Votre point d'information hebdomadaire sur l'immigration et la démographie
- « Islam et immigration en France : au-delà des slogans, quels sont les chiffres ? » | Un texte inédit de Nicolas Pouvreau-Monti dans la Revue des Deux Mondes
- Hausse de 28,8% des éloignements d'étrangers irréguliers au 1er semestre : des résultats à saluer ... mais à nuancer
- Données INSEE 2023 : il n'y a jamais eu autant d'immigrés et d'étrangers en France, en nombre comme en pourcentage
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« Islam et immigration en France : au-delà des slogans, quels sont les chiffres ? » | Un texte inédit de Nicolas Pouvreau-Monti dans la Revue des Deux Mondes
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Dans le numéro de septembre de la Revue des Deux Mondes, Nicolas Pouvreau-Monti (directeur
de l'OID) aborde le sujet complexe des interactions entre les flux
migratoires et les dynamiques démographiques de la religion musulmane
sur le sol français, dans un article inédit intitulé « Islam et immigration en France : les chiffres ».
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Comme le formule de manière limpide la démographe Michèle Tribalat : « en
France, la presque totalité des musulmans sont des immigrés ou des
enfants d'immigrés ; le développement de l'islam y est donc lié à
l'immigration ». En effet, 44% des immigrés
et 32% des descendants d’immigrés se déclaraient musulmans dans notre
pays en 2020 (contre à peine 1% des personnes sans ascendance migratoire
directe), selon l'enquête Trajectoires & Origines menée par l'INSEE et l'INED.
Le facteur migratoire joue donc un rôle déterminant dans la croissance
rapide de la présence de l'islam sur le territoire national, de trois façons différentes :
- L'accélération des flux entrants : les
analyses conduites par l'Observatoire de l'immigration et de la
démographie indiquent que les citoyens de pays à majorité musulmane ont
représenté 72% des bénéficiaires d'un premier titre de séjour en 2021 (parmi les 20 nationalités principales), tout comme 61% des primo-demandeurs d'asile reçus en 2022.
- La fécondité différenciée de plusieurs populations immigrées :
selon une étude publiée par l'INED en 2019, qui se fondait sur des
données de natalité pour l'année 2014, les femmes immigrées algériennes
en France avaient en moyenne 3,69 enfants par femme, soit le double des
femmes non-immigrées, tandis que les immigrées tunisiennes, marocaines
et turques avaient un indice de fécondité compris entre 3,12 et 3,5
enfants par femme.
- La plus forte transmission religieuse au sein des familles musulmanes : selon la dernière enquête INSEE-INED, 91% des personnes élevées dans des familles musulmanes continuent à revendiquer la religion de leurs parents, contre 67% chez les personnes élevées par des parents catholiques. De même, l'INSEE observe que « les
immigrés sont proportionnellement deux fois plus nombreux à s'affilier à
une religion que les personnes sans ascendance migratoire », en soulignant que « les immigrés venant de pays de tradition musulmane sont les plus inscrits dans la religion ».
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Au-delà de
ces effets « quantitatifs », l'accélération des flux migratoires tend à
importer sur le sol français les pratiques de l'islam à l’œuvre dans
les pays d'origine. Un exemple : la part des femmes musulmanes portant le voile islamique en France a augmenté de moitié entre 2009 et 2020 selon l'INSEE, et a jusqu'à doublé chez les immigrées subsahariennes musulmanes – résultat évident du phénomène d'islamisation rapide des sociétés sahéliennes.
Une étude du Pew Research Center (institut américain de référence en matière de démographie religieuse) estimait en 2017 que la France pourrait compter 13,2 millions de musulmans en 2050, soit 18% de sa population
(contre 10% en 2020 selon l'INSEE) en cas de poursuite d'une
immigration régulière nombreuse et de l'afflux des demandeurs d'asile –
scénario qui correspond aux réalités constatées à ce jour. Au cas où
l'immigration viendrait à être réduite à zéro jusqu'en 2050, Pew
Research évaluait que la population musulmane augmenterait néanmoins,
puisque la France compterait alors 8,6 millions de musulmans, soit 12,7%
de sa population totale.
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Cliquez pour lire l'article en intégralité dans la Revue des Deux Mondes :
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Hausse de 28,8% des éloignements d'étrangers au 1er semestre 2024 : des résultats à saluer ... mais à nuancer
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D’après une note des services du ministère de l’Intérieur consultée par Le Figaro, 10 613 étrangers ont été éloignés au cours du premier semestre de l'année 2024, soit une progression de 28,8% par rapport à la même période l'an dernier.
Parmi les cas individuels concernés, suite à l'entrée en vigueur de la loi du 26 janvier 2024 « pour contrôler l'immigration, améliorer l'intégration » et à sa levée de certaines protections contre l'expulsion de résidents étrangers, 1 483 mesures ont pu être prises contre des étrangers qui étaient jusqu'alors inéloignables – toujours selon Le Figaro.
