TRIBUNES LIBRES !
Procédure de destitution de Macron, rampe de lancement pour le candidat Mélenchon ?
Billard à trois bandes
Hypothèse : voué à l'échec, le happening institutionnel de la destitution permet aux insoumis de parler de qui pourrait remplacer Emmanuel Macron, un certain Jean-Luc Mélenchon.
À quoi bon sonner clairons et trompettes pour une procédure dont il est certain qu’elle n’a aucune chance d’aboutir ?
Ce lundi 16 septembre, le groupe socialiste de l’Assemblée nationale s’est prononcé en faveur de la tenue d’un débat dans l’hémicycle sur la destitution du président de la République… tout en indiquant que les députés PS se prononceraient contre cette dernière, à l’inverse de La France insoumise.
Puisque la procédure lancée de LFI est vouée à l’échec, se pourrait-il que sa réussite ne soit pas l’objectif politique poursuivi ?
Formulons une hypothèse : en plus d’aiguillonner le chef de l’Etat, ce happening institutionnel permet aux insoumis de parler de qui pourrait remplacer Emmanuel Macron, un certain Jean-Luc Mélenchon.
« Cette procédure de destitution, c’est une manière pour Mélenchon de présidentialiser le débat, avance un proche de la direction du Parti socialiste. Plus les choses se font à l’Assemblée, plus il est marginalisé. Or là, il ne s’agit plus du Parlement, mais de l’Elysée, donc de lui et de son match avec Macron.
La destitution lui sert en fait à se poser comme le candidat unique de la gauche. »
Si les cadres insoumis observent un silence religieux quant à la portée réelle de la procédure engagée contre Emmanuel Macron, les sorties médiatiques récentes d’Eric Coquerel (président de la commission des finances) et de Manuel Bompard (coordinateur du mouvement insoumis) sont autant de cailloux semés vers la candidature de « JLM ».
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« Je souhaiterais qu’on ait un candidat unique du NFP, expliquait dimanche le député de Seine-Saint-Denis.
Je ne sais si vous l’avez écouté hier à la Fête de l’Humanité faire son discours, je trouve qu’aujourd’hui c’est encore celui qui a encore le plus de possibilités de remporter l’élection et qui a la meilleure vision de ce que devrait faire notre pays.
» « Dans l’hypothèse d’une destitution ou d’une démission du président de la République, il y aura un candidat pour porter le programme du NFP et je considère que Jean-Luc Mélenchon est la personne la mieux placée pour le faire », abonde ce mardi son collègue de Marseille.
« Là où il y a une petite faille dans leur plan, c’est que Mélenchon Premier ministre, ça correspondait à la réalité d’un rapport de force politique en 2022, qui n’est plus du tout le même en 2024 », observe encore l’entourage d’Olivier Faure, sceptique quant à la décision « peu lisible » du groupe PS.
« Mélenchon candidat unique de la gauche, ça n’a rien de mécanique, encore moins d’automatique », conclut notre source.
Palais d'hiver
L’idée que l'opération parlementaire anti-Macron puisse servir de tremplin à Jean-Luc Mélenchon laisse l’écologiste David Cormand interdit : la destitution, « c’est effectivement une vision très LFI de la ‘prise du Palais d’hiver’, mais je ne pense pas que cela renforce Jean-Luc », explique-t-il.
« L'argument est réversible : le fait qu'il n'y ait que les LFI qui disent cela est aussi révélateur... Et en creux, dire comme LFI que JLM serait la solution en cas de présidentielle anticipée implique que ce ne serait pas le cas si celle-ci avait lieu en 2027. »
Ou, au contraire, que ce qui vaut pour aujourd’hui vaudra également demain.
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Ratiocinations tactiques ? « L’intérêt de la chose pour Mélenchon c’est aussi d’avoir toujours un coup d’avance dans la radicalité populiste, d’être une avant-garde qui ne pourra jamais être dépassée sur sa gauche », souligne un élu socialiste.
Reste une interrogation : pourquoi le groupe PS n’a-t-il pas opposé une fin de non-recevoir aux insoumis ? « On a dit oui sur la procédure et non sur le fond, rappelle le député du Calvados Arthur Delaporte.
Autrement dit nous sommes pour le principe du débat au Parlement, c’est le lieu de la discussion, mais nous sommes contre la destitution. J’ai l’impression que certains commentateurs n’ont pas lu le communiqué. »
Lequel insiste en effet sur l’opposition des socialistes à cette procédure, contre laquelle ils se prononceront « unanimement ».
