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Arnaud Benedetti au JDD : Menace de censure ou l’effondrement d’un système et la chute d’un homme
Arnaud Benedetti a certainement raison de lier les deux paramètres de la situation chaotique présente : l’effondrement du système et la chute d’un homme hissé à son sommet pour le sauver, notamment par les puissances d’argent propriétaires des grands médias.
On pourrait d’ailleurs les associer tous deux aux effondrements qu’Arnaud Benedetti constate avec lucidité.
A-t-il pour autant raison de voir dans la démission d’Emmanuel Macron, si évidemment justifiée soit-elle, un authentique remède à la déliquescence du régime jadis fondé pour son propre usage par le général de Gaulle ?
Nous ne le croyons pas.
Outre que rien ne garantit qu’une élection présidentielle anticipée et les législatives qui suivraient rétabliraient la stabilité du pays, l’extrême gravité de sa situation ne nous paraît pas pouvoir être réglée en profondeur par une simple alternance, aussi bénéfique soit-elle ne serait-ce que pour un temps en tout cas trop bref à l’échelle des nécessités de ce moment de notre histoire.
Un changement de régime s’impose. En pratique, ce sont les circonstances qui pourraient s’en charger. JSF
Cette intéressante chronique a été publiée par le JDD hier 1er décembre dans les turbulences politiciennes et médiatiques agitées à la perspective rapprochée du renversement du gouvernement Barnier et de ses suites.
CHRONIQUE. Une censure du gouvernement Barnier sonnerait la fin politique du président de la République et confirmerait le déclin des forces mondialistes et technocratiques jusqu’alors dominantes, analyse Arnaud Benedetti*.
C’est la grande question du moment : que se passera-t-il si dans quelques heures ou quelques jours une motion de censure était adoptée, entraînant la chute du gouvernement ?
L’interrogation clive entre ceux qui y voient une plongée dans l’inconnu, bien réelle, et les autres qui y discernent la suite logique d’une crise ouverte par la dissolution, toute aussi indéniable.
La réalité est comptable vraisemblablement des deux constats : l’inconnu et la nécessité en quelque sorte.
Tout événement disposant de son irréductible exclusivité, celui-ci ne dérogera pas à la règle.
Il sera en tout point exceptionnel, y compris parce qu’il diffère de la seule motion adoptée sous la Ve République… en octobre 1962, qui avait de facto renforcé la légitimité présidentielle du Général de Gaulle, lequel avait reconduit son Premier ministre, Georges Pompidou, fait adopter par référendum en forçant la Constitution sa réforme constitutionnelle visant à faire élire au suffrage universel direct le chef de l’État, tout en procédant à une dissolution de l’Assemblée nationale qui permit aux gaullistes d’obtenir une majorité absolue dans l’hémicycle.
Ce moment fut d’autant plus fondateur, donnant in fine sa forme définitive aux institutions de la Ve qu’il était porté par un homme, De Gaulle, qui par son aura et son capital historique disposait dans l’opinion de l’époque d’un indiscutable niveau d’adhésion et de confiance.
Emmanuel Macron ne peut compter sur les ressources charismatiques du fondateur de la Ve République
À rebours de la censure de 1962 qui consolida le régime, une censure adoptée prochainement serait immanquablement perçue comme le signal explicite, la confirmation même d’une dégénérescence où de politique, la crise basculerait dans une dimension désormais institutionnelle.
Emmanuel Macron ne pouvant compter sur les ressources charismatiques du fondateur de la Ve République, pas plus que sur l’adhésion citoyenne dont son prédécesseur bénéficia en 1962, une censure aujourd’hui aurait un effet diamétralement inverse de celle qui voici 63 ans tonna dans les premières années de la Ve République.
Elle acterait une chute double : celle du gouvernement bien sûr mais plus encore, celle d’un homme, Emmanuel Macron, qui aura accéléré le processus d’autodestruction des partis de gouvernement ou de ce qu’il en reste.
