Au long cours, la politique migratoire du Royaume-Uni a connu un tournant majeur avec l'élection de Tony Blair en tant que Premier ministre en 1997. Au cours des 25 années ayant précédé son arrivée au pouvoir (entre 1973 et 1997), le solde migratoire cumulé au Royaume-Uni – c’est-à-dire la différence entre les entrées et les sorties du territoire – a été de 68 000 personnes environ ; au cours des 25 années qui l'ont suivie (entre 1997 et 2022), ce solde migratoire a été de quasiment 6 millions de personnes, soit près de 100 fois plus élevé que sur la période précédente.
Cette immigration a connu une accélération et un changement de nature sans précédent à compter de 2020, du fait de la politique migratoire très ouverte mise en œuvre après la sortie de l'Union européenne. Elle est alors essentiellement portée par des flux extra-européens (provenant d'Inde, du Pakistan, du Nigeria...) et ses proportions dépassent de loin ce qui existait précédemment : une immigration nette de 2,2 millions de personnes est arrivée au Royaume-Uni en trois ans seulement (entre 2022 et 2024).
De là naît un changement démographique majeur : 18% de la population de l'Angleterre et du Pays de Galles est aujourd'hui née à l'étranger (davantage qu'aux Etats-Unis), un phénomène plus marqué encore dans certaines agglomérations comme Londres, où près de la moitié de la population est née en dehors du Royaume-Uni.
Autre témoin de ce changement démographique, en 2023, 32% des naissances enregistrées en Angleterre et au Pays de Galles étaient issues d’une mère née à l’étranger. Ces chiffres sont comparables à ceux que connaît la France, ou 34% des naissances enregistrées en 2023 concernaient au moins un parent né à l'étranger.
Les externalités négatives de cette vague d'immigration sont nombreuses. La crise du logement est un sujet politique majeure outre-Manche ; il est évalué que le déficit de logements au Royaume-Uni est dû à 90% à l’immigration. La moitié des logements sociaux à Londres sont occupées par des personnes nées à l’étranger.
Parallèlement à cela, la surreprésentation des étrangers dans les données de la délinquance et de la criminalité, notamment dans les affaires d’atteintes sexuelles, a spécialement marqué l’opinion. Le nombre de ressortissants étrangers condamnés pour des infractions sexuelles a augmenté de 62 % entre 2021 et 2024.
Pourtant, les électeurs britanniques ont voté à 5 reprises pour un contrôle plus ferme de l'immigration : lors du Brexit, qui s'est largement décidé sur ce sujet ; et en donnant par quatre fois une majorité parlementaire au Parti conservateur, qui s'était engagé à réduire significativement les flux. |
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