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Le délit de fuite de l’époux de Martine Aubry classé sans suite : un scandale d’État

L’affaire commence comme un fait divers banal et se transforme rapidement en symptôme institutionnel.
À Lille, une automobiliste est blessée à la suite d’un accident impliquant Jean-Louis Brochen, avocat, connu du public surtout comme l’époux de Martine Aubry.
Après le choc, l’homme quitte les lieux.
Il ne s’agit donc pas d’un simple accrochage matériel mais d’un accident avec blessure et d’un départ sans attendre les forces de l’ordre, ce que le droit qualifie normalement de délit de fuite.
Une plainte est déposée. Une enquête est ouverte.
Pendant trois mois, la victime attend.
Puis tombe la décision : classement sans suite.
La signature au bas de cette décision est celle de Carole Étienne, alors procureure de la République à Lille.
Le motif avancé par le parquet surprend immédiatement : l’existence d’un prétendu constat à l’amiable qui aurait réglé la situation
. Problème majeur : selon la victime, ce constat n’a jamais existé.
Elle affirme n’avoir rien signé, rien accepté, rien négocié.
Autrement dit, le fondement même du classement serait factuellement inexistant.
À partir de là, l’affaire change de nature.
Ce n’est plus seulement un accident classé sans poursuites, c’est une décision judiciaire reposant sur un élément matériel contesté, voire imaginaire.
Plus troublant encore, le dossier est ensuite transféré vers la mairie de Lille, comme si l’on cherchait à sortir le problème du champ judiciaire pour le faire glisser vers une gestion administrative et politique.
La municipalité dépêche alors un policier auprès de la victime pour lui proposer un accord à l’amiable.
Une démarche qui interroge à plusieurs niveaux : pourquoi une tentative de conciliation après un classement sans suite ?
Pourquoi passer par la mairie plutôt que par les voies civiles classiques ?
Et surtout, pourquoi proposer un arrangement à une victime qui conteste précisément l’existence d’un accord préalable ?
La victime refuse. Elle maintient sa position.
Il n’y a jamais eu de constat, jamais eu d’accord, jamais eu de réparation acceptée.
Ce qui frappe ensuite dans ce dossier, ce n’est pas seulement la décision finale, mais la chaîne de comportements administratifs qui l’entoure.
Dans un État de droit ordinaire, lorsqu’une plainte est déposée pour blessures involontaires aggravées par un départ des lieux, le parquet dispose de plusieurs options claires : poursuites, convocation, médiation pénale formalisée, ou classement motivé sur des éléments objectivables.
Ici, le parquet choisit la voie la plus radicale, celle qui ferme toute perspective judiciaire, tout en invoquant un élément matériel qui ne figure nulle part dans les mains de la victime.
Le fameux constat à l’amiable devient une sorte de talisman administratif : il justifie tout, mais personne ne peut le produire.
Ni copie, ni signature, ni date, ni contenu.
Or, un constat à l’amiable n’est pas une intention supposée, c’est un document précis, signé par les parties, engageant leur responsabilité civile.
Sans document, il n’existe pas juridiquement.
À partir de là, une autre anomalie surgit : le dessaisissement officieux du parquet au profit de la mairie.
Cette bascule est troublante.
Le parquet n’est pas censé déléguer la gestion d’un accident pénalement qualifiable à une autorité politique locale, encore moins lorsque cette autorité est dirigée par l’épouse de la personne impliquée dans l’accident.
Même en l’absence de preuve d’une instruction directe, l’enchevêtrement des rôles suffit à créer un soupçon légitime.
La décision judiciaire est close, mais la machine administrative continue de tourner, comme si l’on cherchait moins à rendre justice qu’à éteindre un problème politique latent.
L’envoi d’un policier pour proposer un accord à l’amiable après un classement sans suite achève de brouiller les lignes.
Cette démarche place la victime dans une position de faiblesse institutionnelle : la justice lui a tourné le dos, et l’administration lui suggère désormais de s’arranger.
Ce n’est plus une médiation encadrée, c’est une tentative de normalisation d’un fait que la procédure pénale a refusé d’examiner.
Le refus de la victime n’est pas un caprice, c’est un acte de résistance juridique.
En disant non, elle remet en cause la cohérence même de la décision du parquet.
À ce stade, il devient difficile de continuer à parler d’un simple dysfonctionnement administratif.
Ce qui apparaît, c’est une manière de gouverner les affaires sensibles, une façon de neutraliser un problème avant qu’il ne devienne politique ou médiatique.
Le classement sans suite n’est plus un acte juridique neutre, mais un outil de régulation.
Il ne sert pas à dire le droit, il sert à fermer une porte.
Et pour que cette porte reste fermée, on accepte de tordre la logique, d’invoquer un élément inexistant, puis de tenter de régulariser a posteriori ce qui ne peut plus l’être.
Dans l’ordre normal des choses, un accord entre parties précède une décision judiciaire. Ici, c’est l’inverse.
La décision tombe d’abord, puis l’administration tente de produire les conditions qui permettraient de la rendre crédible.
On ne cherche pas à établir la vérité, on cherche à faire coïncider la réalité avec la version officielle déjà actée.
La proposition d’un arrangement n’est plus une réparation, mais une injonction implicite à se conformer au récit institutionnel.
Ce fonctionnement révèle une pathologie plus large de l’État lorsqu’il se trouve confronté à ses propres réseaux.
Dans certains territoires, la séparation théorique entre justice, administration et politique devient poreuse.
Non par des ordres écrits, mais par des réflexes, des habitudes, une culture de l’entre-soi.
Chacun sait jusqu’où aller, chacun comprend ce qu’il vaut mieux éviter.
Le résultat est une justice d’ambiance, une justice qui ne choque jamais les équilibres établis, mais qui peut écraser sans bruit celles et ceux qui n’en font pas partie.
Ce type d’affaire laisse des traces durables.
Elle nourrit la conviction que la justice fonctionne à deux vitesses, rigoureuse pour les anonymes, étonnamment souple pour les proches du pouvoir.
Cette défiance ne naît pas de discours idéologiques, mais d’expériences concrètes où la loi cesse d’être un socle commun pour devenir une variable d’ajustement.
Lorsqu’un citoyen voit un dossier se refermer sur une fiction administrative, puis l’ensemble des institutions se relayer pour empêcher sa réouverture, il comprend que la procédure n’est plus un chemin vers la vérité, mais un outil de gestion du risque politique.
Ce qui est en jeu ici n’est pas seulement une responsabilité individuelle ou la décision d’une procureure.
C’est la crédibilité même de l’État de droit. Une justice qui accepte de s’appuyer sur des fictions pour éviter une audience affaiblit durablement sa légitimité.
Elle envoie un message clair : certains dossiers doivent disparaître, certains faits ne doivent pas être examinés publiquement.
Et tant que ce type de mécanisme restera couvert par le silence, tant qu’il sera traité comme un détail technique, il continuera d’alimenter une conviction de plus en plus répandue : celle que nos institutions ne sont plus là pour dire le droit, mais pour organiser l’oubli..
Par Jérôme Viguès https://ripostelaique.com/le-delit-de-fuite-de-lepoux-de-marine-aubry-classe-sans-suite-un-scandale-detat.html

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