mercredi 5 novembre 2025

LA FRANCE DOIT CESSER DE JOUER LES PSYCHANALYSTES OU PÉDIATRES REPENTANTS ......

 REVUE DE PRESSE !

 

Quand le messianisme universaliste se retourne contre le peuple français

De la préférence nationale à la « préférence algérienne »


Quand le messianisme universaliste se retourne contre le peuple français
Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, Alger, 27 août 2022 © Jacques WITT/SIPA

La France entretient depuis l’indépendance de l’Algérie une relation exceptionnelle avec ce pays, marquée notamment par les accords de 1968 qui ont octroyé aux Algériens en France des avantages particuliers fondés sur une logique de réparation historique. 

En plus de heurter le principe d’égalité républicaine, cette approche expiatoire ne fait que nourrir nos tensions identitaires et politiques. 

La France doit cesser de jouer les psychanalystes ou pédiatres repentants et ce ridicule yoga moral !


Depuis plus d’un demi-siècle, la France vit sous l’empire d’un paradoxe. 

Elle proclame l’universalisme, mais elle a conservé avec l’Algérie un lien d’exception hérité de la colonisation. 

En 1968, six ans à peine après l’indépendance, les accords bilatéraux conclus entre Paris et Alger ont recréé un régime particulier : libre circulation, facilités de résidence, droits sociaux proches de ceux des nationaux. 

Sous couvert de coopération, la France institutionnalisait un privilège.

 

Émancipez-vous !

Ce régime n’était pas seulement administratif ; il était moral. Il disait : « La France vous doit quelque chose. »

 Cet héritage plonge ses racines dans la Troisième République et sa « mission de civilisation ». 

Convaincue d’apporter les Lumières à des peuples supposés inférieurs, la France rêvait d’émanciper l’humanité tout entière.

 Mais cet idéalisme s’est fracassé sur la réalité du rapport colonial. 

En Algérie, la promesse d’universalité s’est perdue dans la hiérarchie raciale, l’arrogance et la violence. 

Ce fut le grand désenchantement de la République coloniale.

De cette blessure est né un messianisme à rebours : ne pouvant plus « civiliser » ailleurs, la France s’est mise à s’expier elle-même. 

Au nom de la réparation, elle a transformé l’hospitalité en dette et l’égalité en exception. 

Le messianisme universaliste a remplacé la préférence nationale par une préférence diversitaire, puis par une préférence algérienne. 

L’État, pour se racheter, a bâti une série de régimes dérogatoires qui contredisent le principe d’égalité qu’il prétendait défendre.

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Le cas algérien illustre ce retournement. 

Jacques Soustelle, gouverneur général d’Algérie, rêvait d’une citoyenneté intégrale pour les musulmans sans qu’ils renoncent à leur statut personnel : une citoyenneté différenciée, déjà communautarisée.

 François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur, demeurait fidèle à l’Algérie française, tout en menant une politique de répression brutale. 

De ces ambiguïtés est né un héritage incohérent : une Algérie à la fois séparée et toujours présente, coupée politiquement mais soudée moralement à la métropole.

 

Unique au monde !

Les accords d’Évian de 1962 prévoyaient une coopération équilibrée.

 Mais dès 1968, leur esprit fut détourné : les ressortissants algériens obtinrent un statut unique parmi les étrangers, avec des avantages sociaux étendus et un droit de séjour facilité.

 Et il ne s’agit pas d’une simple parité entre ressortissants algériens et citoyens français : il s’agit d’une inégalité institutionnalisée. 

Ces accords, plusieurs fois amendés mais jamais remis en cause, ont créé un régime qui avantage les Algériens sans contrepartie équivalente pour les Français installés en Algérie. 

La réciprocité est inexistante : un Français vivant à Alger n’a accès à aucun des droits que perçoit un Algérien en France.

 Mieux encore, la France verse chaque année des prestations sociales et retraites à des bénéficiaires résidant en Algérie, parfois en lieu et place de l’État algérien qui refuse d’assurer sa part.

Ce système, unique au monde, n’est plus une coopération : c’est un transfert unilatéral de solidarité, fondé sur la culpabilité historique et prolongé par l’idéologie universaliste.

Dans la conscience française, l’Algérie est devenue le miroir de nos fautes. L’intelligentsia post-coloniale en a fait le centre de gravité moral du récit national. 

Le descendant du colonisé fut perçu avant tout comme une victime, et toute critique de cette mythologie devint suspecte.

Le débat public, paralysé par la peur de « stigmatiser », ne put plus nommer les faits ni les tensions culturelles. 

On en vint à penser que la France devait sans cesse se justifier d’exister.

C’est ainsi que s’est imposée une essentialisation morale : dans l’imaginaire d’une partie de la gauche culturelle, l’Algérien n’est plus un individu, mais une catégorie métaphysique — le « damné de la Terre » par excellence, éternelle victime de la colonisation et du racisme français.

 Cette figure victimaire est figée dans une lutte symbolique sans fin : la colonisation ayant cessé en 1962, on en rejoue pourtant indéfiniment le procès. 

Tout Algérien devient, par essence, en résistance contre la France, tandis que la France doit demeurer en expiation.

Dès lors, même lorsqu’un Algérien est impliqué dans le terrorisme, le trafic de drogue ou la criminalité, il ne peut, dans cette lecture idéologique, être considéré comme responsable : il n’est que le produit d’un système oppresseur. 

Cette inversion morale — où la faute est toujours française — empêche toute lucidité sur les causes réelles du désordre social et du séparatisme culturel. 

Ce désarmement moral a eu des effets politiques considérables.

 

Malaise

Les théories décoloniales, importées des campus anglo-saxons, ont trouvé un terreau idéal dans cette mémoire blessée. 

Elles ont redéfini les rapports sociaux en termes de revanche historique : l’« ancien colonisé » devenait l’étalon moral de la société. 

Tout conflit, toute inégalité, toute violence pouvait s’interpréter comme une revanche contre l’ancien maître.

Dans cette logique, la diversité n’est plus la variété des visages français : elle devient une hiérarchie morale.

 Celui qui vient d’ailleurs, et plus encore de l’ancienne Algérie coloniale, incarne le bien à réhabiliter ; le Français de souche, lui, devient suspect.

Les manifestations d’allégeance étrangère – drapeaux brandis lors des compétitions sportives, déchaînements de violence après les victoires de l’équipe algérienne, blocages d’axes routiers pour célébrer un mariage – traduisent moins une hostilité concertée qu’un malaise profond.

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Les supporters de l’équipe d’Algérie de football perturbent la circulation à Paris, juillet 2019. Auteurs : Bastien Louvet/SIPA

C’est la preuve que la relation entre mémoire et appartenance n’est pas apaisée.

On parle d’« échec de l’intégration » ; en réalité, c’est une hostilité non résolue qui s’exprime, nourrie par un demi-siècle de culpabilité française et d’instrumentalisation politique.

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À cette instrumentalisation mémorielle s’ajoute une instrumentalisation électorale. 

Une partie de la gauche française a fait du vote issu de l’immigration nord-africaine, et plus particulièrement algérienne, un réservoir électoral captif. 

Flatter cette mémoire blessée, entretenir le sentiment d’injustice ou la posture victimaire devient un calcul politique autant qu’un réflexe idéologique.

 La reconnaissance des fautes coloniales s’est muée en stratégie de fidélisation : au lieu de rassembler les citoyens sur un destin commun, on segmente l’électorat selon des appartenances mémorielles. 

La République s’efface alors derrière le clientélisme communautaire.

 

Les Français de souche auraient failli…

Ce renversement moral s’accompagne d’un renversement social.

Depuis des décennies, une partie des élites françaises s’est convaincue que le peuple d’origine, c’est-à-dire le peuple laborieux né de la paysannerie et de la classe ouvrière, avait failli. 

Les Français seraient devenus paresseux, assistés, incapables de supporter la peine et l’effort.

L’immigré, en revanche, serait le nouveau héros du travail : celui qui accepte ce que le Français refuserait, celui qui redonne sens à la sueur, à l’abnégation, à la « vraie vie ». 

Ce discours, à la fois paternaliste et méprisant, permet de justifier les déséquilibres sociaux comme les désordres identitaires.

Derrière la morale universaliste se cache un mépris de classe : la substitution du peuple par sa caricature morale.

 La crise identitaire que traverse la France aujourd’hui n’est pas une crise de l’altérité, mais une crise de la réciprocité. 

L’universalisme s’est perverti en dévotion à l’Autre. 

On a confondu ouverture et abdication, hospitalité et renoncement.

 Or l’universel n’exige pas l’effacement de soi. 

Il suppose au contraire une conscience claire de ce que l’on est, pour offrir à autrui un cadre stable et juste.

La France ne retrouvera son équilibre qu’en rompant avec cette logique expiatoire

. Elle doit traiter l’Algérie comme un partenaire adulte, non comme une mauvaise conscience.

 Et elle doit rappeler cette vérité simple : la solidarité commence par la justice envers ses propres citoyens.

 Ce n’est qu’à cette condition qu’elle redeviendra ce qu’elle prétend être : une patrie universelle, et non un champ de repentance sans fin.

 

Source et Publication :   

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