« Les socialistes sont entre le marteau Mélenchon et l’enclume Macron », soupire un cadre de la vieille maison.
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Par Louis Nadau
Sourcevet Publication : https://www.marianne.net/politique
ET AUSSI
Destitution d’Emmanuel Macron : c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?
![macron macron](https://media.bvoltaire.fr/file/Bvoltaire/2024/05/IL20240512130744-macron-929x522.png)
Pour jamais, sans doute, ou, tout du moins, pas pour demain.
Certes, ce 17 septembre, les Insoumis claironnent et fanfaronnent : le bureau de l’Assemblée nationale a voté à la majorité absolue (12 contre 10) la recevabilité de la procédure de destitution d’Emmanuel Macron.
Il fallait s’y attendre, compte tenu de la composition de ce bureau : 5 macronistes, 3 LR, 2 LIOT, 3 PS et apparentés, 3 écologistes, 2 PCF et apparentés, 4 LFI. Le NFP a donc fait son plein des voix ; les socialistes, plutôt tièdes à cette idée de destitution, ont finalement voté la recevabilité de la procédure, ce qui confirme, une nouvelle fois, que le « mâle dominant » dans cet attelage NFP est bien La France insoumise.
La procédure va devoir maintenant sauter la deuxième haie : celle du passage en commission des lois pour avis. Compte tenu du rapport de force dans cette instance, on imagine quel sera cet avis…
Sur les 73 membres, le NFP ne compte que 25 membres, dont 9 LFI, quand la Macronie aligne 21 membres, le RN 16, les ciottistes 2 et les LR 6.
Une fois que la commission des lois aura donné son avis, l’Assemblée, entre les 13e et 15e jours qui suivront, devra voter et, pour que la procédure de destitution suive son cours, c’est-à-dire soit transmise au Sénat, il faudrait que les députés la votent aux deux tiers.
Là aussi, compte tenu du rapport de force, l’affaire est pliée d’avance.
La Macronie, les LR, le RN et même la plupart des socialistes ne voteront pas cette destitution.
Alors, est-ce la peine de faire autant de vent ?
Du côté des Insoumis, d’abord. L’agitateur en chef des Insoumis, le sénateur émérite Mélenchon, s’est empressé de lancer, sur X, ce message : « Une grande nouvelle.
Le NFP valide la transmission à la commission des lois de la résolution en vue de la destitution du président de la République… »
Et Mathilde Panot, avec le sens de la mesure et du tempo qu’on lui connaît, d’en faire des caisses : « C’est un événement inédit dans l’histoire de la Ve République. Rendez-vous prochainement en commission des lois pour en débattre.
En attendant, ce samedi 21 septembre, nous marcherons pour réaffirmer que la royauté a été abolie… »
Cela dit, elle avait prévenu
. En juillet dernier, lors de l’élection du bureau de l’Assemblée qui avait vu l’éviction du Rassemblement national des instances de gouvernance de la chambre basse, malgré ses 123 députés, Mathilde Panot n’avait-elle pas déclaré : « Je vous assure que beaucoup de choses vont changer »
. Effectivement. Elle avait même ajouté : « Nous sommes prêts à gouverner le pays ».
Ça, a priori, pour cette-fois-ci, c’est mort…
On a bien compris qu’avec cette affaire de destitution du pois sauteur de l’Élysée, il s’agit pour l’extrême gauche de maintenir le débat politique sous extrême tension en espérant sans doute que la rue s’en mêle.
Pour autant, est-ce la peine de faire autant de vent, du côté de la Macronie ?
Ou, tout du moins, du côté de Gabriel Attal, patron des macronistes de stricte observance à l’Assemblée (groupe Ensemble pour la République).
« Cette motion et ce débat, c’est une déclaration de guerre à nos institutions », s’est empressé de déclarer l’ancien Premier ministre.
Comme si Emmanuel Macron était une institution ! Comme si sa personne était sacrée !
La Constitution prévoit cette procédure de destitution.
Si elle échoue, ce qui est plus que fort probable, les Insoumis auront perdu une bataille.
Point barre. Par cette déclaration, en fait, Gabriel Attal ne fait que remettre du charbon dans la chaudière de l’extrême gauche.
Et puis, entre nous, si l’esprit de l’institution « Assemblée nationale » avait été vraiment respecté, en juillet dernier, la composition du bureau de l’Assemblée nationale serait tout autre : le RN, notamment, y serait représenté à juste proportion.
Et probablement que cette procédure de destitution aurait terminé dans la corbeille à papier du bureau.
Faut pas venir se plaindre, maintenant…
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