vendredi 13 décembre 2024
PÉLÉRINAGE : LE " SURTOURISME " MET EN DANGER LES CHEMINS DE COMPOSTELLE ..........
ARTE REGARD !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, haut lieu de pèlerinage et de spiritualité, attire chaque année des milliers de voyageurs.
Parmi eux, beaucoup empruntent le célèbre Camino francés, dernier tronçon du parcours qui conduit à Santiago de Compostela, en Galice.
Pourtant, cet afflux massif pose de sérieux défis, à la fois pour les pèlerins et pour les habitants des localités traversées.
Aisha Ross, une jeune Canadienne de 21 ans, incarne l’attrait universel de ce chemin.
En trois semaines, elle a parcouru plus de 600 kilomètres et noué des liens avec d’autres pèlerins.
Mais son expérience change radicalement après avoir atteint Sarria, point de départ le plus fréquenté, où les pèlerins affluent en masse.
Ce village est stratégique : il permet de parcourir les 100 derniers kilomètres nécessaires pour obtenir la célèbre compostela, certificat délivré aux marcheurs.
Pour Aisha, la spiritualité qu’elle espérait trouver se heurte à une sensation oppressante.
La foule dense et bruyante, rendant le chemin difficilement praticable, lui offre une expérience bien loin de l’introspection qu’elle recherchait.
À Santiago, la situation atteint un point critique.
Les pèlerins, souvent animés par un sentiment de fête une fois arrivés au bout de leur périple, traversent bruyamment les rues historiques de la ville.
Les chants et les instruments de musique, bien qu’expressifs de leur joie, perturbent profondément le quotidien des habitants.
Beatriz Asorey, résidente du centre historique, exprime son exaspération : « Ces touristes bruyants passent devant ma porte en pleine nuit et me réveillent. »
Face à ces nuisances, la municipalité a pris des mesures. Une campagne de sensibilisation a été lancée, et des médiateurs parcourent les rues pour éduquer les pèlerins et mesurer les niveaux sonores.
Objectif : rétablir le calme et le respect entre touristes et locaux.
À Villafranca del Bierzo, loin de l’agitation de Santiago, l’auberge Ave Fenix incarne encore l’essence originelle du pèlerinage.
Cet établissement, géré par Jesús Jato, hospitalier de 84 ans, reste fidèle à une tradition d’accueil sans distinction de moyens. Héritant des paroles de sa grand-mère — « offrir un gîte à un pèlerin, c’est comme offrir un gîte à Dieu » — Jato continue d’héberger tous les voyageurs, qu’ils soient fortunés ou non.
Ave Fenix est devenue une enclave rare, épargnée par la marchandisation croissante qui envahit de nombreux hébergements sur le Camino.
Mais combien de temps ces lieux préservés pourront-ils résister à la pression du surtourisme et à la commercialisation de l’expérience pèlerine ?
Le chemin de Compostelle est à un tournant.
D’un côté, il reste une quête de sens pour de nombreux marcheurs.
De l’autre, il subit les dérives d’un tourisme de masse qui altère l’expérience et aggrave les tensions locales. Pour préserver l’essence spirituelle et historique de ce parcours unique, un équilibre doit être trouvé entre l’accueil des pèlerins et le respect des habitants.
VIDÉO : https://www.youtube.com/watch?v=I9wmsvKbpqk
À Santiago comme sur le reste du chemin, la question reste ouverte : comment concilier tradition et modernité sans sacrifier l’âme de ce pèlerinage millénaire ?
Illustration : Pixabay (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2024 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire