Votre point d'information
sur l'immigration et la démographie
- Parution INSEE : flux records, origines géographiques, intégration heurtée dans l'emploi... Que disent les derniers chiffres sur l'immigration en France ? | L'analyse de l'OID
- Accord franco-algérien : l'OID
auditionné à l'Assemblée nationale par la mission d'évaluation
budgétaire de ce régime dérogatoire | Découvrez les chiffres à connaître
- Immigration et sécurité : « une partie de la violence qui s'exprime dans notre société est liée à l'immigration » (Édouard Philippe) | Que disent les données publiques ?
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Parution INSEE :
flux records, origines géographiques, intégration heurtée dans
l'emploi... Que disent les derniers chiffres sur l'immigration en France
? | L'analyse de l'OID
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Le 22 mai dernier, l'INSEE a diffusé une nouvelle série de données relatives à l'immigration en France entre 2006 et 2023. Que disent ces chiffres de la nature de ces flux, de leur intensité et de leur origine ?
Tout d'abord : le nombre annuel des entrées d'immigrés a augmenté de 48% entre 2006 et 2023, se portant de 234 000 à 347 000 (INSEE).
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Il est à noter que, depuis 2017, l'Afrique est devenue le premier continent d'origine des immigrés arrivant en France. Ainsi, le nombre annuel des nouveaux immigrés africains a plus que doublé entre 2006 et 2023, passant de 72 000 à 158 000 personnes par an, tandis que le nombre des nouveaux immigrés européens diminuait légèrement (INSEE).
La croissance de ces flux est essentiellement portée par les immigrés issus de l'Afrique sahélienne, guinéenne et centrale.
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Ces nouveaux flux viennent accentuer une spécificité française forte : la France accueille, de loin, l'immigration la plus africaine d'Europe. La part des immigrés africains dans la population immigrée y est trois fois supérieure à la moyenne de l'Union européenne (OCDE | Données 2020).
Ces changements se reflètent dans l'évolution du classement des 10 premiers pays d'origine des nouveaux immigrés arrivant en France. Entre 2006 et 2023, plusieurs pays européens (Royaume-Uni, Portugal, Allemagne) ont quitté le classement et plusieurs pays africains y ont fait leur entrée ou ont gagné des places (Côte d'Ivoire, Guinée...).
Par ailleurs, moins d'un immigré sur trois arrivé en France en 2023 occupait un emploi début 2024 (INSEE). Ce taux descend même à 1 sur 4 concernant les immigrés originaires d'un pays africain.
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Enfin, ces flux, qui suivent une nette tendance haussière, viennent consolider une réalité objective en stocks : il n'y a jamais eu autant d'immigrés (personnes nées étrangères à l'étranger) en France qu'aujourd'hui ; 7 282 000, soit plus de 10% de la population totale du pays (INSEE).
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Accord franco-algérien
: l'OID auditionné à l'Assemblée nationale par la mission d'évaluation
budgétaire de ce régime dérogatoire | Découvrez les chiffres à connaître
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L'Observatoire
de l'immigration et de la démographie a été auditionné à l'Assemblée
nationale, le jeudi 22 mai, par les députés Charles Rodwell et Mathieu
Lefèvre, dans le cadre de leur mission d'évaluation des implications budgétaires de l'accord franco-algérien du 27 décembre 1968. Dans ce cadre, nous avons eu l'occasion d'expliciter les multiples dispositifs dérogatoires au droit commun qui s'appliquent aux ressortissants algériens.
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Au 31 décembre 2024, les Algériens étaient la première nationalité bénéficiaire des titres de séjour en cours de validité en France, avec près de 650 000 titres en circulation (Ministère de l'intérieur). De fait, les immigrés originaires d'Algérie présents sur le sol français représentent environ 890 000 personnes (INSEE). Sur trois générations, la diaspora algérienne peut être estimée à 2,7 millions de personnes au minimum.
Non seulement la France compte-t-elle une importante proportion
d'Algériens parmi les immigrés et les étrangers résidant sur son
territoire, mais elle se trouve aussi être leur destination privilégiée. En effet, les deux tiers des nouveaux titres de séjour délivrés à des Algériens dans l'Union européenne sont accordés en France (Eurostat - données 2023).
Cette attractivité est liée, au moins partiellement, à l'application des accords franco-algériens (en particulier l'accord du 27 décembre 1968),
qui offrent un régime d'admission et de séjour dérogatoire au droit
commun, ainsi que des conditions de prise en charge sociale très
alignées sur celles des Français.
Parmi les mesures dérogatoires les plus marquantes liées aux migrations
familiales des Algériens vers la France, nous pouvons citer le fait
qu'ils :
- Puissent recevoir, de droit, un certificat de résidence après 10 années de présence, même irrégulière, en France ;
- N'aient pas à prouver qu'ils subviennent aux besoins de leur enfant pour obtenir un titre « parent d’enfant français » ;
- Aient des critères simplifiés pour accéder au regroupement familial
; une présence régulière de 12 mois au lieu de 18 et aucune majoration
des revenus nécessaires suivant la composition de la famille ;
- Puissent obtenir le regroupement familial pour des personnes en situation de Kafala (sorte d'adoption sans filiation décidée par un juge algérien). Ainsi, le juge algérien est en capacité de choisir les personnes admissibles au regroupement familial en France, sachant qu’il n’appartient pas à l’administration consulaire de contester le bien-fondé d’une décision de justice algérienne.
