TRIBUNES LIBRES !
Noël, une fête plus contestée en France que dans les pays musulmans ?

La « guerre de Noël » a bien eu lieu.
Comme c’est devenu une triste tradition en France, nous avons eu droit, cette année encore, à de nombreuses polémiques autour de la fête de Noël.
Crèches interdites dans les mairies, décorations municipales réduites au strict minimum et épurées de la moindre connotation religieuse, emploi systématique de l’expression « fêtes de fin d’année » par une grande partie du personnel politique…
On voudrait effacer nos racines qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
Une « fille aînée de l’Église » en perte de repères
Ce grand effacement – ce « mémoricide », dirait sans doute Philippe de Villiers – est encore plus frappant quand on compare la France à d’autres pays, notamment musulmans.
À Dubaï, par exemple, le marché de Noël brille de mille feux et fait le plein de visiteurs, proposant sans complexe vin chaud et produits à base de porc.
« Pendant qu’en France, t’as des petits gauchistes frustrés qui chialent parce qu’on met des sapins de Noël alors qu’on est dans un pays laïque, ici, t’as des mecs en qamis qui achètent du "halouf" avec du foie gras et qui consomment du bon vin chaud ! », s’est ainsi étonné un jeune influenceur français, en visite aux Émirats arabes unis.
Noël dans un pays musulman sunnite pic.twitter.com/QFHNs700j5
— JP Fanguin (@jpzer5) December 18, 2025
Au même moment, on a vu fleurir sur les réseaux sociaux des vidéos de jeunes influenceurs musulmans en balade sur les marchés de Noël en France.
Une certaine Maëva Ghennam, notamment, s’étonnait de ne pas trouver de vin chaud sans alcool ni de charcuterie sans porc.
« On a trouvé le stand de la raclette, j’espère qu’il n’y pas de "halouf" ! », s’inquiétait-elle, avant de demander au vendeur : « Est-ce que vous avez quelque chose sans cochon ?
» Heureusement, certains étals sont parfaitement charia-compatibles.
Au marché de Noël de La Défense, par exemple, une internaute a pu déguster une délicieuse tartiflette halal, ainsi que des beignets fourrés au El Mordjene, la pâte à tartiner préférée des Algériens.
Au grand marché de Noël des Tuileries, à Paris, un autre influenceur s’est procuré un sandwich au poulet halal.
« Bismillah ! », s’exclame-t-il, ravi, avant de croquer dans l’appétissant casse-croute inclusif…
Voici à quoi ressemblent les marchés de Noël de La Tuilerie, à Paris avec stand de SANDWICH RACLETTE POULET HALAL et ALIGOT HALAL. Dites adieu à nos valeurs et traditions… pic.twitter.com/oCbkvY4RpV
— Wolf (@PsyGuy007) November 28, 2025
La volonté d’effacer Noël en France tranche aussi avec l’ambiance festive qui existe parfois dans certains pays maghrébins.
Un internaute s’est ainsi filmé dans une grande surface, au Maroc, surpris d’y rencontrer un luxe de décorations qu’on s’attendrait davantage à voir dans un pays occidental.
« Je trouve ça fou, quand je vois toutes les polémiques autour de Noël.
D’ailleurs, en France, on n’appelle plus ça Noël, mais "les fêtes de fin d’année"… Ben, ici, tout le monde s’en fout. […]
Dans les magasins, il y a de grosses boules de Noël. »
Ce français est dans une grande surface marocaine, on y vend des sapins de Noël, des déco de Noël... Le roi du Maroc n'empêche pas de fêter Noël au Maroc!
"quand je vois toutes les polémiques en France sur les fêtes de Noël, enfin qu'on appelle fête de fin d'année, avec certains… pic.twitter.com/3QdsyitaDZ— fred le gaulois Uniondesdroites (@FredGaulois) December 24, 2025
Est-il encore permis de prononcer les mots « Joyeux Noël », en France ?
On peut parfois en douter.
Le 19 décembre dernier, Air France souhaitait « de très belles fêtes de fin d’année » à ses clients.