Si cette dynamique apparaît positive au regard des aspirations
majoritaires de l'opinion sur l'éloignement des clandestins et
délinquants étrangers, il convient toutefois d'en relativiser la portée,
en rappelant d'abord que ce nombre d'éloignements marque un retour aux niveaux que connaissait la France il y a dix ans (environ 22 000 éloignements sur l'ensemble de l'année 2014). Jusqu'à présent, le
nombre annuel moyen des éloignements et des départs enregistrés
d'étrangers irréguliers était, entre 2017 et 2023, en recul de 18% par
rapport au quinquennat de François Hollande.
Par ailleurs, ces ordres de grandeur restent limités au regard des enjeux en cause : le ministre de l'Intérieur estimait que « notre pays compte entre 600 000 et 900 000 irréguliers » dans une interview au Figaro en fin d'année dernière, tandis que la Cour des comptes décomptait que « les préfets ont prononcé 447 257 obligations de quitter le territoire français entre 2019 et 2022 », dans son rapport publié en janvier 2024.
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Dans ce même rapport, la Cour des comptes souligne les lacunes de notre système en matière d'éloignement des étrangers
: une organisation insuffisamment optimisée des garde-frontières, des
services préfectoraux et des tribunaux administratifs surchargés, la
réticence des pays d'origine à délivrer un laissez-passer consulaires
pour leurs ressortissants, le « retard notable » de la France pour l'aide au retour volontaire par rapport à ses voisins européens.
Celle-ci pointe aussi indirectement le manque de places en CRA : « entre
2019 et 2022, 5 % des étrangers en situation irrégulière titulaires
d’une obligation de quitter le territoire français ont été placés dans
l’une des 1 717 places disponibles en CRA » ; or « près de la moitié des personnes placées en centre de rétention administrative ont été effectivement éloignées, ce qui rend la rétention indispensable à l’efficacité de l’éloignement forcé ». Ainsi, si le gouvernement a fixé comme objectif de doubler le nombre de
places en CRA d'ici 2027 pour les porter à 3 000, un tel plan risque de
s'avérer insuffisamment ambitieux face à l'ampleur du défi de
l'éloignement.
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Retrouvez notre synthèse du rapport de la Cour des Comptes sur le site de l'OID :
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Données INSEE 2023 : il n'y a jamais eu autant d'immigrés et d'étrangers en France, en nombre comme en pourcentage
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Selon les derniers chiffres de l'INSEE pour l'année 2023 rendus publics le jeudi 29 août, la France compte désormais 7,3 millions d’immigrés (soit 10,7% de sa population) et 5,6 millions d’étrangers
(soit 8,2% de sa population). Ces deux catégories ont donc augmenté de
300 000 personnes et leur part dans la population a progressé de 0,4
point chacune par rapport à l’an dernier. Ainsi, il n'y a jamais eu autant d'immigrés et d'étrangers en France, que ce soit en nombre ou en pourcentage de la population.
Il est à noter que ces deux catégories ne se superposent pas forcément, mais peuvent se recouper :
un immigré est une personne née étrangère à l’étranger (et qui peut
avoir acquis la nationalité française), tandis qu’un étranger est une
personne qui ne possède pas la nationalité française.
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Par
ailleurs, les dernières données de l’INSEE confirment d’autres
caractères spécifiques de l’immigration dans notre pays : celle-ci est
largement originaire du continent africain et plutôt motivée par des
considérations familiales.
L'Afrique est le premier continent d'origine des immigrés en France, puisque 48% des immigrés vivant dans notre pays en étaient issus en 2023. Dans le détail, selon l'INSEE : « six
immigrés nés en Afrique sur dix sont originaires du Maghreb (Algérie,
Maroc, Tunisie), contre neuf sur dix en 1968. Le nombre d'immigrés
originaires d'Afrique sahélienne, guinéenne ou centrale a doublé depuis
2006 ». Quant à l'OCDE, elle estime que 61% des immigrés de 15 à 64 ans vivant en France étaient originaires du continent africain en 2020, soit une part trois fois supérieure à la moyenne de l’UE.
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De même selon l'INSEE, 44,9% des immigrés arrivés en France après l’âge de 15 ans déclaraient en 2023 être venus pour accompagner ou rejoindre un membre de leur famille. De son
côté, l’OCDE évaluait à 41,6% la part des entrées d’immigrés permanents
effectuées au titre du motif « Famille », sur le total des entrées
entre 2005 et 2020, soit une part trois fois supérieure à celle constatée en Allemagne.
Afin d'analyser et de commenter ces nouveaux chiffres de l'INSEE,
Nicolas Pouvreau-Monti était invité de la matinale de CNews le vendredi
30 août.
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Cliquez pour retrouver l'extrait de l'intervention de Nicolas Pouvreau-Monti sur CNEWS
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Élus
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