d’un mode de vie et d’un savoir-faire. 

Lorsqu’il observe des éleveurs expliquer que « l’argent n’est pas leur motivation première », Guilluy y voit le signe d’un désaccord profond avec une vision technocratique de l’agriculture.

 

Une adhésion populaire qui dépasse le monde agricole

Malgré le faible poids numérique des agriculteurs dans la population active, Guilluy relève un soutien massif et durable.

 Il y voit la preuve que cette minorité exprime les inquiétudes d’une majorité silencieuse : classes moyennes, zones rurales et périurbaines, travailleurs indépendants.

 

Cette solidarité serait liée, selon lui, aux trois insécurités générées par le modèle métropolitain :

– sociale ;
– physique ;
– culturelle.

 

Face à cela, la majorité ordinaire réclamerait un projet articulé autour de quatre axes :

– le travail et la réindustrialisation ;
– la préservation des services publics ;
– la sécurité ;
– la maîtrise des flux migratoires.

 

Le déclin des clivages politiques classiques

Autre point saillant de l’analyse : pour Guilluy, les catégories politiques traditionnelles – droite/gauche – ont cessé d’expliquer les rapports de force actuels.

 

Il décrit un transfert du pouvoir politique et culturel « du haut vers le bas » : la majorité populaire construirait désormais son propre diagnostic, indépendamment des partis.

 La poussée du vote protestataire et les enquêtes d’opinion favorables à des figures dites « anti-système » illustreraient cette dynamique.

 

Enfin, Guilluy associe la crispation de l’État – symbolisée par l’usage de blindés ou par le refus des élites à remettre en jeu le vote – à une perte de légitimité.

 La coercition témoignerait moins de force que de faiblesse.

Dans sa perspective, ce ne sont pas les manifestants qui s’essoufflent, mais le modèle qui leur répond.

 La « Guerre des mondes » qu’il évoque n’oppose pas modernité et archaïsme, mais technostructure et réalité productive. 

Et dans un monde multipolaire, affirme-t-il, ce sont les nations fondées sur l’industrie et l’agriculture qui reprennent l’avantage.

 

À travers cette crise agricole, Guilluy voit bien plus qu’une tension sectorielle : le symptôme d’une recomposition historique. 

Une France rurale et périphérique, longtemps reléguée, impose aujourd’hui son existence politique et culturelle face à un modèle métropolitain jugé à bout de souffle.

Que l’on partage ou non son analyse, une certitude s’impose : la colère agricole dépasse largement le prix du lait ou de la viande. 

Elle révèle un basculement du rapport de force, semblable à celui observé lors des gilets jaunes, et pourrait bien annoncer un changement profond dans le paysage politique et territorial français.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)

 


 ET AUSSI


Colère agricole : la fronde des campagnes s’étend et menace de déborder les frontières

En ce mois de décembre 2025, la France rurale ne se contente plus de murmurer son désarroi : elle le crie, elle le hurle, elle le clame sur les routes nationales, les ronds-points, jusqu’aux portes des préfectures et même devant les institutions européennes.

 Le Sud-Ouest a allumé la mèche, mais c’est désormais tout le territoire qui s’embrase autour d’une colère agricole qui dépasse de loin la question sanitaire de la dermatose nodulaire contagieuse.

Car derrière l’abattage systématique de troupeaux — symbole d’incompréhension et de rupture — se profile une défiance plus profonde envers l’État, Bruxelles, et un modèle agricole européen jugé incapable de défendre ceux qui nourrissent le pays.

 

L’abattage massif, la goutte d’eau qui fait déborder les campagnes

Tout est parti de l’Ariège, le 9 décembre : un foyer détecté, puis l’abattage de centaines de bovins malgré l’opposition farouche des éleveurs. 

Entre pneus brûlés, routes bloquées et veillées nocturnes, les images diffusées dans tout le pays ont eu l’effet d’un électrochoc.

 

En une semaine, la mobilisation a essaimé :

– plus de cent foyers de DNC recensés,
– près de 3 300 bêtes abattues,
– et des barrages sur les grands axes du Sud-Ouest, puis en Rhône-Alpes, en Occitanie, en Bourgogne, en Normandie, jusqu’aux portes de la Bretagne.

Guide Bretagne

Les syndicats — pourtant souvent opposés — ont parlé d’une seule voix : Confédération paysanne, Coordination rurale, FDSEA, Jeunes agriculteurs.

Tous ont dénoncé des mesures disproportionnées, l’absence de concertation, et une politique sanitaire vécue comme une « punition » plutôt qu’un soutien.

 

Des gestes forts : lisier, feux, tracteurs… et symboles

Sur les routes et devant les institutions, les actions ne sont pas qu’un rapport de force : elles sont un langage.

 

À Lannion, du lisier projeté sur les murs de l’agglomération. À Rennes, un barrage de tracteurs devant la DRAAF.

 

 

Dans le Sud-Ouest, des agriculteurs prêts à passer Noël sur les barrages.

 Dans la Manche, un feu annoncé comme « flamme de la détresse ».

Ces gestes disent la même chose : le fossé entre les bureaux parisiens ou bruxellois et ceux qui vivent la terre au quotidien n’a jamais été aussi visible.

 

De la maladie bovine à Mercosur : l’extension du domaine de la lutte

La contestation ne s’arrête pas à la DNC. 

Très vite, d’autres griefs ont ressurgi :

– la baisse annoncée du budget PAC ;
– l’accord UE–Mercosur ;
– la concurrence étrangère ;
– les normes environnementales ;
– et la pression fiscale.

 

Et c’est là que réside le cœur du mouvement : la dermatose n’a été qu’un déclencheur. 

Les racines, elles, sont socio-économiques, politique, et existentielles.

 

 

 

 

Pour beaucoup d’agriculteurs, ce qui se joue dépasse la survie d’un troupeau : c’est la survie d’un modèle de vie, d’une filière, d’un territoire.

D’où la perspective inquiétante, mais bien réelle : la convergence des luttes agricoles avec d’autres secteurs. Routiers, artisans, professions libérales rongées par les normes… Les ingrédients d’une contagion sociale sont réunis.

À Strasbourg, les tracteurs français ont rejoint ceux venus d’Allemagne, d’Italie, et de Belgique. Bruxelles se prépare à accueillir jusqu’à 10 000 agriculteurs.

Le message est simple : ni Mercosur, ni baisse de PAC, ni économie sans souveraineté alimentaire.

Cette européanisation de la colère agricole n’est plus une hypothèse : c’est une réalité.

Cette colère révèle la lassitude face à des réglementations jugées coupées du réel mais aussi l’exaspération face à l’importation de produits moins chers et l’inquiétude face à la disparition d’une génération d’éleveurs.

Elle dit aussi — et c’est nouveau — que les campagnes ne se contentent plus de subir. Elles ripostent.

Et si le gouvernement a promis vaccination, indemnisations et renforts vétérinaires, les syndicats ne s’en satisfont pas.

L’avertissement est clair : si Bruxelles maintient son cap, si Paris ne recule pas, alors le pays pourrait connaître une mobilisation longue, structurée, et plus large que celle de 2024.

Une crise agricole… ou une crise de civilisation ?

Ce que nous observons n’est pas seulement un conflit sanitaire. 

C’est un affrontement entre deux visions : celle d’une agriculture productrice et enracinée et celle d’une technocratie qui parle quotas et marchés mondiaux.

Le monde rural s’est longtemps tu. 

Aujourd’hui, il a trouvé sa voix — et ses alliés.

Le bras de fer ne fait que commencer.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)


[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

 


 

 

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