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JDD, Régis Le Sommier •
Relations internationales : les échecs à répétition du président Macron

Par Régis Le Sommier.
« Volontairement ou pas, Emmanuel ne comprend jamais rien », conclut Donald Trump »

Ce remarquable journaliste, homme de terrain et de réflexion, grand reporter qui ne hante pas que les plateaux TV mais surtout toutes les zones à haut risque, toutes les zones en guerre ou en conflit de la planète, sait toujours de quoi il parle et le dit en termes clairs, le synthétise de façon simple et exacte.
Cet article, de la veine que nous venons de tenter de décrire est paru hier (1.07) dans le JDD.
En matière internationale, le bilan du chef de l’État est plombé par des louvoiements, des incohérences et un ego souvent problématique.

« Le 18 février 2022, alors que s’annonce l’invasion de l’Ukraine, c’est un Poutine fort peu reconnaissant qui reçoit Macron au bout d’une table dont la longueur dit l’abîme qui s’est creusé entre les deux pays.»
Tout commence le 29 mai 2017, sous les auspices du Roi-Soleil.
Alors que rien ne l’y oblige, c’est à Versailles qu’Emmanuel Macron décide ce jour-là de recevoir Vladimir Poutine.
Il vient à peine d’être élu.
Moins d’un an auparavant, François Hollande avait signifié au même Poutine qu’il n’était pas le bienvenu en France.
Les Russes venaient de mettre leur veto à l’arrêt des bombardements à Alep.
Qu’importe, Macron veut tout changer. On sait ce qu’il en est ressorti. Quasiment rien.
Le 18 février 2022, alors que s’annonce l’invasion de l’Ukraine, c’est un Poutine fort peu reconnaissant qui reçoit Macron au bout d’une table dont la longueur dit l’abîme qui s’est creusé entre les deux pays.
Le président français ne désarme pas.
Il multiplie les coups de fil avec le Kremlin.
L’Élysée diffuse un clip vidéo pour sa campagne électorale où l’on entend la voix de Poutine.
Les Russes sont furieux. C’est la rupture.
Emmanuel Macron se place alors à l’avant-garde des partisans d’une aide appuyée à l’Ukraine, quitte à y envoyer des troupes, une mesure que même un pays résolument antirusse comme la Pologne n’envisage pas.
Burkina Faso
En 2017 toujours, Emmanuel Macron se rend à Ouagadougou.
« Quelque part, vous me parlez comme si j’étais toujours une puissance coloniale, dit-il aux étudiants.
Mais moi, je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les universités au Burkina Faso ! C’est le travail du président. »
Les étudiants sont hilares.
Vexé, le président Roch Marc Christian Kaboré quitte la pièce.
« Du coup, il s’en va, fait Emmanuel Macron qui semble surpris. Reste là ! »
Et il ajoute, croyant détendre l’atmosphère : « Il est parti réparer la climatisation »…
L’incident, inutile, laissera plus de traces que le gouvernement français l’imagine.
Liban
En 2020, deux mois après la double explosion du port de Beyrouth, le président français se rend cette fois au Liban.
Il tient les partis libanais pour responsables des maux du pays, promet que les coupables seront châtiés, que l’aide internationale arrivera.
Encore aujourd’hui, rien de tout cela ne s’est produit.
Cameroun Les bourdes diplomatiques s’accumulent.
Au sommet de Montpellier sur l’Afrique, en octobre 2021, la France met à l’honneur les sociétés civiles et les diasporas, en excluant les leaders des pays concernés.
Une faute de débutant quand on connaît le respect des hiérarchies des sociétés africaines.
On peut citer aussi plus tard le projet de visite au Cameroun de Jean-Marc Berthon, ambassadeur pour les droits des personnes LGBT.
Visite annulée car les autorités de ce pays, où l’homosexualité est criminalisée, ne veulent pas entendre parler de ces questions…
Niger
Il reste le Niger. Édifice fragile, mais personne ne semble s’en rendre compte…
Lorsque la nouvelle du putsch parvient à Paris, le 31 juillet 2023, les autorités françaises condamnent aussitôt.
La France risque de perdre une source d’approvisionnement en uranium et surtout la base aérienne autour de laquelle, depuis nos replis du Mali et du Burkina, s’articulent nos missions de lutte contre le djihadisme au Sahel.
Le 31 août, les militaires au pouvoir au Niger décrètent que notre ambassadeur, Sylvain Itté, « ne jouit plus de privilèges et immunités attachés à son statut de membre du personnel diplomatique de l’ambassade de France ».
Les choses empirent à la suite d’une allocution d’Emmanuel Macron dans laquelle il dit : « Je pense que notre politique est la bonne.
Elle repose sur le courage du président Bazoum [qui a été renversé et est séquestré], sur l’engagement de notre ambassadeur sur le terrain qui reste malgré les pressions, malgré toutes les déclarations d’autorités illégitimes. »
L’ambassadeur assiégé, presque prisonnier dans son ambassade, finit par partir.
En Afrique de l’Ouest, le recul se poursuit et les Russes sont à l’affût.
En 2016, la fin de l’opération « Sangaris » en RCA avait ouvert les portes du pays à la milice Wagner.
Depuis, elle a proposé ses services au Mali, au Burkina, au Soudan et à la Libye.
Après le Niger, c’est le Tchad qui réclame notre départ à la suite d’une visite du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
Même exigence au Sénégal, flambeau de la francophonie, où des politiques entendent que l’on retire les noms des personnalités françaises des rues de Dakar.
« Je crois qu’on a oublié de nous dire merci. Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps, dira le président français.
L’ingratitude, je suis bien placé pour le savoir, c’est une maladie non transmissible à l’homme », ajoute-t-il.
Comme dans tout ce qu’il accomplit, ce n’est jamais lui qui a tort.
Sur l’Algérie, il tarde à réagir alors que l’écrivain Boualem Sansal est arrêté.
La France apparaît comme faible alors que, lorsque Rima Hassan est arrêtée par les Israéliens devant Gaza, Paris exige aussitôt sa libération.
Deux poids, deux mesures…
De revirement en revirement, la position française devient illisible
Gaza
Gaza justement. La confusion domine lorsqu’on se remémore la position diplomatique française sur le conflit au départ.
Emmanuel Macron avait proposé de réaffecter les moyens déployés dans la lutte contre Daech contre, cette fois, le Hamas.
Brutalement ensuite, le président français a des mots très durs vis-à-vis d’Israël.
De revirement en revirement, la position française, qui au départ se veut médiatrice, dans la tradition gaullo-mitterrandienne, devient illisible.
Macron s’attire les foudres des deux partis, jusqu’à proposer de reconnaître l’État palestinien, pour ajourner le sommet où il devait le faire à la suite de l’attaque contre l’Iran.
À noter que, sur ce sujet, il lui arrive d’avoir des éclairs de lucidité, comme lorsqu’il rappelle que bombarder un pays depuis les airs n’a jamais conduit à sa libération.
Iran
Entre-temps, il est devenu la cible favorite de Donald Trump : « Le président Emmanuel Macron, de France, pour se faire de la publicité, a dit par erreur que j’avais quitté le sommet du G7 au Canada pour retourner à Washington pour travailler à un “cessez-le-feu” entre Israël et l’Iran.
Faux ! » tempête-t-il sur son réseau Truth Social.
« Volontairement ou pas, Emmanuel ne comprend jamais rien », conclut-il…
Donald Trump va d’échec en échec notamment dans ses projets de paix.
Ne pouvant pas systématiquement envoyer promener qui bon lui semble, il se rabat souvent sur le président français, pas toujours de façon justifiée.
Mais c’est comme si, avec Macron, Trump savait qu’il n’y aura aucune conséquence…
En matière internationale, le bilan du chef de l’État est plombé par des louvoiements, des incohérences, et un égo souvent problématique… ■
Par RÉGIS LE SOMMIER https://www.jesuisfrancais.blog/2025/07/02/jdd
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La Nouvelle Revue Universelle : la NRU n°77 est parue

