dimanche 12 octobre 2025

EMMANUEL MACRON : JE TROLLE DONC JE SUIS ! ( CAUSEUR )

REVUE DE PRESSE ET  RAPPEL !

Emmanuel Macron: Je trolle donc je suis

La France a un nouveau gouvernement !


Emmanuel Macron: Je trolle donc je suis
© Raphael Lafargue -pool/SIPA
Dernière minute : Reçu ce matin au Palais de l’Elysée, Sébastien Lecornu a remis sa démission au président Macron, qui l’a acceptée. Le grand cirque continue… •

Sébastien Lecornu a frappé fort hier soir avec l’annonce des 18 premiers membres de son gouvernement. 

Lui qu’on pensait incapable de peser face à Emmanuel Macron, quel démenti cinglant infligé à ses détracteurs, quel séisme ! 

Car la nouvelle équipe ne ressemble en rien à la précédente, et c’est à peine si l’on y reconnaît un visage…

Ah ! nous espérions un acte d’émancipation, nous avons été servis !

 Après tout, Emmanuel Macron nous avait annoncé qu’il allait révolutionner la politique ; il fallait donc s’attendre à ce que Sébastien Lecornu, l’un de ses plus fidèles disciples, révolutionne l’art de composer un gouvernement.

 

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé

Mais tout de même, se dit-on. Patrick Mignola, Marie Barsacq, Laurent Marcangeli, Eric Lombard, François Rebsamen : une telle hémorragie de talents, alors que la France, on le sait, est un patient affaibli, est-ce vraiment bien raisonnable ?

Aucun grand médecin, certes, n’ignore les vertus d’une saignée ; mais celle-ci, par son audace, passait décidément toutes les bornes connues.

Aussi ne pouvait-on s’empêcher de se demander, étreint d’un doute atroce, en ce dimanche finissant : Jupiter, notre infaillible Jupiter, n’était-il pas allé trop loin cette fois, en amputant l’État de cinq de ses piliers ?

 Et nous maudissions Ganymède, son nouveau Premier ministre, de l’avoir entraîné ainsi dans l’hybris et l’inconnu.

« Je vous ai compris »

De la grande telenovela voulue et réalisée par Emmanuel Macron depuis l’été 2024, l’épisode du 5 octobre demeurera comme un des sommets de la seconde saison. 

Car cette annonce du gouvernement, c’est l’équivalent jupitérien du « Je vous ai compris » gaullien, c’est-à-dire une manière très particulière de marquer sa compréhension de ce qu’on lui demande, mais qui, en l’occurrence, ne s’embarrasse plus d’aucune ambiguïté (car Jupiter l’intrépide, lui, ne craint pas qu’on « vienne le chercher »). 

Mon seul regret, dans cette belle trouvaille, c’est donc que nos deux scénaristes n’aient pas osé aller au bout de leur idée, en conservant toute l’équipe précédente et en nommant simplement Bayrou aux Armées, pour parachever leur troll.

La dream team toujours là

Mais je boude mon plaisir, car la fine équipe qu’ont commencé à réunir Jupiter et Ganymède, nos deux orfèvres politiques, s’annonce déjà comme une farandole de pépites.

Il serait évidemment trop long de les passer toutes en revue ; aussi, rassurons-nous en disant qu’à l’exception de nos cinq disparus de Saint-Agil, le cœur battant de la brillante phalange gouvernementale dont nous disposions est toujours là.

 En particulier, la superbe batterie constituée par ces sortes de ministres-tofu – Catherine Vautrin, Agnès Pannier-Runacher, Roland Lescure, Amélie de Montchalin, etc. – dont on a l’impression qu’ils pourraient rester en place 1000 ans sans laisser une quelconque trace de leur passage, est parfaitement préservée. 

Ensuite, si nous nous attardons plus particulièrement sur quelques joyaux, les nations du monde entier, en tout premier lieu, nous ont remercié pour la reconduction de l’indispensable Jean-Noël Barrot à la tête de notre diplomatie.

 Avec cet excellent paillasson hypoallergénique, toujours disposé à servir, nos partenaires diplomatiques sont en effet assurés d’avoir leurs semelles propres en permanence, et ont donc été ravis de pouvoir conserver cet article de télé-achat, notamment en Algérie, où les semelles se salissent notoirement très vite.

Nos confettis d’empire n’ont pas non plus été oubliés et Manuel Valls a été confirmé, pour son plus grand bonheur, dans ses anciennes responsabilités ; il n’aura donc pas à s’expatrier dans un nouveau pays pour y essayer à toute force de récupérer un maroquin quelconque. 

La loi établie avec Ségolène Royal pour les pôles se confirme ainsi avec lui pour l’outre-mer : plus un territoire s’éloigne de la métropole, et plus il faut convoquer les forces vives de la nation pour y représenter dignement le gouvernement.

La Culture, quant à elle, aurait évidemment été orpheline sans cet autre superbe exemple de 4×4 idéologique qu’est Rachida Dati, jamais à court d’un reniement si cela peut lui sécuriser un débouché. 

Quand on pense que même Nicolas Sarkozy, avec son immense bagage littéraire, n’avait pas osé la nommer à ce poste, on mesure combien Malraux serait surclassé…

Le rappel de Cincinnatus

Mais c’est surtout le rappel de Bruno Le Maire aux affaires qui traduit la conscience aiguë que Bouvard et Pécuchet (Macron et Lecornu) ont désormais de l’impasse politique dans laquelle nous nous trouvons.

La République romaine, comme on sait, avait instauré dans ses premières années d’existence une magistrature extraordinaire, pour faire face aux situations de péril ou d’urgence extrêmes qu’elle pouvait traverser : la dictature. 

Alors, pendant une période limitée, un individu, généralement choisi parmi les anciens consuls, se voyait confier un pouvoir absolu, le temps de résoudre la crise.

Bruno Le Maire est le nouvel avatar de cette dictature romaine ; plus exactement, le lointain successeur, à travers les âges, du grand Cincinnatus, que les envoyés du Sénat vinrent arracher à sa charrue, en 458 avant notre ère, pour sauver Rome des Èques, tâche qu’il accomplit en seulement seize jours, avant de rendre le pouvoir aussi sec pour retourner labourer ses terres au-delà du Tibre. 

Malheureusement, Bruno Le Maire ne disposera pas des pleins pouvoirs – sans quoi nous serions sauvés  –, mais il pourra compter sur ses talents multiples, d’autant qu’il n’est pas le seul à être rappelé des limbes par Jupiter et Ganymède.

 Son come-back s’accompagne en effet de celui d’un autre grand revenant, Éric Woerth, tout juste relaxé, étonnamment nommé à l’aménagement du territoire quand son expertise financière eut été bien utile aux Comptes publics. 

Espérons que cette anomalie sera vite régularisée, car notre talentueux gouvernement pourrait devoir se révéler plus expéditif encore dans sa mission que l’excellent Cincinnatus.

Les fourberies de Scapin

La seule incompréhension qui persiste ainsi chez moi, à l’heure tardive où j’écris ces lignes, naît du rempilage du brave Bruno Retailleau à l’Intérieur.

 Rempilage à propos duquel il faut bien reproduire l’interrogation médusée de Géronte, dans ces délicieuses fourberies de Scapin auxquelles j’ai eu le plaisir d’assister la semaine dernière, à la Comédie française, avec un Noam Morgensztern génial dans le rôle éponyme : « mais que diable allait-il faire dans cette galère ? »

 

Source et Publication :   https://www.causeur.fr/emmanuel-macron-



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