De son côté, la compagnie Emirates Airlines écrivait « Joyeux Noël » en toutes lettres sur la même plate-forme X…
Emmanuel Macron semble lui aussi redouter l’emploi de certains termes à connotation religieuse.
Après avoir carrément zappé la grande fête chrétienne en 2019, il a attendu le début d’après-midi de ce 25 décembre 2025 pour enfin souhaiter un laconique « Joyeux Noël » à ses compatriotes.
À titre de comparaison, le président chrétien du Liban – pays à majorité musulmane – n’a pas tant de pudeur et célèbre chaque année la Nativité avec quelques heures d’avance. « Meilleurs vœux à tous les Libanais et un joyeux Noël », a également exprimé le chef du gouvernement libanais, Nawaf Salam, lui-même de confession sunnite.
Pour une fois, nos « élites » seraient bien inspirées de prendre exemple sur leurs homologues musulmans. Le reniement de notre héritage culturel est une voie sans issue. Comme l’a déclaré Giorgia Meloni, posant devant une crèche ce 24 décembre, « une nation qui connaît ses racines est une nation qui n'a pas peur de l'avenir ».
À méditer.
[POINT DE VUE]
C’est fait : Alger criminalise la colonisation.
Service minimum de Paris

Le Parlement algérien vient de voter le 24 décembre, à l’unanimité, une loi qui criminalise la colonisation française.
Cette proposition de loi avait été déposée par plusieurs élus issus de différents partis politiques, histoire de montrer, probablement, que pour les choses essentielles, les politiciens algériens savaient faire taire les querelles.
Tous unis dans la haine de la France, les parlementaires ont donc voté un texte dont le libellé ne laisse guère de place à l’interprétation.
En 27 articles, la représentation nationale algérienne dénonce un certain nombre de « crimes coloniaux » qui vont du « meurtre avec préméditation » à la « torture généralisée » en passant par la « collaboration des harkis », la « déportation illégale de la population civile vers des régions arides » ou les « crimes de conversion forcée ».
Tout cela a pour but de permettre à l’Algérie d’employer « tous les moyens et mécanismes juridiques et judiciaires dans un cadre impliquant la reconnaissance et les excuses officielles de l’État français ».
« Réponse aux ennemis de l’Algérie et au monde entier »
Du côté des historiens du système, sur les deux rives de la Méditerranée, on se félicite de l’adoption de ce texte.
Mohamed Lahcene Zghidi, coordinateur avec l’historien français Benjamin Stora de la Commission pour l’histoire et la mémoire, est monté à la tribune de l’Assemblée nationale algérienne pour qualifier ce texte de « réponse parlementaire claire et forte adressée aux ennemis de l’Algérie et au monde entier ».
Au moins, c’est clair : on a bien compris, pour ceux qui avaient besoin de sous-titres, à quoi servait cette commission payée par nos impôts.
Ce n’est d’ailleurs que le premier temps de la manœuvre : en février 2026, le texte sera soumis à l’Union africaine, puisque le but, comme le confie une source diplomatique algérienne à nos confrères du Figaro, est de « créer un large consensus africain sur la criminalisation de la colonisation et l’imposer à l’ONU et aux autres instances internationales, notamment judiciaires ».
Côté français, on se roule en boule, dans une position fœtale qui ne diffère pas beaucoup de la position fécale.
Par exemple, pour Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, il s’agit d’« une initiative manifestement hostile, à la fois à la volonté de reprise du dialogue franco-algérien, et à un travail serein sur les enjeux mémoriels ».
Une telle clairvoyance laisse pantois.
On pourra, en revanche, saluer l’ironie de Bruno Retailleau qui déclare, sur X : « Quand la France renonce à une politique de fermeté avec l’Algérie, ça porte des fruits » - manière de reprendre les critiques qui lui avaient été faites au moment de la libération de Boualem Sansal, que sa fermeté aurait supposément fait retarder.
Que va-t-il se passer ? Rien...
Que va-t-il se passer ? Absolument rien, bien sûr.