Par Henri .
« Nous traversons une heure si trouble que beaucoup de contemporains ont fin par se familiariser avec l’idée d’un retour partiel au chaos. On ne les étonne plus beaucoup en élevant des doutes sur le point de savoir si la terre assistera au lever du jour de demain »… Charles Maurras » L’avenir de l’ordre » Revue universelle n°1
SOMMAIRE
* FIÉVREUSE PLANÈTE
– Gilles Varange : Survivre
* DÉMOCRATIES ILLIBÉRALES : MYTHES ET RÉALITÉS
– Chantal Delsol : Les origines des démocraties illibérales
– Dominique Decherf : « Les Dictateurs » de Bainville… continue jusqu’à Donald Trump
– Aristide Leucate : Mystification démocratique
– Christophe Boutin : Ne pas se tromper d’État de droit
– François Schwerer : Un libéralisme illibéral ?
– Nicolas Kessler : Préface à 2 textes de Thierry Maulnier
* RAISONS ET DÉRAISONS :
– Frédéric Rouvillois : Sous les lumières de Charles Maurras (entretien avec Paul-Marie Couteaux)
* RÉTROSPECTIVES ET PERSPECTIVES
– Guillaume Bernard : La triple dépossession du corps du roi
* CHRONIQUES ET LECTURES :
– « Le mystère ou l’absurde ? » du Frère Luc Artur, par Danièle Masson
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