Ce tournant s’inscrirait de facto dans le lent glissement d’une histoire politique marquée par l’indifférenciation des alternances, par leur acculturation à un même horizon globaliste, par leur déficit de compréhension de l’imaginaire des peuples au profit d’une vision exclusivement technocratique des affaires de l’État, tout compte fait par ce qui est perçu comme une forme de déconnexion du haut, quand ce n’est pas une impression de séparatisme, etc.
Ces facteurs lourds, générateurs de l’anomie politique dans laquelle le pays se débat, auront ainsi trouvé dans l’année politiquement convulsive qui s’achève le point saillant de leur cristallisation. Par ses décisions approximatives, Emmanuel Macron aura surtout rendu caducs en les abîmant les stabilisateurs institutionnels, comme s’il leur avait ôté par ses choix hasardeux (nomination d’un nouveau Premier ministre début 2024, dissolution, dérapage budgétaire) leur ultime efficience. Implacable, cette mécanique porte en germe le stade probablement ultime de la crise dans laquelle nous pourrions entrer.
Le Président de la République ne peut s’exonérer de son immense part de responsabilité dans le chaos qui se dessinerait
Toute la question consiste à savoir comment nous pourrions potentiellement éviter qu’elle emporte avec elle ce qui finalement a permis à la France depuis 75 ans de traverser nombre d’épreuves et de tenir, non sans difficulté, son rang sur la scène internationale.
Une lecture orthodoxe des institutions, c’est-à-dire celle qu’aurait pu en faire le Général de Gaulle, devrait en toute logique amener à remettre les compteurs politico-institutionnels à zéro.
D’aucuns déjà le disent et pas seulement dans les rangs éruptifs des Insoumis.
Le sujet est comme tabou mais il n’en demeure pas moins tout à fait légitime. Jean-François Copé, dont les positions ont toujours été compatibles avec le macronisme, l’a évoqué sans équivoque voici quelques jours.
Le président de la République, désavoué massivement deux fois en trois semaines en juin, ne peut s’exonérer de son immense part de responsabilité dans le chaos qui se dessinerait si jamais la France versait dans une ingouvernabilité durable et périlleuse au regard d’une situation budgétaire préoccupante et d’un contexte géopolitique qui l’est tout autant.
La question de son maintien devrait dès lors naturellement se poser, même si constitutionnellement, rien ne l’empêche de rester en poste jusqu’en 2027.
Pour autant, sans gouvernement, sans réponse pérenne à cette instabilité, les institutions risqueraient d’en être gravement affectées.
La seule solution pour en assurer la préservation serait sans doute, alors, de remettre à plat rapidement l’agenda électoral, le premier semestre 2025 le permettant.
Sauf à ce que Michel Barnier parvienne à dénouer le nœud gordien d’une donne aussi impossible qu’improbable et dont il n’est assurément pas responsable.
La verticalité de la Ve République associée aux initiatives présidentielles hasardeuses de ces derniers mois exigeraient alors que pour éviter une crise de régime, celui qui en garantit le fonctionnement tire les conséquences de ce contexte.
Une question d’intérêt général…
■Par ARNAUD BENEDETTI
Arnaud de Benedetti a raison hélas, nous arrivons au bout du rouleau d’un président totalement démonétisé et aussi d’un régime qui vacille sur ses fondations .
Marine le Pen a -t- elle raison de renverser la table humiliée par sa mise à l’écart programmée de l’élection présidentielle ? Veut-elle se venger. ?
Certes la pusillanimité du gouvernement Barnier est avérée, incapable de couper dans certaines dépenses, et pratiquant la fuite en avant dans l’impôt tout ayant peine à restaurer la sécurité dans notre pays malgré les efforts du Ministre Retailleau, et par ailleurs de s’affirmer sur la scène internationale .
Mais ne prend -elle pas le risque de donner les clés du gouvernement futur à un mouvement qui pratique la violence dans la rue et dans les institutions assez impunément ?
Et qui ne se privera pas alors de pratiquer une répression tous azimuts contre ses opposants, de l’intimidation de la rue, non sanctionnée, à l’intimidation par les lois ?
Le contexte est inflammable.
Nous avons le droit de nous poser de sérieuses questions ;