Emmanuel Macron est en pleine récup' de sa séance de renforcement musculaire à Abou Dabi. Le lundi, c’est peut-être le jour de la séance de bras, mais le mercredi n’est apparemment pas consacré aux tripes.
L’Algérie va pouvoir continuer à s’essuyer tranquillement les pieds sur le drapeau français, le drapeau d’un pays qui lui a tout donné : des routes, des écoles, des hôpitaux et jusqu’à son nom…
Sur le fond, la « conversion forcée » vue par un pays où les conversions au christianisme sont réprimées, la « torture généralisée » de la part d’un pays construit par les tortionnaires du FLN, dont on ne détaillera pas ici les sévices immondes, le « meurtre avec préméditation » de la part des héritiers de la Toussaint rouge… tout cela relève de la farce.
On pourra, en revanche, noter avec tristesse la « haute trahison » des harkis, ces soldats fiers et braves qui avaient choisi la France et l’aimaient bien davantage que beaucoup de Français, et que nous avons laissé crever lamentablement.
De cela, et de cela seul, d’accord, nous devrions avoir honte.
Pour le reste, il est vraiment temps de remettre l’église au milieu du village… avant qu’il n’y ait plus, chez nous, ni églises ni villages, bien sûr.

Choc des générations : chez les cathos, aussi, les jeunes sont plus conservateurs

« Agenouillement, messe en latin… ces catholiques qui s’inquiètent d’un retour en arrière », titrait un article de La Croix, la semaine dernière, dans sa série « Être catholique en France en 2025 ».
Et c’est vrai !
Parce que si de nombreux jeunes cathos veulent s’agenouiller, communier sur la langue et ne craignent ni le rite tridentin ni de chanter en latin, c’est souvent au grand dam de la génération Vatican II : auprès de La Croix, un retraité témoigne qu'« un certain nombre de personnes nous ont fait ressentir que nous étions responsables de l’effondrement de la foi et qu’il fallait revenir à des choses plus morales et plus sérieuses ».
Leurs grands-parents ont vécu la révolution liturgique des années 60, leurs parents ont baigné dedans, et voilà que leurs petits-enfants, eux, se « tradicalisent » !
Quand le progrès est « réac »
Qu’il s’agisse de politique ou de religion, la jeunesse serait conservatrice : la Gen Z voterait en masse pour des partis classés à l’extrême droite, alertait Arte, affolée, et les jeunes cathos fréquenteraient plus que leurs aînés la messe en rite tridentin, s’affolait La Croix.
Les anciens progressistes seraient donc dépassés par les jeunes conservateurs : en 2025, le progrès est réactionnaire.
Pour Gonzague B., un jeune interrogé par BV qui a grandi dans une famille catholique mais loin de la mouvance tradi, « c’est vraiment générationnel, un besoin de repères : on le voit beaucoup chez les convertis, ou pas mal de ceux qui ont été baptisés en messe française se dirigent assez vite vers les messes tradi ».
Il explique à BV vouloir l’« assurance du respect de la liturgie et du sacré, l’assurance de ne pas finir énervé en pleine messe contre le sacristain, un enfant de chœur, la bonne du curé ou le curé lui-même, qui ne suivrait pas le prompteur et ferait son truc à sa sauce, l’assurance d’avoir des chants qui respectent la liturgie, et pas des chants pondus on ne sait trop où, où il faut beaucoup se concentrer pour espérer retrouver un mot effectivement présent dans le texte original.
L'avantage de la messe tradi, c'est qu'on est certain de ce que l'on va trouver, contrairement à certains messes Paul VI. »
C’est aussi ce qu’analyse La Croix dans son article « Messe "tradi" : un rite qui attire les jeunes catholiques ».
Le « premier argument avancé par les jeunes en faveur de la messe dite de saint Pie V : elle mettrait davantage en valeur le "sens du sacré" », explique le journaliste Matthieu Lasserre.
En 2023, il faisait déjà le constat que dans de nombreux diocèses français, « […] les 18-35 ans forment une large partie de l’assemblée, un bon tiers, sans compter les enfants ».
Auprès de Mediapart, Yann Raison du Cleuziou analyse une « fracture générationnelle ».