De l'ensemble de ces dispositifs, résulte une immigration particulièrement familiale et partiellement détachée du contrôle politique, concernant sa nature et sa quantité. L'analyse des données de la DGEF permet de constater que l’immigration familiale représente plus de la moitié (54,6%) des premiers titres délivrés à des ressortissants algériens en
2024, une part deux fois supérieure à la moyenne de toutes les
nationalités ; contre 9,4% pour les motifs économiques, soit près de
6 fois moins (Ministère de l'intérieur).
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Rappelons à ce titre que près de 40% des ressortissants algériens âgés de 15 ans et plus qui résident en France ne sont ni en emploi, ni en études, ni en retraite (INSEE - données 2021), un taux 3 fois plus élevé que les Français.
De la même manière, sous l'égide de la convention franco-algérienne de sécurité sociale du 1er octobre 1980, l'accès aux prestations sociales est amplement facilité par :
- Le fait que les Algériens soient dispensés de détenir depuis au moins 5 ans un titre de séjour permettant de travailler pour toucher le RSA ;
- N'aient pas à justifier de 10 ans de résidence sur le territoire national pour percevoir l'ASPA (minimum vieillesse).
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Les dispositions migratoires dérogatoires concernent également d'autres domaines, comme le commerce : un Algérien n'a pas à prouver la viabilité économique de son projet pour obtenir un titre de séjour « commerçant ».
L'ensemble de ces dispositions dérogatoires offertes aux Algériens occasionnent un contrôle très faible de leurs arrivées et de leur accès aux prestations sociales, ainsi qu'une immigration largement familiale
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Retrouvez l'étude de l'OID sur l'immigration des Algériens en France :
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Immigration et sécurité
: « une partie de la violence qui s'exprime dans notre société est liée
à l'immigration » (Édouard Philippe) | Que disent les données
publiques ?
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Alors que la question du lien existant entre insécurité et immigration
se pose régulièrement dans le débat public, l'ancien Premier ministre
Édouard Philippe, en meeting à Marseille le samedi 17 mai, a déclaré :
« Les Français enragent que l'on se refuse à nommer les choses : une partie de la violence qui s'exprime dans notre société est liée à l'immigration. »
Face à ce type de constats, une étude du CEPII (service
rattaché au Premier ministre) est fréquemment invoquée en
contradiction, comme elle l'a été face à Bruno Retailleau lors d'un
passage sur France 2
au mois de janvier. Or, si cette publication insiste sur plusieurs
facteurs tels que l'âge moyen ou le taux de pauvreté qui expliqueraient
en partie cette prévalence, elle admet néanmoins la surreprésentation des étrangers dans les statistiques sur la délinquance.
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Extrait de la note CEPII :
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Une fois
ces variables prises en compte, la surreprésentation de certains
immigrés et de leurs descendants au sein des statistiques de la
délinquance, bien qu'atténuée, demeure souvent (voir notamment les travaux de Hugues Lagrange, qui portent sur la « deuxième génération » d'origine immigrée).
Par ailleurs, les explications quant aux causes de cette surdélinquance
des immigrés ne concernent que peu les décisions politiques, qui se
doivent de gérer les conséquences de l'immigration réellement accueillie : en moyenne plus pauvre, plus jeune et moins diplômée que la société française.
À ce titre, il est important d'observer les données publiques (qui portent sur les étrangers et non les immigrés) ainsi que leur évolution dans le temps.
En 2024, toutes infractions confondues : les étrangers, soit 8,2% de la population, ont représenté 17% des mis en cause. Ils sont donc deux fois plus souvent mis en cause relativement à leur part dans la population.
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Par ailleurs, certains types de délits présentent des niveaux de surreprésentation bien plus importants encore. 30% des mis en cause pour vols violents sans arme, par exemple, étaient étrangers. D'autres catégories peuvent monter jusqu'à 39%, comme les vols dans les véhicules (SSMSI).
En revanche, il existe une importante disparité suivant les origines nationales des mis en cause. Ainsi, plus de 23% des mis en cause pour des vols violents sans arme étaient des ressortissants d'un pays africain (SSMSI). Cette catégorie ne représente pourtant que 3,66% de la population générale.
Relativement à leur part dans la population, les ressortissants de pays d'Afrique (dont Maghreb) sont 2 à 8 fois plus représentés parmi les mis en cause, selon les catégories d'infractions.
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Entre 2016 et 2024, la part des étrangers est passée de 6,3 à 8,2% de la population ; au même moment, leur part parmi les mis en cause pour vol violent sans arme est passée de 21 à 30% (SSMSI, séries 2016-2024).
De la même manière, certaines origines géographiques ont vu le nombre de leurs ressortissants mis en cause augmenter considérablement. Le nombre
des étrangers africains mis en cause pour tentative d'homicide a ainsi
augmenté de 110% sur la période ; de 123% pour violences sexuelles ; ou
encore de 175% pour trafic de stupéfiants (données SSMSI).
Le nombre de ressortissants algériens écroués en France confirme cette tendance : il a augmenté de 117% en dix ans. Les Algériens forment la principale nationalité parmi les étrangers écroués et sont plus nombreux, à eux seuls, que les étrangers écroués originaires de toute l'UE réunie.
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Élus
et responsables politiques, journalistes, décideurs économiques : vous
avez une question sur les sujets liés à l'immigration et à la
démographie ? N'hésitez pas à nous solliciter :
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