dimanche 1 décembre 2024

LA FIN DE L' ILLUSION FRANÇAISE EN AFRIQUE ! AFRIQUE ADIEU !!!



TRIBUNES LIBRES !

Christophe Boutin : les soldats français mis à la porte du Tchad et du Sénégal ?

 ‘On ne s’associe pas avec un faible ! 

La fin de l’illusion française en Afrique.

Un soldat français surveille l’entrée de la base aérienne projetée de N’Djamena (Tchad), en mai dernier. JORIS BOLOMEY / AFP

Publié sur sa page Facebook, avant-hier, 29 novembre. Se reporter le cas échéant au décryptage du Figaro : « Un coup de sang du gouvernement » : les soldats français mis à la porte par le Tchad et le Sénégal. 

La France se trouve, après huit années de présidence d’Emmanuel Macron, écartée de l’ensemble de la zone sahélienne : Mali, Burkina Faso, Niger, et maintenant Tchad et Sénégal.

On peut y voir de multiples raisons, évoquer les pressions russe, chinoise, états-uniennes, les erreurs de la diplomatie présidentielle et de ses sherpas immatures, mais il faut aussi prendre en compte l’effet d’une immigration à la fois tardive (médiane en 2011 – source INSEE Première n°2010, 2024), représentant maintenant 11 % des 3,5 millions d’immigrés nés en Afrique (idem).

Par ses modalités, elle a contribué à la prise en compte, par ces États africains qui croyaient à une certaine puissance française, de la faiblesse d’un pays incapable de faire respecter ses lois sur son propre sol.

Une bête loi naturelle est que l’on ne s’associe pas avec un faible.   ■  CHRISTOPHE BOUTIN

Christophe Boutin

Christophe Boutin est professeur de droit public à l’université de Caen. Derniers ouvrages : avec Olivier Dard et Frédéric Rouvillois, Dictionnaire du progressisme (Le Cerf, 2022) ; avec Frédéric Rouvillois, Le référendum, ou comment redonner le pouvoir au peuple (La Nouvelle librairie, 2023).

 

 ET AUSSI

RAPPEL !



OUT OF AFRICA ▬ 

Archives : Ce que Je Suis Français avait écrit il y a 2 ans (10 octobre 2022) qui s’est, hélas, vérifié depuis.

Les Lundis. 

Par Louis-Joseph Delanglade*.  

Quel gâchis ! En janvier 2013, la France intervenait au Mali dans une ambiance plutôt consensuelle. 

Moins de dix ans après, elle a été poussée dehors par le gouvernement de Bamako dont l’hostilité à notre pays trouve dans la région même un écho certain. 

Seraient-ils donc morts pour rien ces 58 militaires français tombés lors des opérations Serval et Barkhane ? 

Certes, notre corps expéditionnaire n’a pas éradiqué le terrorisme au Mali – mais était-ce seulement possible ? 

Il eût sans doute fallu une véritable implication d’un pouvoir local pourtant bien épaulé par notre engagement. 

L’épisode malien s’inscrit dans une succession de marques de la désaffection africaine.

 Parmi les plus récentes et les plus significatives,  l’adhésion au Commonwealth (juin 2022) du Togo et du Gabon (Cameroun et Rwanda en avaient fait autant respectivement en 1995 et 2009) et le projet d’une nouvelle monnaie, l’« eco », qui remplacerait, en 2027 et en Afrique de l’Ouest, un franc C.F.A. perçu à tort comme une « monnaie coloniale ».

Toutefois la petite musique anti-française dégénère désormais plus vite et plus souvent en violences, comme à Ouagadougou. 

On peut certes en imputer une partie de la responsabilité aux paramilitaires du groupe Wagner, des drapeaux russes ayant été brandis. 

En fait, les Russes, comme les Chinois et les Turcs – tous très actifs sur le continent – ne s’interdisent rien pour étendre leur influence et défendre leurs intérêts.

 Ils n’ont cure de nos pudeurs « démocratiques » face à une corruption endémique. 

Jusqu’à favoriser, c’est notamment le cas des Russes, une désinformation qui confine à la calomnie, comme le prouvent les accusations du gouvernement malien, accusations grotesques et mensongères, insupportable insulte à nos soldats morts au Mali pour protéger ce pays de la terreur islamiste.

 Force est donc de constater que cette propagande a des effets ravageurs sur les opinions et les autorités locales.

 

Notons ici que la France se dessert elle-même par le biais de médias audio-visuels qui relèvent de son propre service public et sont relayés par les médias locaux. 

Ainsi, regarder France 24 ou TV5 Monde, écouter R.F.I. (Radio France Internationale) c’est regarder ou écouter une information volontiers militante et « engagée » : notre pays y est souvent dénigré et critiqué. 

Paradoxe : ceux qui – à Paris même – accusent volontiers la France de pratiquer un paternalisme post-colonial sont les mêmes qui jugent l’Afrique à tout propos et la tancent à l’occasion, à l’aune de leurs propres « valeurs », lesquelles ne sont évidemment pas celles de ce continent.

Existe par ailleurs la vision d’un avenir mythique, d’une Afrique idéalisée, d’une Afrique en marche. 

Une Afrique dans laquelle, la gouvernance publique, fondée sur les valeurs universelles c’est-à-dire occidentales, permettrait un partage équitable des richesses nationales et l’existence de systèmes éducatif et de santé satisfaisants. 

C’est oublier la croissance démographique exponentielle qui sévit en Afrique : 100 millions d’habitants en 1900, 275 en 1950, 1,4 milliard en 2022 ; prévision onusienne : 2,5 milliards en 2050 et  4,5 en 2100 ! 

Voilà peut-être bien la cause essentielle d’une pauvreté qu’aucune croissance ne pourra endiguer de sitôt et avec laquelle il faut bien compter.

 

La France a certainement, pour les opinions publiques africaines, le défaut historique d’avoir été successivement colonialiste puis paternaliste.

 En fait, son vrai défaut – et sans doute aucun la principale cause de son effacement progressif en Afrique – est son comportement erratique : elle est capable d’envoyer un corps expéditionnaire efficace sur le terrain mais incapable de définir et assumer une nouvelle stratégie politique africaine. 

On ne sait plus où on va, on ne sait d’ailleurs même plus où on veut aller. 

Il suffit pour s’en persuader de reprendre les discours prononcés sur place par nos présidents successifs au 21ème siècle et ce qui s’est ensuivi : des paroles dans le désert et puis rien ou presque.

Le temps des colonies appartient à l’Histoire, la défunte Françafrique n’est déjà plus qu’un souvenir.

 Faute d’une politique africaine digne de ce nom (que ce soit par manque de volonté ou de moyens), viendra (vite) un moment où la France devra tirer un trait sur l’Afrique, c’est-à-dire accepter de ne s’y manifester que ponctuellement, dans le court terme, en fonction de ses seuls intérêts et à proportion de ses possibilités.

 

Elle pourra toujours se réfugier dans la nostalgie : « J’avais un empire en Afrique. »   


* Agrégé de Lettres Modernes.

 

© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.

https://www.jesuisfrancais.blog/2024/12/01

 

 


 

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