D’abord, explique-t-il, parce que ceux qui continuent de transmettre leur foi sont les plus conservateurs, ils ont aussi plus d'enfants, comme le constate La Croix, puisque « le taux de natalité des catholiques semble corrélé à l’intensité de leur pratique » et puis, enfin, précise Yann Raison du Cleuziou, parce que les jeunes générations de catholiques ont grandi dans une société où le catholicisme est minoritaire : les jeunes cathos, par réaction, veulent plus de rigueur, de règles, de prescriptions dans la pratique religieuse.
C'est ce qu'analysait Jérôme Fourquet pour La Vie en commentant une enquête réalisée par l'IFOP pour l’Observatoire français du catholicisme (OFC), en juin dernier : « [...] nous sommes passés d’un catholicisme de conformisme social et d’héritage, majoritaire, à un catholicisme qui est minoritaire dans la société française mais qui procède de plus en plus d’une affirmation et d’un choix ».
Une analyse qui tendrait à voir dans l'adhésion aux rites, à la liturgie, au sens du sacré une défense du catholicisme dans un contexte social plus hostile que celui des générations précédentes.
Querelle des jeunes anciens et des vieux modernes
Un tel engouement de la jeunesse est cependant loin de ravir les générations plus âgées : « Face au retour de certains rites chez une partie des jeunes catholiques, d’autres fidèles d’une autre génération observent avec inquiétude ce qu’ils considèrent constituer une dynamique de repli », explique ainsi La Croix, qui donne la parole à des retraités dont l'un d'eux témoigne avoir « vu des personnes de [s]a génération quitter l’église après un Notre Père récité en latin, en disant "trop, c’est trop" » […]
D’autres, poursuit-il, ne se rendent plus aux célébrations lorsqu’ils savent que la liturgie sera trop formelle.
S’il affirme ne pas être opposé à la messe en latin, il estime que ces tensions traduisent un problème de fond, lié en partie au profil des jeunes prêtres. » Interrogée par Mediapart, Christine Pedotti, directrice de la publication de Témoignage chrétien, explique en effet que ce choc des générations se retrouve aussi dans le clergé entre des jeunes prêtres conservateurs à la différence des évêques qui appartiennent à une génération plus âgée.
Elle analyse aussi que les paroisses rurales sont restées plutôt hermétiques à ce regain du conservatisme liturgique, peut-être parce qu'elles accueillent moins de jeunes ?
Une différence que constate aussi Gonzague B. auprès de BV : « Il y a un vrai sujet sur la province, en région parisienne, beaucoup de messes Paul VI sont très belles et très respectueuses.
En province, c’est plus lent à revenir, et cela demande plus d'effort d’aller à la messe là-bas, justement pour ces raisons. »
En tout cas, ces deux raisons pourraient expliquer les tensions entre certains paroissiens d'Albert, dans la Somme, et leur trois nouveaux prêtres, venus du diocèse de Fréjus-Toulon, qu’ils jugent trop raides : « Il y a ces prédications jugées trop rigides, rigoristes, où ils utilisent des termes très forts, trop souvent, un vocabulaire guerrier axé sur le "péché" et le "combat" », expliquent les paroissiens, interrogés par France 3.
Le tort de ces prêtres serait donc d’appliquer benoîtement la doctrine de l’Église, une application rigoureuse que plébiscitent de nombreux jeunes qui, note La Croix, recommencent notamment à se confesser.
Querelle des jeunes anciens et des vieux modernes ?
Choc des générations ?
Brassens avait pourtant prévenu ses contemporains : « À la fête liturgique/Plus de grand's pompes, soudain/Sans le latin, sans le latin/Plus de mystère magique/Le rite qui nous envoûte/S'avère alors anodin/Sans le latin, sans le latin/La messe nous emmerde. »
Et les jeunes cathos, qui n'ont pas grandi dans le confort d'une société où le catholicisme était majoritaire, sont bien décidés à défendre leur foi en s'attachant au sens du sacré garanti par une liturgie rigoureuse.






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